Un an après l’ouverture, des nouvelles du supermarché le plus original de Tours

Facebook
Twitter
Email

Le Troglo est un magasin unique en Indre-et-Loire : on y trouve tous les produits du quotidien, mais ici la clientèle participe à l’organisation de l’entreprise. Pour avoir le droit de faire ses courses, il faut accepter de donner de son temps pour la caisse, la réception des marchandises ou leur mise en rayon dans l’entrepôt de la zone du Menneton, située près du rond-point Saint-Sauveur de Tours. Ce modèle peut-il fonctionner durablement ? Entretien avec le fondateur du projet.

Le Troglo fête son premier anniversaire ce samedi 27 avril entre 11h et 18h30. Le rendez-vous est fixé au magasin du 15 Boulevard Louis XI avec des jeux, des concerts, un troc de plants pour le jardin… Et une dégustation de produits vendus sur place. Occasion de remercier les habitués… et peut-être de gagner de nouveaux adeptes.

Premier supermarché coopératif d’Indre-et-Loire, la société a une organisation particulière : elle impose 3h mensuelles de bénévolat à toute personne qui veut y faire ses courses. Ce fonctionnement lui permet de réduire sa masse salariale, et donc ses charges. De quoi proposer des prix compétitifs avec les autres enseignes et compenser l’absence d’achats en gros, celle-là même qui permet de tirer les prix vers le bas chez Carrefour, Auchan ou Leclerc.

Le projet Troglo a mis plusieurs années avant de voir le jour. Il a fallu motiver une équipe, monter le business plan ou encore trouver le local (mis à disposition par Tours Métropole). L’inauguration s’est finalement déroulée en 2023 dans la zone du Menneton à l’ouest de la ville de Tours. Un site peu exposé, peu accessible sans voiture mais qui a le mérite d’offrir un nouveau concept pour faire ses courses.

« Nous avons 450 coopérateurs actifs par mois » révèle Marc Socquet-Juglard, initiateur du projet. « Au début on était plutôt sur une typologie de gens très installés dans leur activité professionnelle, voire retraités mais depuis trois mois on voit beaucoup de jeunes de 20 à 35 ans » ajoute-t-il. Selon lui, « ce qui les attire c’est l’envie de faire bouger la façon de s’alimenter, favoriser l’inclusion sociale ou rompre avec le négativisme ambiant et rendre les choses plus positives. »

Le Troglo, un supermarché où faire les courses est divertissant ? C’est ce que prétend Marc Socquet-Juglard. « On a eu une période de creux après l’ouverture mais en ce moment on a une très bonne ambiance au magasin. Il y a des moments où on s’amuse pas mal. Le midi les gens s’installent, viennent boire un coup. Ce n’est plus seulement un lieu où on vient faire ses courses : il y a des séances de yoga gratuites, on organise un ciné-débat, des sorties théâtres ou une collecte de déchets au bord du Cher devant le magasin. »

Alors que les supermarchés traditionnels sont souvent impersonnels, et qu’on parle à peine aux opérateurs et opératrices de caisse, voire qu’on paye ses achats aux caisses automatiques, Le Troglo serait donc un vecteur de lien social. Une communauté où l’on fait ses courses. Une communauté ouverte et bienveillante.

On nous dit que des histoires d’amour sont nées au magasin. Et Marc Socquet-Juglard raconte une anecdote : « En janvier un monsieur est venu avec sa maman qu’il tenait par la main. Il lui avait offert des parts sociales pour Noël. Sa mère, c’est une jeune retraitée et elle avait l’air un peu dégoûtée qu’il l’amène là. 2 mois plus tard, elle s’éclatait à la réception de marchandises. Je trouve ça génial. »

Cet exemple, le fondateur du Troglo le voit comme un argument pour recruter de nouvelles personnes. Aujourd’hui, l’entreprise n’a pas encore assez de monde pour être à l’équilibre. « Pour être bien il nous faudrait une centaine de personnes en plus, et 200 pour être confortables. L’objectif, à terme, c’est 750. »

Quand il dit ça, Marc Socquet-Juglard a en tête l’expérience d’un supermarché coopératif similaire monté à Orléans, et fermé il y a quelques mois faute d’un succès suffisant. « Notre concept est précaire et sera toujours précaire car il n’est pas basé sur l’opulence » commente-t-il, conscient des difficultés.

Pour capter de nouvelles personnes, les règles ont légèrement évolué. En plus des 3h de bénévolat mensuelles exigées, il fallait débourser 100€ pour prendre des parts sociales dans l’entreprise ou 10€ pour les plus modestes. Tous les gros investissements ayant été réalisés, le tarif a été ramené à 10€ pour tout le monde. On peut également s’inscrire à deux, donc se partager les 3h de travail en couple, entre amis ou entre père et fille, par exemple.

Pour les personnes qui travaillent, les emplois du temps ont été assouplis. Au départ il fallait faire ses 3h en une seule fois. On peut désormais les répartir en deux créneaux d’1h30, par exemple le matin de 7h30 à 9h ou en fin de journée de 17h30 à 19h.

A préciser que les 3h sont un minimum. « On a des gens qui sont là tous les jours » se réjouit Marc Socquet-Juglard. Cela permet d’avoir des bénévoles en renfort ou pour coordonner les équipes.

Autres évolutions du Troglo de Tours : celles dans le catalogue des produits. 4 producteurs bio viennent de rejoindre le catalogue. « 80% de nos fournisseurs sont locaux » explique l’initiateur du projet revendiquant « la plus grande offre de fournisseurs locaux de toute la Touraine ». A l’inverse des magasins fermiers, le supermarché explique que l’on peut faire toutes ses courses en un seul endroit (y compris la lessive ou le PQ). Il propose également des marques nationales (Curly, Mousseline et Tabasco, par exemple).

Au final, le panier moyen est de 170€ mensuels par coopérateur, soit environ 40€ par semaine. A peu près le budget pour nourrir et équiper une personne. Surtout, « il a doublé depuis l’ouverture. » Et pour les plus modestes « nous avons des cagettes antigaspi ou un frigo avec des produits gratuits. En un an nous n’avons rien jeté. En dernier recours, nous avons donné à des associations » se félicite le responsable du Troglo.

« Notre objectif c’est de correspondre davantage aux besoins. Et de rester compétitifs » résume Marc Socquet-Juglard. Il ne donnera pas de détails sur les produits pour lesquels il est parmi les moins chers, hormis pour les fruits et légumes m le Troglo se dit « bien placé ». Au final, l’homme a « 0 regret » depuis qu’il a lancé l’aventure. « Quand on me disait que c’est impossible d’avoir une gouvernance totalement horizontale, que ça crée plein de problèmes, on voit que ce n’est pas le cas. Toute personne qui veut avoir la parole peut la prendre. Chacun vient avec son idée. »

Et des idées, l’idée semble encore en avoir pour dynamiser sa communication et ne pas trop rester en marge des circuits de consommation. Son principal défi.

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter