La Cité de la Gastronomie s’installe sur le site Béranger

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Ce jeudi faisait figure de top départ pour le projet Tours, Cité de la gastronomie, avec deux évènements majeurs. D’un côté Le Grand Repas et ses 30 000 convives (voir notre article sur le sujet), premier évènement organisé par l’association Tours, Cité Internationale de la Gastronomie et de l’autre la première conférence de presse tenue par l’association créée en mars 2015 pour mener le projet tourangeau.

Pour rappel : la Cité de la Gastronomie c’est quoi ?

Sélectionné en 2013 par le Ministère de l’agriculture, en compagnie de Paris-Rungis, Dijon et Lyon pour faire partie du réseau des Cités internationales de la gastronomie, le projet de Tours a depuis connu plusieurs péripéties. Piloté par l’ancienne Municipalité et par Jean Germain en personne, le projet original était conçu autour d’un nouveau bâtiment « totem » qui devait être construit sur les bords de Loire, à proximité de la faculté des Tanneurs. Un bâtiment qui aurait été relié à l’île Simon par une passerelle piétonne. L’île étant alors repensée autour de ce projet. Ambitieux, ce projet était estimé à 35 millions d’euros.

Avec l’élection de Serge Babary en 2014, ce dernier face aux problèmes financiers de la ville, décide de se donner le temps de la réflexion pour repenser le projet à moindre coût. Un nouveau projet est alors confié à une nouvelle association dite d’action créée en mars 2015. Une association qui en dehors du soutien à des manifestations comme Vitiloire, l’évènement « Au coeur des Halles », etc… s’est montrée pour le moment volontairement discrète. « Contrairement à ce qui avait été fait pour l’ancien projet, nous ne voulions pas communiquer sans avoir du concret » explique un membre de l’association.

L’art de vivre à la française comme fil conducteur

Après le flou volontairement entretenu est venu celui de la communication. Ville de Tours et Association se sont donc retrouvées hier face aux partenaires et journalistes pour dévoiler leur projet. C’est le maire de Tours, Serge Babary qui a ouvert les discours en rappelant l’axe retenu pour le projet tourangeau par le gouvernement : « Tours est reconnue Cité de la Gastronomie sur un pôle alimentation, enseignement universitaire et recherche ». Un axe que l’association présidée par Emmanuel Hervé a décliné sous le thème : « la gastronomie, un art de vivre à la française ». Une façon d’ancrer un peu plus le projet tourangeau dans la lignée de l’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO du repas traditionnel français. Une inscription dont l’origine était d’ailleurs tourangelle par le biais de l’institut tourangeau l’IEHCA (Institut européen de l’histoire et des cultures de l’alimentation) ont rappelé les interlocuteurs.

Dans les faits, le projet tourangeau se concentrera sur quatre domaines : la formation et la recherche, la culture et le tourisme, les liens avec les producteurs locaux et les produits du terroir, et enfin l’éducation à la santé et au bien-être. Parmi les éléments dévoilés hier, retenons la création d’un institut universitaire des sciences et de l’alimentation (ndlr : ce dernier avait été déjà annoncé en 2013 lors de l’obtention du label) qui proposera des formations diplômantes sur l’ensemble du cursus universitaire. Ce futur UFR de l’université François Rabelais regroupera des formations déjà existantes au sein du pôle alimentation de l’université d’un côté et de l’IEHCA de l’autre. Un Institut dont le deuxième objectif sera de créer un « creuset académique » autour de la recherche sur l’alimentation avec des plateformes de food-studies, une mise en réseau de chercheurs internationaux ou des résidences de chefs. « Cet institut sera unique en Europe » expliquait Serge Babary.

