Législatives en Touraine : les mairies s’organisent en express

Facebook
Twitter
Email

En annonçant une dissolution de l’Assemblée Nationale dimanche 9 juin à 21h, Emmanuel Macron a obligé les communes à mettre au point rapidement un plan d’attaque pour organiser des élections législatives les dimanches 30 juin et 7 juillet, à une période bien remplie en événements, et comprenant le 1er week-end des vacances scolaires. Autrement dit, un joli casse-tête pour certaines municipalités. Passée le choc des premiers jours, les choses commencent à se mettre en place.

Samedi 29 et dimanche 30 juin, la ville de Saint-Avertin organise son grand événement annuel : le Festival des Horizons dans le parc du Château de Cangé. Le problème c’est que Cangé est aussi le lieu où la commune installe son plus grand bureau de vote, regroupant pas moins de 3 000 citoyennes et citoyens. Dès l’annonce de la date du premier tour des élections législatives, le télescopage a éclaté au grand jour. « Il n’y avait que deux solutions : annuler le festival ou déplacer le bureau » explique-t-on à la municipalité.

C’est l’option 2 qui a été choisie, avec un repli sur le gymnase des 11 Arpents situé pas très loin. Sauf qu’on ne modifie pas les règles comme ça : ce n’est possible qu’avec l’aval de la préfecture. « Nous avons un accord oral et on attend la confirmation écrite » nous précisent les services. Une fois qu’il aura été obtenu, la municipalité devra prévenir l’intégralité des votantes et votants par courrier, ou via ses réseaux sociaux. Un coût non négligeable pour les finances.  

Cet exemple illustre à lui seul le casse-tête généré par ce scrutin surprise. A Tours, on fait face à un autre écueil : un conseil municipal a été programmé le 1er juillet, en plein entre-deux-tours. Un décalage a été envisagé. Mais le principal souci c’est la pénurie d’assesseurs. Mercredi 12 juin, la municipalité a publié un communiqué pour annoncer la recherche urgente de 340 personnes pour les 30 juin et 7 juillet. Une mission colossale alors qu’elle a déjà eu du mal à boucler les plannings de ses 85 bureaux de vote lors des élections européennes.

Le problème existe ailleurs comme l’explique Cédric de Oliveira, le président de l’association des Maires d’Indre-et-Loire. Il nous indique que son antenne nationale a très vite alerté le gouvernement sur la problématique : « Il est de plus en plus difficile de trouver des assesseurs car les partis politiques n’en fournissent plus. Il y a aussi la préparation préalable aux élections qui est énorme en terme de logistique : là pour les Européennes on a eu des soucis de bulletins de vote, de panneaux avec 38 espaces à fournir, etc… »

Celui qui est également maire de Fondettes pointe par ailleurs le poids de ces élections sur les services, « là ils sont submergés par les demandes de procurations, dans les plus petites communes où les services sont minimes ce sont les élus qui assurent également la logistique. » Des procurations qu’il est conseillé de faire le plus tôt possible, donc éviter de s’en occuper le 28 juin pour le 30 sous peine qu’elles ne soient pas prises en compte.

Et puis il y a la problématique du jour J de l’élection et notamment la question de disponibilité des salles. Avec une annonce de dissolution pour des élections trois semaines après, en plein fin juin-début juillet, une période propice aux activités de fin d’année scolaire ou de loisirs. « On s’est rendus compte que beaucoup de salles étaient louées par exemple pour des anniversaires ou des mariages, on a parfois du appeler pour annuler les réservations » indique Cédric de Oliveira.

Et même si l’élu salue la réactivité de toutes les communes « qui se sont remobilisées dès lundi matin », il aurait été plus judicieux selon lui de laisser passer l’été, quitte à annoncer une dissolution et des nouvelles élections législatives en septembre. « Là on a aussi le souci des départs en vacances, notamment pour le 2e tour… »

Enfin dernier point que le représentant des maires d’Indre-et-Loire tient à mettre en avant, c’est le coût des élections pour les communes : « Il faut savoir que les collectivités supportent 80% de l’organisation. A titre d’exemple, un tour à Fondettes coûte 7 500 euros en frais d’organisation, mais l’Etat ne rembourse que 1 500 euros environ. »

A Joué-lès-Tours, la municipalité nous assure qu’elle s’est plutôt bien accommodée de tous ces obstacles. Les salles occupées ? « On a eu une seule demande de meeting pour l’instant, le 25 juin pour Renaissance salle Jacques Brel. Mais au besoin on peut mobiliser l’Espace Malraux où il n’y a pas beaucoup d’événements » nous explique-t-on. On a quand même évité de peu un carambolage entre un meeting et une réunion publique sur la 2e ligne de tram.

Concernant les bureaux, les 29 sites de vote jocondiens seront libres les dimanches concernés : « Dans certains cas on a même pu laisser les tables et les isoloirs sur place » souligne l’élue Sylviane Augis, adjointe au maire en charge de l’organisation du scrutin. Le quota d’assesseurs devrait également être rempli : « Chaque élu rappelle son listing, nous avons aussi de jeunes électeurs qui se proposent, ça se renouvelle bien et j’en suis contente. »

Une difficulté tout de même : le boom des demandes d’inscriptions sur les listes électorales. « Depuis lundi nous en avons reçu 500, et 185 sur la seule journée de jeudi » résume la directrice de la proximité de la ville, Solène Gibert-Fivigny. Un chiffre gigantesque pour une commune de 39 000 habitants. Sauf que l’actualisation des listes est close depuis dimanche 9 juin à 22h. « Nous avons des personnes qui se sont inscrites entre 21h et 22h. Elles pourront voter. Mais nous avons eu une inscription à 0h05, là, ce ne sera pas possible. » Il faudra donc, sans doute, gérer les déceptions de personnes se présentant dans les bureaux mais ne pouvant pas glisser de bulletin dans l’urne.

A noter enfin que Joué-lès-Tours a choisi de limiter l’accès aux isoloirs au créneau 8h-18h pour ces élections. Même si la ville a parfois repoussé le délai à 19h par le passé, le maire en a décidé autrement cette fois-ci, notamment pour ménager les agents qui vont multiplier les heures supplémentaires.

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter