On le voit depuis plusieurs années, la ville de Tours habille de plus en plus ses murs d’œuvres de street art. La dernière en date : les cinq fresques urbaines disposées aux quatre coins du quartier du Sanitas, résultats du premier budget participatif réalisé en 2022. Aujourd’hui, l’art urbain est même devenu un élément à part entière dans le tourisme tourangeau.
Pour celles et ceux qui auraient oublié leurs cours d’arts plastiques, le street-art ne se résume pas qu’à la peinture. La discipline regroupe différents moyens d’expression comme le pochoir ou encore le collage.
Si vous avez l’habitude de vous balader dans les rues de Tours, vous avez sûrement remarqué que celles-ci sont parfois agrémentées d’œuvres de street art plus ou moins discrètes. On peut par exemple retrouver une mosaïque de l’artiste Paf le Piaf au détour de la rue Georges Courteline ou encore les différents graffitis habillant l’enceinte des casernes de Beaumont. Si ces œuvres ont vu le jour par l’impulsion d’habitants ou d’artistes indépendants, la ville de Tours a aujourd’hui une réelle volonté de donner plus de place à l’art urbain.
Un art militant maintenant ancré dans les politiques culturelles
Auparavant désigné comme un art militant, le street art a évolué dans l’ombre au début des années 80-90. Ce n’est qu’à partir des années 2000-2010 que le mouvement a gagné l’image d’ une véritable discipline artistique aux yeux du grand public.
C’est à ce moment-là que les premiers projets ont été officiellement réalisés dans Tours pour redonner une seconde vie à de vieux mobilier urbain. On peut, par exemple, citer le projet éphémère réalisé par l’artiste franco-colombien Chanoir. Il agissait d’une fresque sur un mur de la Place Anatole France créée en 2016, en partenariat avec la ville de Tours et l’association MUR (Modulable Urbain et Réactif) . Les Tourangeaux ont pu profiter de l’œuvre pendant deux mois avant que le mur ne soit détruit.
Ce projet a été le point de départ d’une volonté de la mairie de Tours de promouvoir les formes d’art contemporaines dont le street art. Un an plus tôt, une autre proposition avait été faite pour le parking souterrain rue Gambetta, où plusieurs artistes ont été invités à y “égayer” les murs.
Ce type de collaboration entre des street artistes et la ville de Tours a, au fil des années, augmenté en nombre. A partir de 2020, à l’arrivée du maire Emmanuel Denis, le street art est entré au cœur de la culture tourangelle. En août 2022, la mairie a ainsi consacré deux espaces pour l’art urbain, à savoir l’îlot Vinci (près de la gare) et le passage du Pèlerin (au pied de la Tour Charlemagne).
Le premier est aujourd’hui habillé par deux fresques de 100 et 40 m2 réalisées respectivement par l’artiste lyonnais Brusk et le Tourangeau Drope.
Le second, lui, sert de “toile éphémère” pour les street artistes. Un projet porté, là aussi, par le MUR. Depuis 2022, tous les deux à trois mois, un artiste propose une œuvre à réaliser sur le pied de la Tour Charlemagne. Depuis ce samedi 16 novembre, c’est l’artiste américain Eddie Colla qui occupe les lieux avec son œuvre “coup de poing” en lien avec l’actualité aux Etats-Unis.
Autre épisode important de l’histoire du street-art dans la ville de Tours : la création de la Clinique du Street art, un lieu éphémère d’exposition consacrée exclusivement à l’art urbain. Elle fut gérée par un collectif d’acteurs tourangeaux autour des structures Kréa, Stadler Design Studio ou encore Bob Jeudy, fondateur du M.U.R. De juin 2023 à fin août 2024, l’ancienne clinique Saint-Gatien, située face à la cathédrale de Tours, a permis à trente-et-un artistes, chacun avec un style différent, de présenter leur talent. L’exposition, qui retrace 60 ans de street art en France, a été quasi unanimement saluée. Plus de 50 000 visiteurs ont poussé les portes de l’ancien bâtiment médical.
Un atout culturel et touristique
On peut le dire, le street art a désormais toute sa place dans la culture de Tours. Même dans le secteur du tourisme, le street art est désormais bien ancré. Sur le site de l’Office de Tourisme de Tours, on nous propose un “voyage urbain” qui nous invite à suivre un itinéraire pour découvrir une sélection d’œuvres dispersée sur toute la ville.
Pour preuve de l’attachement progressif des Tourangeaux pour cet art, le premier Budget Participatif, mis en place en 2022, a permis la réalisation de cinq grandes fresques au Sanitas. Inaugurées ce mercredi 20 novembre, c’est avec fierté que les street artistes du collectif Bluemonday ont présenté leurs œuvres dispersées sur cinq lieux très connus des 7 800 habitants du quartier.
Toute cette mise en lumière de l’art urbain enchante les artistes locaux qui peuvent désormais vivre de leur talent. C’est ce qu’explique Koye, l’un des porteurs du projet de fresques au Sanitas: “Il y a 10 ans que je ne pensais pas que ce serait un métier. Et aujourd’hui, on m’appelle pour pratiquer mon art. C’est bien, on voit que c’est rentré dans les moeurs maintenant.”