Ropoporose pose sa première pierre

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26 janvier 2015. Le voilà enfin cet «Elephant Love», premier album du jeune duo vendômois reniflé de très près par les dénicheurs de talents de tout poil, des Inrocks à Férarock en passant par Esprit Musique. Nous avons installé Pauline – la sœur – et Romain – le frère – dans notre canapé et ils nous ont parlé, entre autres, de ce passage symbolique et important pour tout groupe qu’est la sortie d’un premier album.

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Alors que la plupart des groupes passent par plusieurs E.P, Romain et Pauline ont choisi de sortir un album après seulement un EP. Un choix naturel à en croire Romain : « Au bout d’un an d’existence on avait dix morceaux en stock, on s’est simplement dit : pourquoi ne pas en faire un album ? ». Un choix ambitieux avec le risque de faire un pot-pourri de leurs titres, travers classique  du premier album pour des centaines de groupes… Mais quand les morceaux sont bons, où est le problème ? « On n’a pas travaillé en imaginant préalablement l’album, on a juste pris les morceaux qui pourraient aller ensemble en fait », poursuit Pauline. Une spontanéité à l’image de leur musique et de leur attitude en général.

Bien qu’«Elephant Love» soit un album autoproduit, enregistré dans un studio troglodyte à Thoré-la-Rochette, «sorte d’excroissance culturelle de Vendôme» selon Romain, il est en licence chez le label Yotanka : « Yotanka est arrivé alors que l’album était déjà en cours de production, nous explique Romain, ils ont souhaité apporter une aide humaine. Ils nous ont aidés à accélérer les choses en apportant leur expertise sur la production du disque ».

Et dans cet album alors on y retrouve quoi ?

« On a été assez exhaustifs au final, on n’en a pas laissé beaucoup de côté. Mais on a plein d’idées pour de futurs morceaux » raconte Romain qui semble autant satisfait du travail accompli que sa sœur qui précise : « Cet album est une finalité, on est content de l’avoir réalisé, c’était très enrichissant. On ne sait pas où on va par la suite, mais je le vois aussi comme une sorte de départ ».

Une occasion idéale vous est donnée de (re)découvrir le duo sur scène à Saint-Avertin dans le cadre de l’incontournable «Intime Festival» le samedi 7 janvier 2015. Une affiche de rêve, partagée avec le crooner suédois Jay Jay Johanson et les soyeux troubadours de Boys in Lilies.

Quant à l’album, il devrait être dispo chez Madison, le disquaire de la rue Colbert et il est déjà à la Fnac. Faites vite : le vinyle est tiré à 150 exemplaires et le CD à 350…

 «Elephant Love» track by track, commenté par Romain et Pauline.

  1. «Day of May»

 Pauline : Je ne me souviens de rien ! (rires)

Romain : C’est moi qui l’ai composé à la guitare.

Pauline : Je crois que le titre est inspiré de « Month of May» d’Arcade Fire, qu’on adore. C’est l’un des premiers «nouveaux morceaux» qu’on a composés, il y a deux ans à peu près.

Romain : On gérait assez mal le côté «percu» à l’époque, mais on voulait faire ça quand même. La première fois qu’on l’a joué, c’était lamentable. Je peux dire où c’est, mais je le dirai pas !

Pauline : Je trouvais ça logique d’ouvrir l’album avec ce morceau. Il commence doucement, mais il finit un peu «ardu». Ce côté évolutif annonce pas mal d’autres morceaux de l’album. Je trouvais qu’il était tout mignon pour ouvrir un album…

Romain : Oui et puis il s’appelle «Day of May» et notre premier concert a eu lieu un mois de mai…

Pauline : Pfff, n’importe quoi, je ne veux pas qu’on dise ça, hein ? Tu me caches des trucs. (rires)

  1. «Desire»

Romain : C’est un des premiers titres qu’on a composés. On l’a pas mal retravaillé depuis la version de l’EP de 2012, la trompette de Pierre Lambla apporte beaucoup au morceau. Il ressemble beaucoup à un morceau de Yan Tiersen, qu’on aime beaucoup. C’est un morceau assez orchestral, mais impossible à vraiment bien restituer à deux sur scène.

Pauline : Le morceau existe dès le départ pour être joué à deux, mais c’est vrai qu’on y a ajouté pas mal de choses en studio, donc ce sera toujours deux versions très différentes.

Romain : Cette version est une sorte d’instantané, fruit d’une collaboration spontanée avec Pierre, cela donne une autre dimension au morceau, mais sa version plus simple, à deux, nous paraît toujours intéressante.

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  1. «Moira»

Romain : C’est marrant, ce morceau n’a pas changé du tout. C’est l’un de nos premiers, on l’a joué aux Rockomotives en 2012. Nous on l’aime toujours comme ça. On voulait un morceau qui soit très brut, très incisif. A l’époque on écoutait beaucoup Peter Kernel et Sonic Youth, on avait envie que ça sonne comme ça, avec une ambivalence sur la voix, entre sage et sombre et une espèce d’éclat au refrain.

Pauline : C’est le morceau qui m’a valu le prestigieux surnom de «Kim Gordon de poche» !

  1. «Whu whu»

Pauline : L’origine du nom est obscure. C’était un titre provisoire de Romain et puis c’est resté.

Romain : C’est le morceau le plus long…

Pauline : …et le plus lent également.

Romain : C’est une ballade, quoi.

Ultra-skimming Touraine : On dirait du Galaxie 500.

Romain et Pauline : On nous parle souvent de groupes qu’on ne connaît pas. Il va falloir qu’on aille écouter ça.