Le site Béranger choisi pour accueillir la Cité de la Gastronomie

1024px-Pufr_tours_bvd_berangerPhoto sous Creative-Commons : CC BY-SA 3.0

Un institut qui sera regroupé avec l’association Cité de la Gastronomie au sein de l’ancien site Béranger de l’Université de Tours, situé sur le boulevard éponyme qui accueillait encore récemment l’Ecole des Beaux-Arts avant son déménagement sur le site Mame. Une installation qui devrait se faire progressivement à partir de la rentrée de septembre 2016 après aménagement et rénovation des lieux dont le coût n’a pas été dévoilé hier (ni la répartition des financeurs). Un lieu qui accueillera également l’axe éducation à l’alimentation du projet avec une ouverture au grand public sur des actions précises (cours de cuisines, conférences…)

Tours, Cité de la gastronomie : un projet au rabais ?

Pour tous les acteurs du projet, la réponse à la question est évidemment négative. Pour Emmanuel Hervé « Notre projet est complémentaire à ceux de Dijon, Lyon et Paris-Rungis. Nous axons sur le volet culturel, sans se concentrer uniquement sur un seul lieu, nous allons nous déployer sur tout le territoire ». Pour le président de l’association deux missions seront notamment essentielles pour faire vivre ce label : le soutien à des évènements existants (Vitiloire, Salon du Livre Gastronomique, Biotyfoule, « Au Coeur des Halles »…) et la création d’évènements propres à destination du grand public, à l’image de ce premier Grand Repas qui devrait être renouvelé à l’automne prochain avec cette fois une ambition de 100 000 couverts.

Le projet se démarque ainsi de ceux des autres villes du réseau Cités de la Gastronomie (Dijon, Paris-Rungis et Lyon) dont les projets reposent eux sur un lieu emblématique tourné vers le tourisme. Pour Serge Babary « Les projets de Dijon, Lyon ou Rungis vont coûter des dizaines de millions, comme l’ancien projet qu’il y avait à Tours. Aujourd’hui notre projet est sur les rails, tandis que les trois autres sont loin d’être prêts. Nous avons préféré nous concentrer sur le contenu plutôt que le contenant ».

Si les intentions sont là, il reste maintenant à faire ses preuves, à commencer par la partie rayonnement que doit apporter ce label. Une partie à peine abordée hier par les intervenants et qui manque pour le moment de visibilité. Or c’est bien de visibilité que la Cité de la Gastronomie tourangelle va avoir besoin pour se faire connaître et faire face aux autres villes du réseau. En effet, s’il n’y a ouvertement pas de concurrence au sein de ce réseau dont la vocation touristique est première, les quatre cités risquent malgré tout de devoir se partager le gâteau et l’appétit de certaines pourraient devenir un frein au développement des autres.


Un degré en plus : Et ailleurs cela donne quoi ?

Les projets de Lyon et de Dijon sont bâtis sur le même modèle et sont quasiment au même stade d’avancement. Ces deux projets reposent sur des réhabilitations importantes de bâtiments existants (l’Hôtel Dieu pour Lyon, l’Hôpital Général pour Dijon). Des réhabilitations aux coûts importants puisque le projet de Dijon avait été estimé à 55 millions d’euros en 2013 et celui de Lyon à 18 millions d’euros. Ces lieux emblématiques centraliseront les projets respectifs de ces deux villes (autour du thème de la nutrition et de la santé pour Lyon et sur le thème de la gastronomie et culture de la vigne et du vin pour Dijon) et sont directement tournés vers la manne touristique potentielle. A Dijon, la ville espère ainsi accueillir 500 000 visiteurs par an. Des lieux autour desquels émergeront également des restaurants, commerces ou hôtels. Du côté de Rungis, ce sont 70 millions d’euros qui sont injectés dans le projet piloté par le Grand Paris. Un projet qui est le moins avancé des quatre cités. Avec la volonté de construire un complexe gastronomique à proximité du célèbre marché de gros, l’association pilotant le projet s’est heurtée à plusieurs difficultés qui ont repoussé les échéances et la Cité de la Gastronomie de Paris-Rungis, ne pourrait voir le jour qu’à l’horizon 2020-2023 désormais.

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