Un nouveau visage est apparu dans l’appellation viticole de Montlouis-sur-Loire. Originaire de la région parisienne, Agnès Souchon a mis un terme à 20 ans de carrière en tant que responsable juridique pour se tourner vers l’une de ses grandes passions : le vin ! Après avoir récemment trouvé son hectare de vignes et son chai de vinification dans une ancienne maison viticole à Saint-Martin-le-Beau, l’étape des premières vendanges est maintenant cruciale pour la nouvelle viticultrice. Portrait.
“Mon moteur, c’est de faire quelque chose qui me plaît réellement.” Voilà les mots qu’utilise Agnès Souchon pour expliquer son incroyable changement de vie. Grande passionnée de vin, cette dernière a pris la décision en mai 2022 de démissionner de son poste de responsable juridique pour entamer un BTS Viticulture-Oenologie à AgroSup Dijon en distanciel. Après un stage dans le Bordelais pour tout apprendre sur la vinification, c’est en juillet 2023 que la future vigneronne est finalement diplômée.
N’ayant pas encore trouvé de vigne pour se lancer dans la création de son propre domaine, Agnès a d’abord commencé sa nouvelle carrière en travaillant temporairement au domaine Laura David. Pour la viticultrice, cette expérience lui a permis de confirmer ses plans pour la suite : gérer seule ses propres vignes et installées ces dernières à Montlouis-sur-Loire.
Mais pour créer un domaine viticole, il faut tout d’abord des vignes à cultiver. Après plusieurs mois de recherche, Agnès a finalement réussi à trouver chaussure à son pied en janvier 2024 en achetant un hectare de vigne de chenin blanc à Saint-Martin-le-Beau (au sud-est de Montlouis-sur-Loire). Il aura fallu, ensuite, attendre jusqu’à juillet pour enfin trouver un lieu de vinification. Le domaine Agnès Souchon a donc officiellement pris racine au 81 rue de Chenonceaux dans une ancienne maison viticole avec des caves troglodytes, inutilisée depuis quarante ans.
Arrivée déjà à la moitié de l’année, ce fut une véritable course contre la montre selon la viticultrice en herbe : “Je devais créer intégralement en 2 mois et demi un chai de vinification digne de ce nom. Donc ça veut dire trouver son matériel, des fournisseurs, faire des travaux de modifications, faire venir des artisans. Donc, tout ça a représenté une période assez dense et stressante mais, au final, j’ai réussi et je suis très contente !”

Une amoureuse de la vigne
Agnès a annoncé deux objectifs pour son domaine : la qualité et la convivialité. Et, pour elle, la première va passer par un traitement de la vigne méticuleux et surtout le plus naturel possible. Ainsi, la vigneronne a pris la décision d’opter pour une agriculture biologique. Il ne sera également pas question de gros rendement pour le domaine. Ce sera du “sur-mesure”, selon Agnès, avec l’utilisation de levure naturelle et une limitation au maximum d’intrants dans les bouteilles.
Si la viticulture fait partie de ses passions, l’ancienne responsable juridique conçoit que le travail de vigneronne n’est pas de tout repos et demande beaucoup d’effort : “Ce qui est important pour la préparation de la vigne, c’est d’anticiper le plus possible. Il faut essayer de se projeter, imaginer les vendanges non pas telles qu’elles soient, mais telles qu’elles vont être en réalité. L’idée, c’est de penser à tout.”
Même si elle souhaite s’occuper elle-même de ses vignes, il va de soi pour Agnès qu’elle ne peut pas tout faire seule. C’est pour cela qu’elle s’appuie régulièrement sur l’aide d’autres vignerons de l’appellation Montlouis-sur-Loire : “Quand on est nouveau vigneron, il faut accepter d’être aidé, de chercher de l’aide de personnes plus expérimentées parce que c’est précieux”. Cette aide est notamment considérable pour déterminer la date des vendanges, toujours difficile à déterminer lors de la première année de production. De plus, la viticultrice est également épaulée par la CUMA (Coopérative d’utilisation de matériel agricole en commun) du Chenin pour tout ce qui concerne les travaux du sol et phytosanitaires.

Des objectifs précis, mais avec des obstacles
Pour Agnès, le chenin est un bon moyen de se diversifier en termes d’offre de produits. Permettant la production de vin blanc sec, moelleux, effervescent ou encore, liquoreux, ce cépage doit, pour la viticultrice, être davantage connu : “ Venant de la région parisienne, j’avoue que c’est compliqué de trouver du chenin de Loire. On retrouve plus facilement des grandes régions viticoles comme le Bordelais ou la Vallée du Rhône mais pour la Loire on va surtout retrouver du rouge et c’est dommage.”
Pour donner une visibilité au cépage, Agnès a donc pour projet de vendre ses bouteilles aux restaurateurs et aux cavistes nationaux mais aussi internationaux. Aussi, dans l’optique de prôner la convivialité, la viticultrice aspire à proposer ses vins aux particuliers directement au domaine. “J’ai envie que les gens viennent pour que je puisse expliquer mon métier, le processus de fabrication du vin, bref, avoir un contact avec les gens”, explique-t-elle.
Mais pour vendre, il faut d’abord produire. Cependant, en voyant la météo capricieuse qu’a connu l’année 2024 et les attaques de mildiou (maladie causée par un champignon microscopique), Agnès se rend bien compte que le résultat final de ce premier millésime ne sera pas optimal. Estimant à la base une vingtaine d’hectolitres par hectare, la vigneronne fait état d’une perte potentielle d’environ 30% de la production pour l’année 2024.
Une estimation qui ne fait pourtant pas baisser les bras de la vigneronne à qui la qualité emporte largement sur la quantité.