Marche des Fiertés à Tours : de la joie et des luttes

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Tours accueillait ce samedi 15 juin sa 18ème marche des fiertés. Si les mines sont aussi joyeuses que chaque année en apparence, de nombreuses personnes présentes ressentent cette marche comme particulièrement importante, dans le contexte de montée de l’extrême-droite. 

Le cortège, plus fourni que les années précédentes, ne s’est pas encore élancé depuis le château de Tours que les esprits s’échauffent place Jean Jaurès, où le collectif des Tours et des Lys (collectif identitaire d’ultra droite tourangeau) accompagné de ses 30 militants est venu donner son point de vue, aux cris de “la nature est avec nous” et “alerte LGBT, enfant en danger”.

Sur le trottoir d’en face, Camille, 24 ans, accompagnée de quelques autres passants, s’est arrêtée pour répondre à ce collectif qu’elle qualifie de fasciste. “Je n’allais même pas à la gay pride, mais faire mes courses. Je ne vais pas bouger d’ici tant qu’il ne seront pas partis”. Préoccupée, elle note : “Je trouve ces groupes plus vindicatifs depuis les élections européennes, je ne les avais jamais vus avant, il y a un retour en arrière inquiétant”.

Devant la banderole “Nos familles valent plus que leurs théories”, Alexandre, membre des Tours et des Lys, clame ses convictions, affirmant que “la gay pride n’a plus de sens à l’heure où la communauté gay est très présente dans la société. Avec un premier ministre gay, un mois des fiertés, la communauté gay n’est plus la minorité qu’elle dit être”. Il pointe notamment le remboursement par la sécurité sociale des transitions de genre, ce qu’il perçoit comme une preuve que la transidentité est une maladie. “C’est ce que l’on veut mettre en avant, c’est une maladie qu’il faut traiter”, affirme-t-il, en contradiction avec le consensus médical (voir wikipédia).

A quelques pas, Camille, 27 ans, en tenue de fête, attend un mariage devant la mairie avec une membre de sa famille, Cléophée. Elle détaille à Cléophée le discours de protagonistes présents qui répond simplement “On a le droit d’être amoureux”.

Alors que le cortège s’ébranle à quelques centaines de mètres de là, on y croise Violaine, 25 ans, assistante RH. Lesbienne, elle vient comme tous les ans défendre les droits LGBT et les droits des femmes. “On sent clairement une ambiance plus pesante depuis quelques jours. Et j’entends certains membres de ma famille dont le discours s’est désinhibé, encore plus intolérant qu’avant”.

Un constat que partage également Christine, 63 ans, qui vient soutenir la cause LGBT. “Je suis une femme, hétéro, tout ce qu’il y a de plus français moyen, et je suis pour la liberté de chacun, a le droit d’être comme on est”. Elle s’inquiète du discours de l’extrême droite : ”Ils partent gagnants avec les élections, donc ils donnent plus leurs opinions qu’avant. Il peuvent donner leur opinion, tant qu’elle ne vient pas gêner la mienne. On doit respecter le cadre républicain”.

Manon, régisseuse trans, avoue une certaine angoisse face à cette période sombre. “On sait très bien que les menaces de l’extrême droite ne sont pas des menaces en l’air, donc on fait attention. Par sécurité, j’ai fait un détour d’ailleurs pour éviter la place Jean Jaurès où ils manifestent”. Axel quant à lui, voit le verre à moitié plein : “J’ai l’impression de voir un sursaut, je vois avec plaisir les gens qui se fédèrent, les progressistes qui se réunissent”.

Nicolas Amico, secrétaire général adjoint du collectif LGBT de Touraine, résume la situation : “Cela reste un moment joyeux, mais on oublie pas que l’on est en lutte”. 

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