Campagne des élections européennes : un reflet du poids politique de la Touraine ?

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Il reste moins de 3 semaines avant les élections européennes. Prévues dimanche 9 juin, elles doivent déterminer le nom des 81 personnes qui représenteront la France au parlement européen jusqu’en 2029. Pas moins de 37 listes sont candidates pour ce scrutin qui est sans doute le plus difficile d’accès pour le grand public, et le moins mobilisateur. En plus de ça, la campagne tourangelle est assez timide.

Depuis 2019 la Touraine n’est plus représentée au parlement européen. La centriste Sophie Auconie et l’élue Les Républicains Angélique Delahaye n’ont pas prolongé leur bail à Bruxelles et Strasbourg. Et avant même le vote du 9 juin, on sait que cette situation a toutes les chances de se reproduire.

Au jeu de l’équilibre des territoires, la Touraine est citée dans plusieurs listes se lançant dans l’aventure… mais ses représentantes et représentants ne sont pas en position éligible. Par exemple, le professeur tourangeau Loïc Guilpain n’est qu’en 60e place sur la liste Renaissance menée par la Macroniste Valérie Hayer. Sachant que le groupe Renew actuel compte 23 Français, et que la liste pourrait faire un moins bon score qu’en 2019 d’après les sondages, on voit bien qu’il n’y a pas vraiment d’enjeu pour lui.

C’est pareil pour la communiste Sophie Hervé de Saint-Epain, en 42e position sur la liste du communiste Léon Deffontaines. Il pourrait envoyer des élus au parlement de l’Union Européenne s’il dépasse les 5% mais l’agent EDF est bien trop bas pour espérer un poste. Même chose pour Fabrice Boigard, responsable Indre-et-Loire du parti Les Républicains placé en 25e position sur la liste de François-Xavier Bellamy. Plutôt haut, mais trop bas quand on sait que les enquêtes d’opinion ne donnent que 6 à 8% des voix à LR (plus de 30% pour le Rassemblement National).

Tout cela nous amène à un constat : la Touraine n’a pas de tête d’affiche nationale qu’on pourrait envoyer croiser le fer à l’échelon continental. Présidente de la commission des affaires européennes de l’Assemblée Nationale de 2017 à 2022, la députée du Nord-Ouest Sabine Thillaye aurait pu en être mais l’élue MoDem est devenue tellement discrète et peu appréciée de la majorité que ça ne semble jamais avoir été en projet. Et dans les autres partis soit la bataille n’intéresse pas les poids lourds, soit les têtes d’affiche ligériennes n’ont pas été assez convaincantes pour être placées en haut de liste.

La Tourangelle la mieux placée avant ce scrutin serait Temanuata Girard, en 20e position de la liste de Raphaël Glucksmann, candidat Place Publique soutenu par le Parti Socialiste et donné 3e avec entre 13 et 14,5% des intentions de vote. Déjà élue du Conseil Régional, elle n’a que peu d’espoirs mais forme un bon relais local des idées de son candidat.

Et c’est là tout l’intérêt d’avoir des personnalités issues d’un maximum de territoires sur sa liste : faire exister ce scrutin dans le débat local, avec des articles dans la presse quotidienne régionale, des réunions publiques, des accueils de personnalités voire des meetings. Ainsi, le Parti Animaliste (avec Emilien Cousin-Hamelal) et La France Insoumise (avec Christelle Gobert) ont également investi des candidats de Touraine. Autant de voix qui pourront expliquer les enjeux ou mobiliser les militants.

A côté de ça, certains mouvements ont dépêché des personnalités en bord de Loire pour faire parler de leurs idées et tenter de convaincre. Et c’est intéressant d’analyser les stratégies des uns et des autres… Une seule tête de liste a fait le déplacement jusqu’à présent : Marie Toussaint (Les Ecologistes), venue à Tours mardi 14 mai. Plutôt logique dans une ville dirigée par un maire écologiste. La majorité présidentielle mise également beaucoup sur le territoire, envoyant des poids lourds comme les ministres Bruno Le Maire et Stanislas Guérini. Il faut dire qu’aux élections nationales, la Touraine est plutôt macroniste. En revanche, pas de signe de célébrités d’extrême droite dans un département où ses scores sont traditionnellement plus faibles que la moyenne.

Bref, les partis semblent chercher à chouchouter leur électorat dans des terres plutôt acquises à leur cause, plutôt que de tenter de recruter dans une campagne jugée mineure. Il faut dire que la technicité des enjeux et le fait que les résultats semblent jouer d’avance n’aident pas (l’extrême droite caracole en tête, on se demande seulement qui finira 2e entre Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann, et si Reconquête ou Les Républicains parviendront à passer la barre des 5% qui garantit des élus). En 2019, l’abstention avait dépassé les 47% en Indre-et-Loire et pourrait encore une fois atteindre des sommets.

Pas sûr que l’existence d’un député ou d’une députée européenne dans le département joue sensiblement sur ce chiffre. Cela pourrait néanmoins avoir un impact sur le fonctionnement des instances locales, ne serait-ce que pour accompagner les collectivités qui veulent obtenir des soutiens financiers de l’UE. Certes la région Centre-Val de Loire se félicite d’utiliser l’intégralité des crédits disponibles, mais ailleurs c’est souvent plus compliqué, et l’Europe est encore vu comme un gros machin technocratique difficile d’accès. Il faudra se contenter de cette situation inconfortable pendant 5 nouvelles années.

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