Apéro de la Mort à Tours, ou comment parler du deuil autour d’un verre

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Lundi 17 juin, la brasserie Le 16 Jean Jau de Tours accueillera l’association Happy End pour la 2e édition ligérienne de L’Apéro de la Mort. Ici, pas question de biture ou d’extravagances, seulement d’un jeu de mot pour attirer l’œil et inciter le public à aborder ouvertement les questions liées au deuil ou à la fin de vie. Briser les tabous, en somme.

Sarah Dumont est journaliste de métier. Elle sait donc l’importance d’un titre accrocheur pour faire venir le lectorat. Et depuis 2018, elle met son savoir-faire en avant pour pousser le sujet de la mort et du deuil dans les conversations publiques. « Il manque d’un espace d’information sur les thématiques » déplore la créatrice du média et de l’association Happy End qui s’efforce aujourd’hui de déployer des espaces de débats dans toute la France à l’aide de bénévoles et de sponsors (la soirée tourangelle est menée en partenariat avec une entreprise de pompes funèbres).

« Je ne comprends pas pourquoi on ne s’emparer pas davantage de ce sujet que l’on connait tous. L’idée c’est de libérer la parole sur un sujet tabou » explique Sarah Dumont qui s’est heurtée plusieurs fois au refus de responsables lorsqu’elle proposait des articles sur ce thème, sous prétexte que c’était « trop glauque, que ça plombe le lectorat ». Nous-mêmes, quand on a abordé ce type de sujet, on n’a pas fait des cartons d’audience. « Pourtant, on a eu à un moment 300 000 visiteurs uniques par mois sur Happy End » rétorque notre interlocutrice.

Sentant qu’il y avait un public désireux d’aller plus loin, Sarah Dumont a donc lancé un programme de rencontres dans la vie réelle en binôme avec une coach accompagnante spécialisée dans le deuil. Elle-même a suivi une formation de conseillère funéraire et, pour chaque rendez-vous de son association, il y a au moins une personne encadrante ayant une légitimité sur le sujet afin de savoir quoi dire.

« On a une communauté de gens intéressés par le sujet, notamment des personnes qui ont perdu un proche et qui ont besoin d’en parler » précise Sarah Dumont. « Vivre un deuil isole. L’entourage est là au début mais pas sur la durée et il y a une injonction à se relever vite, alors qu’un deuil dure longtemps, ce n’est pas un CDD. Avec nous, on vient trouver des oreilles attentives pour comprendre qu’on n’est pas anormaux, ni en dépression. Le deuil ne devient pathologique que quand il empêche de mener les activités quotidiennes comme travailler, que les pensées deviennent obsessionnelles. »

5 ans après leur lancement, les Apéros de la Mort se sont déjà tenus dans plus de 35 villes à raison d’un événement tous les deux mois environ. Ils accueillent des personnes de 20 à 80 ans… quasi-intégralement des femmes. « Elles ont peut-être plus de facilités à s’exprimer, et ont moins peur de se considérer comme mortelles » analyse la fondatrice d’Happy End pour expliquer cette particularité.

Sarah Dumont précise bien que ces rendez-vous sont avant tout des lieux d’écoute. Il ne s’agit pas d’un forum-débat sur la fin de vie alors qu’une loi a été présentée à l’Assemblée Nationale avant que la dissolution du 9 juin ne stoppe le travail parlementaire. « A Paris le 28 mai, une seule participante a abordé le sujet » nous dit Sarah Dumont. L’ambition est plutôt de laisser un espace de parole à des personnes qui ne l’ont pas forcément avec leurs proches, familles ou amis. « C’est compliqué de l’aborder avec ses parents, ou avec ses enfants. Il y a parfois des réactions négatives du genre ‘Tu me mets déjà dans la tombe’ » explique la responsable associative.

Un silence qui peut créer des angoisses. Les Apéros de la Mort permettent ainsi « de se rendre compte que nous ne sommes pas des cas isolés ». Pour participer à l’événement tourangeau, une inscription est recommandée sur le site d’Happy End, www.happyend.life.

Crédits photos : association Happy End

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