Le Service civique, eldorado d’une jeunesse au chômage ?

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François Hollande a récemment fait du service civique une des priorités de sa politique en faveur de la jeunesse. Désormais, cet outil est universel, c’est-à-dire que chaque jeune qui souhaite réaliser un volontariat obtiendra une réponse favorable. Le BIJ 37 organise le jeudi 26 novembre une réunion d’information sur le sujet, l’occasion de revenir sur les tenants et aboutissants de ce jeune dispositif.

Le service civique a pour objectif de mobiliser les jeunes de 16 à 25 ans en faveur d’une mission relevant de l’intérêt général tout en leur proposant de découvrir la vie active. Néanmoins, il ne s’agit pas d’un contrat de travail, mais d’un volontariat auprès d’une association, d’une collectivité territoriale ou d’une fondation.

La structure qui accueille le volontaire a à sa disposition un jeune pendant 6 à 12 mois, pour une durée hebdomadaire de 24 à 35 heures, et cela pour un coût minime. Quant au jeune volontaire, il a la possibilité de vivre une expérience formatrice sur le plan professionnel et personnel : travailler en équipe, découvrir le monde associatif et connaitre le monde du travail en France ou à l’étranger. De plus, il perçoit une indemnité mensuelle de 570 euros.

De nombreuses missions permettent de réunir des jeunes provenant d’univers sociaux et culturels différents car le service civique a pour principal intérêt de « renforcer la cohésion nationale et la mixité sociale »[1]. Ce dispositif constitue en effet un palliatif à la fin du service militaire qui avait le mérite d’être « universel et égalitaire » (mais néanmoins réservé aux hommes) et qui permettait l’amélioration de la cohésion nationale. C’est pourquoi l’agence du service a une ambition certaine : toucher 170 000 jeunes en 2017 contre 35 000 en 2014.

POUR QUELLES MISSIONS ?

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Les missions proposées sont variées et actualisées sur le site http://www.service-civique.gouv.fr/. Elles touchent de nombreux domaines : santé, éducation, culture, citoyenneté… Quentin, récemment diplômé du master « Patrimoine culturel immatériel » à l’Université de Tours, a intégré le Centre de Création Contemporaine en septembre. Il a pour mission de promouvoir le chantier du futur CCCOD notamment par le biais des réseaux sociaux. Il est satisfait par son choix d’autant plus qu’ils étaient nombreux sur les rangs : «c’est une institution reconnue. Il y avait beaucoup de candidats lors des entretiens ». En plus de travailler pour une structure en lien avec sa formation universitaire, il bénéficie de formations professionnalisantes : « Le BIJ 37 nous accompagne, nous devons réaliser une formation aux premiers secours. Quant au CCC, je bénéficie d’une formation à la médiation culturelle ».

Le service civique est donc une opportunité car il forme, crée du lien et de la solidarité, mais il pallie également le manque d’offres d’emploi. A demi-mot, Quentin nous confie justement : « j’en connais beaucoup qui font un service civique en attendant de trouver mieux. La filière culturelle est complètement saturée ».

Pourtant, le service civique doit-être accessible à tous. En y regardant de plus près, il est aisé de constater sur des sites d’offres d’emplois comme Profilculture que cela n’est pas respecté. Une structure musicale, à Montlouis sur Loire, recherche justement un volontaire ayant « une formation et/ou une expérience dans les métiers de la culture » et maitrisant les outils informatiques « Word, Excel, Powerpoint, Outlook, Photoshop, Indesign ». Pour le Château de Monthelon dans l’Yonne, il convient d’avoir une « formation supérieure dans le commerce-marketing », d’avoir réalisé des « stages et/ou bénévolat dans le milieu culturel et la recherche de fonds » et il est indispensable d’avoir son « permis B et un véhicule ».

Quand nous interrogeons Arnaud Loustalot, référent départemental du service civique, il est obligé d’admettre qu’il existe des brèches dans le dispositif : « c’est en effet un constat que l’on peut faire. La situation des jeunes diplômés dans le secteur de la culture et de l’environnement est telle qu’ils doivent supporter une sorte de bizutage social ». Une année pendant laquelle le service civique est un moyen pour eux d’engranger de l’expérience professionnelle et de se faire un réseau avant de décrocher un véritable emploi.

« En 2014, une centaine de structures d’accueil ont géré 186 volontaires dans le département »

L’agence du service civique est prise dans des injonctions contradictoires, entre des objectifs quantitatifs et l’esprit du service civique. Afin de faire face aux dérives, l’agence doit donc accompagner et contrôler les associations qui ont reçu l’agrément. En 2014, une centaine de structures d’accueil ont géré 186 volontaires dans le département. Arnaud Loustalot est en capacité d’en contrôler une dizaine par an : « nous ne pouvons pas être derrière chaque structure, cependant nous faisons une vérification au moment des demandes d’agrément. Si une fiche de poste n’est pas adaptée alors nous travaillons avec la structure pour qu’elle cerne les objectifs du service civique ».

Dans une société de plein emploi, le service civique serait abordé différemment. A ce jour, ce volontariat se transforme par conséquent en un moyen pour de nombreux jeunes de palier une période de chômage. La solution ne réside-t-elle donc pas dans le modèle allemand où la plupart des engagés réalisent leur « service civil » à la sortie du baccalauréat ? Le débat est lancé.

Mickael ACHARD

[1]  Loi du 1 er mars 2010

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