Les points chauds du Conseil Municipal de Tours

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Ce n’est pas peu dire que le Conseil Municipal de Tours qui s’est tenu hier, s’est déroulé dans une ambiance tendue. Retour sur les points chauds qui ont animé les débats.

Avant-Conseil et premiers agacements

C’est en effet peu dire que le ton n’était pas à l’apaisement ce lundi soir dans la salle du Conseil Municipal. Avant même que le Conseil ne commence, les premiers échanges vifs se sont déroulés près de la table de presse entre le maire Serge Babary et le conseil municipal d’opposition PC Pierre Texier. La raison ? La volonté de ce dernier de porter à l’assemblée municipale un soutien symbolique des élus au journaliste français Olivier Bertrand incarcéré en Turquie et plus largement dénoncer les dérives du président turc Erdogan. « Alors que notre ville accueille les assises de journalisme ce serait un geste fort ». Fin de non recevoir du maire de Tours : « Si vous ne comprenez pas que ce sujet n’a pas sa place ici je n’y suis pour rien » rétorqua-t-il à l’élu communiste. Et ce n’est pas la tentative de Pierre Texier, un peu plus tard pendant le Conseil de faire revenir le sujet sur la table qui changera les choses.  «  je refuse votre question. Je n’ai pas accepté qu’elle entre par la porte, elle ne passera pas par la fenêtre. » coupa net Serge Babary. Finalement, c’est symboliquement que les élus de l’opposition PC, PS et EELV arboreront un autocollant « Stop Erdogan » sur leurs vêtements.

Comme lors de précédents Conseils Municipaux, Serge Babary refuse ainsi de laisser entrer des sujets nationaux et internationaux dans l’assemblée municipale. Plusieurs exemples depuis deux ans et demi en attestent comme le refus de laisser s’exprimer les groupes politiques sur les attentats (alors récents) de novembre 2015 ou plus récemment le refus de la majorité de prendre part au vote sur la question de la charte anti-migrants proposée par le FN.

La Charte anti-migrants agite le début du Conseil Municipal

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Cette même charte anti-migrants revint malgré tout dans les débats dès les premières minutes du Conseil Municipal quand par la voix de Monique Maupuis puis d’Emmanuel Denis l’opposition de gauche signala à Serge Babary, son refus d’approuver le compte rendu du précédent Conseil Municipal au prétexte que les résultats du vote sur la proposition de charte anti-migrants du FN, ne sont pas correctement indiqués. « Depuis 2014, il nous a été signalé que nos décisions de ne pas prendre part au vote seraient notées comme des abstentions, ce qui a toujours été appliqué. Comment se fait-il que le « ne prend pas part au vote » unanime de la majorité municipale sur ce sujet apparaît comme tel sur le compte-rendu ? Nous ne pouvons que constater que la majorité ne s’applique pas à elle-même les règles imposées aux autres » déclara l’élue socialiste, sans un certain agacement du maire de Tours.

Un agacement qui allait être continu puisque dès la délibération suivante portant sur la désignation d’un représentant de la ville (Jérôme Tebaldi) au sein de l’association Viva El Cinéma porteuse du festival éponyme, c’est une tentative de faire entrer dans les débats les dernières informations sur la donation Cligman par Nicolas Gautreau que le Maire balaya rapidement : «  vous n’avez pas à dicter l’ordre du jour ». Une délibération d’apparence anodine mais pour laquelle l’opposition de gauche refusa de prendre part au vote en guise de mécontentement et de contestation. « Et bien ce sera noté comme abstention » leur répondit Serge Babary avec fermeté.

Et ce Conseil Municipal à l’ordre du jour en apparence modeste et sans point de crispation alla se révéler au contraire pendant 4 heures être le théâtre de joutes incessantes.

La cuisine centrale échauffe un peu plus les esprits

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Le dossier de la cuisine centrale allait faire atteindre la tension à son maximum, quand répondant à une question de Cécile Jonathan (PS) sur les 50 000 euros supplémentaires demandés pour l’étude (en plus des 50 000 euros déjà prévus), le maire de Tours en profita pour faire coup double en attaquant Emmanuel Denis et les écologistes au sujet de leur questionnaire auprès des parents d’élèves : « Notre méthode de travail est de faire un état des lieux précis sur la base d’études fiables. Il n’y a aucune raison pour l’instant de parler de co-construction ou de démocratie participative. Nous avons la responsabilité du projet et nous l’assumons. Cette responsabilité est tenue par les 42 élus de la liste Tours Ensemble et je n’accepte pas cette drôle de démocratie que vous voulez imposer. Je préfère partir sur des analyses et des études un peu plus sérieuses que le questionnaire qui a été fait » développa le maire de Tours non sans une pointe de moquerie envers le questionnaire distribué par les écologistes ces dernières semaines.

De quoi logiquement alimenter une réponse tout aussi cinglante d’Emmanuel Denis, personnellement visé par le maire : « Votre attitude est déplorable. Nous avons eu 750 réponses soit 15% des parents d’élèves de la ville, c’est représentatif. On verra si vous faites mieux avec la consultation en ligne sur le PLU » s’agaça l’élu vert avant de continuer : « vous passez à côté de notre démarche qui était de montrer l’intérêt des parents sur ce projet, de poser le débat sur des évolutions à venir. Passez aux méthodes de démocratie du XXIème siècle Monsieur Babary. »

Entre la vision du maire et de son équipe qui en tant que majorité estime devoir et pouvoir gérer ces dossiers sans l’opposition et cette dernière souhaitant y être plus associée notamment en commissions, ce sont en effet deux visions qui s’opposent. Malgré tout, Serge Babary a annoncé qu’il recevrait les élus EELV en compagnie de Barbara Darnet-Malaquin, son adjointe en charge du dossier, le 23 novembre prochain.

La donation Cligman fait réagir

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L’annonce dans nos colonnes et dans celles de nos confrères du refus de la commission nationale des secteurs sauvegardés de déclasser partiellement le site du musée des Beaux-Arts pour construire l’extension devant abriter la donation Cligman s’est logiquement invitée dans les débats. C’est le maire de Tours qui l’a amené lui-même en fin de séance, rappelant que les commissions locales et départementales avaient été favorables et confirmant que l’avis de la commission nationale « devrait être défavorable ». « Je n’ai pas encore reçu officiellement la réponse de la commission » précisa-t-il. Peu de doutes néanmoins sur celui-ci et le maire de Tours qui dit « regretter cette difficulté » en appelle désormais à la Ministre de la Culture, Audrey Azoulay : « Ce projet est porté par l’Etat, seule la Ministre prendra la décision » déclara le maire dans une sorte de discours déresponsabilisant sur ce dossier. Partant dans un court rappel des faits, il indiqua ainsi que c’est l’Etat qui dirige cette opération. Rappelons néanmoins ici, que selon La Tribune de Tours en date du 07 juillet dernier, Léon Cligman s’était tourné dans un premier temps auprès de la mairie de Tours mais que face au scepticisme de l’adjointe à la culture Christine Beuzelin, le riche industriel s’était alors tourné pour ce dossier vers ses réseaux parisiens, le conduisant jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.

Nadia Hamouni et Nicolas Gautreau qui avaient mis en garde sur cet avis en juin dernier ont rappelé de leurs côtés leurs positions en demandant au maire de Tours des solutions de repli. « Je ne m’engage pas dans un combat en pensant à me replier » rétorqua ce dernier, « j’y vais à fond en y croyant ». Quant à la donation, si l’extension ne pouvait se faire, rien n’est moins sûr sur le fait que le musée des Beaux-Arts pourrait la récupérer.

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