Tours FC : Les vérités de Jean-Marc Ettori

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Le président du Tours FC, Jean-Marc Ettori n’est pas du genre à se taire. Personnage au verbe haut, l’homme corse qu’il est surprend par son attitude dans une Touraine plutôt habituée aux consensus et aux discussions discrètes. Une attitude assumée par Jean-Marc Ettori qui n’entend pas laisser parler les autres sans réagir. Si bien qu’à peine quelques heures après la parution de notre entretien avec Xavier Dateu, le président du TFC nous proposait une interview en réponse. L’occasion d’aborder quelques sujets chauds mais aussi l’avenir du TFC.

37° : Le TFC est actuellement en milieu de tableau de Ligue 2, vient de se qualifier au dépend d’Angers en Coupe de la Ligue, êtes vous satisfait de la première partie de saison du club ?

Jean-Marc Ettori : Le groupe est bon, c’est un groupe en devenir quand on sait que nous avons l’équipe la plus jeune des deux championnats pros L1/L2 avec une moyenne d’âge de 22 ans. Je suis quelqu’un d’ambitieux, donc d’exigeant tant avec moi-même qu’avec les autres. Je suis satisfait de notre qualification en coupe de la ligue contre Angers, étonnant deuxième du championnat de L1.

37° : On a parfois l’impression que le TFC version 2015-2016 a un gros potentiel mais a parfois du mal à se libérer sur le terrain. Pensez-vous que cette victoire en coupe de la Ligue peut être un déclic ?

Jean-Marc Ettori : Andrea, l’adjoint de Marco Simone pense que nous sommes l’équipe professionnelle la plus jeune en Europe. Il faut donc de la patience avec ce groupe qui est équilibré avec des joueurs expérimentés qui sont des valeurs sûres, mais aussi avec une jeunesse pleine de talents. Cet équilibre doit nous permettre d’être à terme plus ambitieux et plus performants en championnat. Fabrice Bertone et moi-même avons œuvré tout l’été dans ce sens en concertation avec Marco et son staff.

Dans le championnat de L2 tout va vite, très vite et dominer n’est pas gagner comme nous avons pu le voir lors du match contre Le Havre en prenant un but a la vingt-et-unième seconde et en ne réussissant pas à égaliser malgré une dizaine d’occasions franches ! Tout le monde peut battre tout le monde et être battu par tout le monde. A ce stade de la compétition, le tiers pour être précis, nous sommes douzièmes au classement et donc nous ne sommes pas à notre place. Une 8eme place, objectif avoué de la saison, me parait plus conforme a notre potentiel.

37° : L’an passé fut une année compliquée y compris financièrement. Où en sont aujourd’hui les finances du club ?

Jean-Marc Ettori : La saison précédente fut très compliquée, tant au plan sportif qu’au plan financier et c’est un combat au quotidien que je mène pour remettre sur les rails un TGV qui a déraillé à grande vitesse !

Tout le monde donne bien entendu son avis sur la méthode, mais curieusement il n’y a personne qui met la main à la poche. J’ai repris une PME qui accusait des dettes pour un montant total de six millions d’euros environ, avec un dépôt de bilan inéluctable sans mon arrivée et mon intervention. Dépôt de bilan qui aurait mis au chômage une centaine de personnes et réservé le stade de la Vallée du Cher et le centre de formation à la pâture. Tous les jours, je restructure, je réorganise, je coordonne et coupe les branches pourries. Cette gestion dure et rigoureuse permet de se rapprocher dans un premier temps d’un équilibre et de dégager quelque chose de positif dans un second, nous sommes donc sur une voie de consolidation.

En deux ans j’ai injecté près de trois millions d’euros et me suis porté caution pour un autre million. J’ai donc relevé ce pari fou qu’on m’a demandé car d’autres dans la région n’avaient pas eu le courage de le faire. Alors certains gémissent, pleurent, complotent et se plaignent du traitement qui leur est infligé, ceux-là même ont oublié apparemment la gestion calamiteuse du passé qu’ils ont tolérée, voire pour d’autres le dépôt de bilan de leurs affaires quelques années en arrière, ils se reconnaitront j’espère !

