GRAND FORMAT – Pourquoi la seconde main est de plus en plus présente dans les commerces en Touraine ?

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Friperie, dépôt-vente, magasin d’antiquités… Depuis quelques années, la seconde main gagne du terrain sur les commerces de Touraine. Que ce soit pour meubler sa maison ou pour alimenter sa garde-robe, de plus en plus de Français s’orientent vers la vente d’occasion. Selon une étude de 2023, 64% des Français ont acheté au moins un produit d’occasion au cours des 12 derniers mois. Mais pour quelles raisons ? Entre démarche écologique et moyen de faire des économies, nous avons enquêté sur les raisons de cet engouement.

On le voit depuis quelques temps, le vintage est à la mode, que ce soit dans le domaine du textile comme dans celui de l’ameublement. Dans le monde, le marché de l’occasion représente un chiffre d’affaires annuel de 105 milliards d’euros. Du style Formica, très rattaché aux années soixante, à l’art-déco des années vingt/trente, beaucoup décident de remonter dans le temps en meublant leur intérieur dans l’ambiance “rétro”. 

“C’est une philosophie de vie”, explique Florian de La Brocanterie de Flo.

Installé au 63 route des Vallées à Ballan-Miré, ce temple de la chine redonne une seconde vie à de multiples objets comme des meubles, des vêtements et toutes sortes de décorations.

Après 12 ans en tant qu’opticien, c’est à la veille de ses quarante ans que Florian a décidé de “tout plaquer” pour vivre de sa passion pour le chinage. Vadrouillant dans les brocantes depuis plus de 20 ans, pour notre commerçant, l’amour de la seconde main est une véritable histoire de famille. 

Dans sa boutique, notre brocanteur ne se limite pas à la simple exposition de ses trouvailles, obtenues lors de ventes de particuliers ou de débarras de maison. Ici, Florian met un point d’honneur à conseiller ses clients pour trouver LA pièce qui soit en accord avec leurs goûts, leurs envies et surtout leurs besoins. Vous pouvez trouver quelques une de ces pépites sur son site internet labrocanterieeflo.com ou sur le compte Leboncoin de la boutique.

Pour ne pas se retrouver avec trop de stock et garantir une bonne rotation, Florian apporte aussi une grande importance au prix de vente qu’il propose, selon lui, avec des marges assez réduites. De plus, au fil du temps, il arrive à repérer les fournitures les plus propices à la vente .

Ainsi, l’ensemble des éléments récupérés qu’il ne place pas dans sa brocante est distribué dans 5 associations caritatives dont la Croix Rouge. 

A La Brocanterie de Flo, les amoureux des meubles et vêtements d’époque ont l’embarras du choix. Pour son propriétaire, c’est ce qui attire le plus les acheteurs : “Mes clients sont des gens qui aiment l’ancien. Grâce à la seconde main, ils retrouvent des choses qu’ils ont connu chez leurs parents ou grands-parents !” 

Cet aspect intergénérationnel s’observe aussi dans d’autres structures centrées sur la seconde main. A L’Armoire Sans Fin, par exemple, située au Point Haut à Saint-Pierre-des-Corps. L’association permet à ses adhérents de renouveler sa garde-robe grâce au principe du troc. 

En payant une cotisation annuelle de 20€, il est possible de donner ses vêtements en échange de points que l’on pourra dépenser pour “acheter” d’autres habits. Ces rendez-vous sont organisés environ toutes les trois semaines, le week-end.

Depuis sa création en octobre 2019, la structure a vu le nombre de ses adhérents grimper passant de 30 à 210 inscrits en 4 ans. 

Pour être au courant des prochaines sessions : le lien de l’agenda de l’association ici !

“C’est toujours étonnant de voir des jeunes repartir avec des vêtements donnés par des personnes plus âgées”, s’extasie Marie Brugier, présidente et coordinatrice de L’Armoire Sans Fin. “On se rend vraiment compte que la mode est intemporelle et que chaque style peut redevenir “tendance” à un moment ou à un autre.”

En parlant du style, ce dernier fait partie des arguments solides en faveur de la seconde main.

Contrairement aux grandes chaînes de magasins, ce marché peut permettre de sortir des standards de la mode. Cet esprit de “chinage” anime une grande majorité des consommateurs de seconde main comme Emma, 25 ans : “Moi, ce que j’adore c’est fouiller dans les étalages pour trouver la pépite à ajouter à mon dressing.”

