Tours : le difficile apprentissage de l’opposition municipale.

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L’élection d’Emmanuel Denis à la tête de la ville de Tours le 28 juin dernier a entraîné un basculement rare dans l’équilibre politique à la ville de Tours. L’alternance est en effet assez radicale entre une ancienne majorité très ancrée à droite et une nouvelle prônant un projet politique très marqué à gauche. Un basculement de l’échiquier politique qui a conduit plusieurs anciens adjoints à se retrouver dans l’opposition municipale et qui depuis cherchent à exister et comptent ne rien laisser passer à la nouvelle majorité.

Il n’est jamais évident de passer des responsabilités à un rôle d’opposant. Marion Cabanne, élue membre du parti Les Républicains ne dira pas le contraire. Après un mandat dans la majorité, cette dernière découvre une nouvelle facette de la vie démocratique à travers son nouveau rôle d’élue d’opposition : « Le début de mandat n’est pas évident. Il y a beaucoup de projets mis en place par l’ancienne majorité, c’est normal et quand ils vont à leur terme nous sommes satisfaits mais c’est aussi frustrant de voir la nouvelle majorité s’approprier des projets que nous avions lancé comme le plan écoles, sans un mot à ce sujet » exprime celle qui fut jusqu’en juillet dernier première adjointe de la ville.

« On peut avoir des diagnostics communs mais avec des solutions différentes »

Depuis le début du mandat, cette frustration s’exprime à la fois dans des déclarations publiques ou en conseil municipal où il n’y a eu aucun temps mort post-électoral comme c’est parfois le cas. Dès le premier conseil de la nouvelle mandature, c’est en effet une opposition virulente à l’égard de l’équipe d’Emmanuel Denis qui s’est exprimée. Faut-il y voir le signe d’une défaite électorale qui a du mal être digérée ? « Non », répond Marion Cabanne qui affirme avoir fait le bilan de celle-ci dès le soir du premier tour (« on n’a peut-être pas été assez clairs sur notre ligne politique ») et qui préfère évoquer des différences de visions pour la ville.

 « On peut avoir des diagnostics communs mais avec des solutions différentes » explique-t-elle. Il faut dire que l’écart en termes d’idéal politique et sociétal est abyssal entre la droite locale et la majorité d’Emmanuel Denis. « Les Tourangeaux ont voté pour l’extrême gauche sans le savoir », avance ainsi celle qui a récemment indiqué dans une vidéo (tout en sachant qu’elle allait faire réagir) que « l’écologisme nous emmène tout droit en URSS. »

Des propos forts, symboliques d’une opposition municipale qui compte bien ne pas laisser tranquille l’équipe au pouvoir. Depuis juillet, les polémiques n’ont cessé d’être alimentées : fermeture du pont Wilson aux voitures, absence de grand sapin de Noël face à l’Hôtel de Ville, rénovation de la place Jean Jaurès avec la 2e ligne de tramway… tous les sujets, importants ou anecdotiques, sont ainsi sources de débats plus ou moins électrisés.

« J’aime les débats car les oppositions font la démocratie, mais encore faut-il être capable d’écouter et de discuter, ce n’est pas le cas. »

Une façon d’exister pour l’opposition municipale ? « Derrière les aspects symboliques ce sont surtout autant de mauvais exemples et de mauvais signaux envoyés » se défend l’ancienne première adjointe en renvoyant Emmanuel Denis et sa majorité à leurs promesses de transparence pendant la campagne : « Le discours d’ouverture et de démocratie permanente qui était prôné n’est pas mis en pratique. »

Un manque d’ouverture qu’elle regrette y compris au sein du fonctionnement du conseil municipal : « Sur le début de mandat ils auraient pu faire preuve d’ouverture et se servir de notre expérience, au lieu de cela ils mentent en disant que nous n’avons rien fait pendant notre mandat. Or je rappelle rien que sur le plan écologique que l’on a décarboné la ville, que l’on a lancé le plan végetalisation pour remettre des arbres en ville… »

Au fil de la discussion, on sent que la transition entre les deux mandats est toujours en cours et que l’élue municipale garde ainsi toujours un œil dans le rétro, tout en essayant de marquer de son empreinte son nouveau rôle. Un rôle dans l’opposition municipale important malgré tout grâce à la tribune qu’offre le conseil municipal. Un cadre qui doit permettre à la droite tourangelle de se reconstruire en vue des prochaines échéances électorales qui débuteront dès l’an prochain avec les Départementales et les Régionales. Marion Cabanne pourrait être d’ailleurs candidate à l’échelon régional. « Rien n’est fait pour l’instant » nous dit-elle. A suivre…

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