J’aime dire que la reconnaissance est une maladie du chien non transmissible a certains hommes et j’en ai eu trop souvent la preuve ces temps ci .

37° : Vous avez été virulent envers la Mairie de Tours et plus particulièrement envers Xavier Dateu. Concrètement qu’attendez-vous de la ville de Tours ?

Jean-Marc Ettori : J’attends que la ville joue son rôle de partenaire naturel, qu’elle s’occupe et se préoccupe de son patrimoine immobilier sportif qui se dégrade dangereusement.

Nous avons des prestations de services que nous vendons à la ville pour 250 000 euros par an, et en redonnons 350 000 en droits et taxes divers ; nous injectons dans l’économie locale plus de dix millions par an et nous n’avons jamais eu depuis mon arrivée aucune subvention car nous n’avons droit en tant que club professionnel à aucune subvention. Quand je lis sur la NR, sur votre site ou que j’entends à TV Tours que : «  le TFC touche 1.6 millions d’euros par an de la mairie », je demande immédiatement par écrit au service des sports la comptabilité analytique pour savoir où est passée cette somme, aucune réponse. Et quand je me rends derrière au service des sports demander des explications, on me signale une interdiction de me communiquer quelque document justifiant ces affirmations. Je défie donc qui que ce soit de me montrer la réalité de ce virement annuel.

Le Tours Football Club est une structure qui apporte un grand rayonnement et une grande visibilité à la ville.

J’attends que certains adjoints ne s’occupent pas de mes affaires dans mon dos et ne s’immiscent pas dans la gestion du club. Quand je lis dans vos colonnes : « Ce qui se passe en interne(dans les clubs ) ne nous regarde pas », les bras m’en tombent, surtout  quand on me reproche un peu plus loin de m’être séparé de certaines personnes au club, si ce n’est pas s’occuper de ce qui ne les regarde pas, qu’est-ce donc sinon de l’ingérence  ?

Pour leur répondre : Avez-vous remarqué que nous avons navigué les trois quarts de la saison passée à la mortelle dix-neuvième place avec ces personnes, donc relégables ? Avez-vous remarqué qu’avec l’arrivée de nouvelles personnes, les résultats sont meilleurs ? Si je n’avais pas pris ces décisions, c’est nous qui serions au fond du classement, le club serait mort pour longtemps et les mêmes me le reprocheraient dans les diners mondains et autres soirées cocktails. Cherchez mon erreur !

Qu’on laisse donc faire ceux qui savent faire et que les autres cultivent leurs ambitions ailleurs qu’au club. Il est anormal et amoral qu’on aille proposer la vente des parts de la SASP que je détiens (99.99%) à des belges lors de repas sous de hautes roches par exemple sans que je sois au courant et en y incluant de surcroit installations et foncier à bâtir du patrimoine communal.

37° : Où en sont les relations avec la ville de Tours aujourd’hui ?

Jean-Marc Ettori : Mes relations avec la ville sont bonnes, J’ai le plus grand respect pour Serge Babary tout comme j’avais le plus grand respect pour Jean Germain. Mes relations avec Monsieur le maire sont très cordiales contrairement à ce que d’aucuns aimeraient faire croire. Nous venons tous deux du monde du travail et savons ce que travailler dur veut dire, tout le monde peut-il en dire autant ? Serge Babary est un homme de dialogue et d’honneur comme je les aime, mais certains se voient déjà calife à la place du calife, là est le problème. Désormais mon interlocuteur à la ville de Tours s’appelle Serge Babary et les choses ne pourront que s’améliorer, c’est pourquoi après parution de cette interview, vous ne m’entendrez plus rien dire sur ce sujet.

37° : Vous avez menacé de délocaliser les matchs de l’équipe première au Mans, l’envisagez-vous réellement avec tout ce que cela implique ? Le stade de la Vallée du Cher est-il en si mauvais état que ce que vous laissez entendre ?

