Les « Espaces sans Tabac » d’Indre-et-Loire servent-ils à quelque chose ?

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On vient de débuter la 9e édition du Mois Sans Tabac, un événement annuel pour encourager à stopper la cigarette pendant 30 jours ce qui multiplie par 5 les chances de réussir à s’en passer définitivement. Près de 100 000 personnes tentent l’aventure en France. C’est beaucoup mais dans le même temps les dernières données montrent que la consommation de tabac stagne dans le pays. On y compte toujours près de 15 millions de fumeuses et fumeurs.

Une solution efficace serait de complexifier encore l’usage, par exemple avec des restrictions dans l’espace public. C’est ce que la Ligue contre le Cancer encourage avec la création des « Espaces sans Tabac ». L’Indre-et-Loire en compte déjà 76. On en a parlé avec Marie Presset, directrice du comité départemental de l’association.

Pour commencer, peut-on rappeler ce qu’est un « Espace sans Tabac » ?

C’est un espace délimité où la consommation de tabac est interdite. C’est un projet développé dans une logique de prévention : pas forcément pour culpabiliser les gens, plutôt pour les aider à arrêter de fumer. Souvent, ces espaces sont délimités aux abords d’écoles, de terrains sportifs ou d’aires de jeux pour permettre au plus grand nombre d’être sensibilisés.

Pourquoi on fait ça ?

D’abord c’est pour réduire l’initiative des jeunes au tabac parce qu’on en a beaucoup qui commencent tôt. Pour parler aussi du tabagisme passif. On ne le fait pas souvent mais quand papa ou maman fume aux abords de l’école alors qu’il y a plein d’enfants autour, ils respirent les fumées nocives remplies de polluants. Quand on sort d’école on est souvent au grand air dans un environnement agréable. Pourquoi leur imposer la fumée de cigarette des adultes ? Et la troisième démarche c’est pour limiter l’impact environnemental car on sait que les mégots de cigarettes qu’on trouve par terre sur les trottoirs c’est mauvais pour l’environnement.

Est-ce que ça marche ?

Oui car on les accompagne de sensibilisation et de prévention. Ce n’est pas juste : on appose un panneau, on passe un arrêté municipal et la mairie interdit la consommation. Derrière il y a tout un discours pédagogique que l’on accompagne auprès des équipes pédagogiques où notre chargée de prévention vient pour expliquer le pourquoi du comment. On n’est pas dans une logique répressive.

Vous faites des évaluations ?

Oui. On a par exemple le retour de la commune de Ligueil qui a été pionnière en Indre-et-Loire. Aujourd’hui ils ont une extension d’une de leurs écoles et, automatiquement, ils ont créé un « Espace sans Tabac ». Le bilan est donc très positif. Il peut y avoir une crainte des communes de vexer leurs administrés, d’imposer une restriction de liberté. Pas du tout : les gens sont très compréhensifs. Quand on explique que c’est pour le bien-être de leurs enfants ou de la population ça passe beaucoup mieux. Oui, la police municipale peut verbaliser mais nous l’idée c’est plutôt d’expliquer pourquoi on n’a pas le droit de fumer et, dans la plupart des cas, ça se passe très bien.

Est-ce que vraiment ça peut avoir un impact sur la consommation de tabac générale ?

On l’espère. C’est compliqué de l’évaluer mais le tabac reste la première cause de cancer évitable en France donc il est important qu’on agisse dès le plus jeune âge et qu’on sensibilise nos enfants.

Vous les sentez réceptifs à ces sujets-là ?

On a l’impression qu’ils ne savent pas grand-chose sur le sujet mais, au final, dès la primaire ils osent dire des choses qui les gênent. Par exemple que papa ou maman qui fume dans le jardin ça les dérange. Dans certains cas ils sont même porteurs des « Espaces sans Tabac » via les écoles ou le conseil municipal des jeunes. Et derrière ils nous disent parfois que ces actions ont permis à leurs parents d’arrêter de fumer, ou qu’ils leur ont rappelé que ce n’était pas bien. Les messages sont là. C’est important. Si on arrive à les sensibiliser jeunes, on espère qu’on verra le taux des cancers baisser et par conséquent le taux de mortalité lié au tabac diminuer.

Vos équipes organisent également des ateliers de sensibilisation dans les établissements scolaires…

On y parle des addictions en général. L’idée n’est pas de leur dire qu’il ne faut pas fumer mais de les sensibiliser via des outils comme un espace game autour du tabac ce qui marche beaucoup. Par des moyens ludiques, souvent ça rentre beaucoup mieux. Ils sont plus réceptifs. Avec les puffs (cigarettes électroniques à usage unique, bientôt interdites, ndlr) ou des choses comme ça on voit que les jeunes sont initiés très tôt, parfois en fin de primaire. On a eu des cas de jeunes qui ont commencé à fumer dès 10-11 ans. C’est rare, mais ça existe. C’est sûr, essayer ce genre de choses entre amis ça peut être drôle mais derrière ils n’ont pas conscience de tout l’impact.

Photo : inauguration d’un espace sans tabac à Langeais. Crédit : Ville de Langeais

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