Pour beaucoup, les commerces de seconde main sont un moyen efficace pour trouver des pièces authentiques qu’on ne trouverait pas dans n’importe quelle boutique de fast-fashion ou de grands magasins d’ameublement.

C’est en tout cas ce que défend Florian, notre brocanteur : “Il va peut-être y avoir une cinquantaine d’euros de différence par rapport à une armoire Ikea mais au moins c’est beaucoup plus chaleureux !”

Un moyen de protéger la planète… et son portefeuille 

Ce n’est un secret pour personne mais on ne cesse de le répéter : le marché du textile, surtout de la fast fashion et ultra-fast fashion, représente un vrai gouffre écologique.

Avec des vêtements souvent de très mauvaise qualité et produits à la chaîne, le marché de la seconde main se présente comme une bonne alternative pour limiter son empreinte carbone mais aussi ses dépenses. 

En effet, acheter un vêtement d’occasion permet de s’habiller pour moins cher avec, souvent, des matières plus “nobles” par rapport à des vêtements neufs synthétiques. 

Marie Brugier profite de son association pour alerter sur l’achat de vêtements d’ultra fast-fashion (comme Shein, Zara, …) et la présence de produits chimiques dans leur composition. “C’est comme les produits alimentaires”, explique la présidente de L’Armoire Sans Fin, “il faut connaître la composition de nos vêtements parce que ça reste sur notre peau pendant plusieurs heures”.

En plus de proposer son système de troc, la structure offre à ses adhérents différentes activités pour valoriser ses vieux vêtements. Au menu : plusieurs ateliers sur l’univers de la couture et du recycling et des conférences sur le marché du textile (et ses dérives). Ces activités sont annoncées régulièrement sur leur compte Instagram. L’association y propose même des petits tutos pour, par exemple, réparer un jean troué !

Aujourd’hui, même si elle reçoit à chaque rendez-vous de nombreux adhérents, L’Armoire Sans Fin déplore un manque de visibilité et tente d’améliorer sa communication de manière assidue. Aussi, l’organisme s’est lancé dans la recherche de nouveaux locaux. Le Point Haut étant une résidence, l’association a pour objectif de se libérer des contraintes qu’implique ce partage de l’espace. 

Qui dit produit de bonne qualité dit, aussi, produit de longue durée. Florian de La Brocanterie de Flo y met d’ailleurs un point d’honneur. 

Passionné de seconde main depuis son plus jeune âge, notre vendeur s’applique à restaurer les meubles qui en ont besoin avant de les mettre à la vente. Ce sont des choses costaudes. Ici, on démonte une armoire avec quatre vis, on la remonte avec quatre vis et ça ne bouge pas !”

Un geste solidaire 

Aujourd’hui, de plus en plus d’associations caritatives ouvrent des locaux pour vendre à très bas prix des vêtements donnés, à l’image d’Emmaüs. La Croix Rouge, par exemple, occupe plusieurs “vestiboutiques” en France, et notamment en Touraine. 

Comment fonctionnent-elles ? Les vêtements récupérés proviennent de dons de particuliers mais aussi de magasins avec des invendus. Ils sont triés afin de séparer ceux en bon état de ceux ne pouvant être mis en rayon. Attention : pas de perte car les chutes serviront d’isolants pour des habitations. 

Pour les vêtements gardés, les bénévoles attribuent un prix en fonction de leur état.

Dans ces boutiques, on retrouve tous les styles et même quelques marques comme Lacoste ou Hermès. “On a eu une fois un costume pour homme de chez Hugo Boss”, témoigne Janie, bénévole œuvrant pour la vestiboutique située rue Georges Courteline à Tours, “et donc, avec les promotions, un monsieur est parti avec son beau costume de marque neuf à seulement 25€ !” 

Grâce à ce genre de structure, il est aujourd’hui possible d’alléger sa garde-robe tout en faisant preuve de solidarité. Janie, ancienne aide-soignante, consomme elle aussi de la seconde main pour, certes, trouver des “pièces coup de foudre” pour son armoire, mais surtout pour s’habiller à faible coût en raison d’une petite retraite. 

Selon notre bénévole, les vestiboutiques observent une hausse des fréquentations (sans donner de chiffres détaillés), surtout depuis la période d’inflation qu’a connue la France fin 2023. Mais même avec cette augmentation, et malgré la montée des plateformes comme Vinted, l’association est heureuse de voir que le nombre de dons ne faiblit pas. 

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