Jean-Marc Ettori : En ce qui concerne une délocalisation au Mans, ce n’est pas un caprice ou un chantage, ce sont simplement les règlements de la LFP et un courrier qui nous a été adressé qui nous le demandent car quinze cameras vidéos étaient défaillantes suite à des infiltrations d’eau, la maintenance nous incombe certes, mais pas les nombreuses infiltrations.

37° : Xavier Dateu et Jean-François Bernard (ndlr : le président de l’association du TFC) vous reprochent de ne pas vouloir respecter les conventions signées. Que leur répondez-vous ?

Jean-Marc Ettori : Vous me dites qu’on me reproche de ne pas vouloir respecter les conventions, soyons sérieux un instant, un seul instant pour une fois,  je ne veux pas passer pour le dindon de la farce et mes conseils ont établi clairement mes devoirs et bien entendu mes droits et si les procédures vont au bout, elles permettront de voir qui a raison ou pas.

Je rappellerai ce rapport de la chambre régionale des comptes d’Orléans de 2009, qui note que l’association avait un déficit de 900 000 euros comblé par la ville sur trois ans et je n’étais pas là que je sache. (ndlr : rapport visible ici).

Je rappellerai qu’à cette époque s’est constituée la SASP, qui a repris l’exploitation du gouffre CTRO (centre technique régional omnisports), que les pôles sports aujourd’hui gérés par l’Agicc et le collège Corneille payaient 612 euros par mois par personne et on voudrait payer maintenant seulement 150 euros par mois, soit quatre fois moins. (ndlr : le CTRO est un problème remontant avant l’arrivée de Jean-Marc Ettori). Même si certaines prestations ne sont plus fournies, ce montant est proprement ruineux et malhonnête pour la SASP et le club.

Je propose donc de chercher et de trouver trois personnes neutres dans cette ville pour nous départager, qui diront qui a raison et qui a tort dans les trois grands chantiers d’assainissement des finances du club qui sont en cours ! Celui ou ceux qui auront tort s’engageront à démissionner de leurs mandats, chiche ?

«Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit.» Khalil Gibral

37° : L’an passé vous aviez confirmé avoir vu plusieurs repreneurs mais je vous cite « ne pas vouloir quitter le navire ». Qu’en est-il aujourd’hui ? Quelles limites vous êtes vous fixées dans votre engagement (financier et personnel) ?

Jean-Marc Ettori : J’ai mes limites comme tout le monde, et j’aime les repousser sans cesse, je ne compte pas m’arrêter en chemin vous l’aurez compris, nous sommes dans une phase de reconstruction, de restructuration et  «nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit.»

Je n’ai pas fait tous ces efforts pendant plus de deux ans maintenant, pour rien. Oui j’ai eu et j’ai régulièrement des possibilités de reprendre d’autres clubs professionnels d’envergure et de renommée, et même très récemment. Avec ma famille et mes proches, en Corse et en Touraine, nous nous sommes longuement interrogés sur cette opportunité car un ras-le-bol commençait à poindre, le business plan était plus facile, les perspectives très intéressantes et l’accueil loin de la perversité côtoyée trop souvent sur place. Mais la volonté d’aller au bout ici est la plus forte, les centaines de personnes que je rencontre à chaque match méritent mieux, leurs manifestations de soutien me permettent de continuer et me confortent dans ce challenge chaque jour un peu plus, tout comme les emplois directs et indirects qui dépendent de moi, sans oublier aussi cette forte envie de clouer leur bec à certaines personnes mal intentionnées. N’en déplaise à certains, je ne serai pas le nouveau Frédéric Sebag que je comprends mieux maintenant !

37° : Quelles sont aujourd’hui les ambitions à court et moyen terme pour le TFC ?

Jean-Marc Ettori : Mon ambition aujourd’hui est d’abord d’arriver à un schéma économique équilibré et rentable afin de pouvoir accéder à l’échelon supérieur aussi vite que possible. J’invite tous ceux qui ont la même envie et la même passion pour cette ville à se manifester, je prendrai d’ailleurs des initiatives fortes dans les jours et semaines à venir dans ce but.

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