Ultra-skimming Touraine : Vous l’avez construit comment ce morceau ?

Romain : C’est souvent la mélodie qui est au départ…

Pauline : Là je me souviens très bien, je venais d’apprendre à jouer un morceau de King Krule (qui s’appelait Zoo Kid à l’époque) et la guitare était désaccordée à peu près pareil. Cela a été la base de mon travail.

Romain : Lionel Laquerrière a apporté une très belle touche à ce morceau. Le fait qu’il a travaillé pour Tiersen se sent et ça nous plaît beaucoup, même si là encore, cette touche est absente de la version live.

 > Notre article sur le clip de WHU WHU

  1. «Empty-headed»

Romain : C’est notre titre le plus «radio». A une époque on ne voulait plus le jouer et il a bien failli ne pas être sur l’album, parce qu’il n’est pas vraiment représentatif de Ropoporose et parce qu’on s’en était un peu lassé. Mais finalement on l’a gardé parce qu’on l’aime bien, tout simplement.

Pauline : Il a fallu réapprendre à l’aimer. Il était peut-être un peu plat, on lui a donné un peu de volume, mais il n’a pas beaucoup évolué.

Ultra-skimming : On ne peut vraiment parler de «tube» pourtant, aucun de vos morceaux ne «dépasse» vraiment les autres sur cet album, ce qui est plutôt bien. Quand on pense à des morceaux comme «Creep» de Radiohead qui a littéralement écrasé leur premier album, voire un peu le deuxième dans la foulée, on se dit que ce n’est pas plus mal… Vous avez envie d’écrire un «tube», toutes proportions gardées ?

Pauline : On avance tranquillement, on pense qu’il y a des influences différentes dans chaque morceau. On expérimente, on se cherche, mais on n’a pas trop ce côté «pop» qui consiste à écrire des morceaux qui correspondraient à des attentes particulières, même si on est très attachés aux mélodies.

Ultra-skimming : Vous avez quand même un morceau préféré dans cet album, que vous considérez un cran au-dessus des autres ?

Pauline : «Forty slates».

Romain : «Forty slates», oui, moi aussi.

 
 

  1. «Elephant Love»

Romain : L’idée de l’album est arrivée au bout d’un an d’existence. On a regardé notre parcours et on s’est dit qu’il y avait d’un côté quelque chose d’écorché, mais aussi quelque chose de puissant, qui avait envie d’avancer. Le côté enfantin de l’éléphant me plaît aussi.

Pauline : On avait envie je pense de mettre ce morceau en avant parce qu’il nous semble assez à part, donc en donnant son nom à l’album, on lui donnait une place particulière. Il y a aussi une allusion au «Forever Dolphin Love» de Connan Mockasin, un album qu’on a beaucoup aimé et écouté.

Ultra-skimming Touraine : Qui écrit les textes ?

Pauline : C’est moi. Souvent ça ne veut pas dire grand-chose, je ne suis pas une songwriter. Le sens de phrases isolées m’intéresse plus que de raconter une histoire. Certains sons m’intéressent aussi, bien sûr. La voix est aussi un instrument.

  1. «Consolation»

Romain : Ce sera notre prochain clip, qu’une graphiste est en train de réaliser. Il va sortir début février. Ce sera un très joli clip, très narratif, l’histoire d’une petite fille qui se balade dans ses cauchemars.

Pauline : C’est l’illustratrice qui a choisi ce morceau et elle s’en est inspiré pour faire sa création.

Ultra-skimming Touraine : Votre univers renvoie au début des années 90…

Romain : Oui, sans doute. On aime beaucoup de groupes de cette époque, les Pastels, Slowdive, et un peu plus tard Blonde Redhead, c’est vrai. On était tout petits pourtant à cette époque !

  1. «My god»

Romain : C’est une chanson qui a été écrite par Céline Lumeau, qui a aussi fait la pochette de l’album. On a eu peur que cette chanson ne résiste pas à l’enregistrement, comme si elle ne voulait pas se laisser apprivoiser.

Pauline : On a mis du temps à la faire sonner comme on voulait, mais à force on a réussi et elle a toute sa place dans l’album.

Ultra-skimming Touraine : Si vous deviez choisir un seul terme entre «énergie» et «émotion» pour qualifier ce qui domine le plus votre musique, vous choisiriez quoi ?

Romain : L’émotion sur disque, plutôt l’énergie sur scène. C’est vrai que les deux nous vont très bien. Il me semble que sur scène, c’est l’énergie qui capte les spectateurs et les emmène vers l’émotion. C’est un sentiment de satiété sonore qui semble plaire à notre public.

Ultra-skimming Touraine : Etes-vous sensibles à des choses très construites, comme Can ou Pink Floyd ?

Romain : Non, on est plus dans un esprit «lo-fi», très spontané.

Pauline : Je ne sais pas, mais de manière générale j’ai parfois du mal à bien voir la frontière entre ce qu’on aime bien et ce qu’on fait.

  1. «Forty Slates»

 Romain : Cette chanson a réussi à être ce qu’elle devait être, elle nous paraît aboutie, bien remplie de tout ce qu’on a voulu y mettre. On a réussi à capter quelque chose. A la fin, c’est très «nous» : on s’en va, ça se termine sur un gros pas d’éléphant, un peu militaire, comme une fin de film où tout s’est bien passé. C’est un happy end. Je trouve ça joli de terminer un album qui a beaucoup d’embranchements par une piste douce.

Pauline : C’est aussi très ouvert. Sur la suite…

Crédits photos : Mathieu Giua et Laurent Geneix pour 37°.

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