La Cité de la Gastronomie a-t-elle du plomb dans l’aile ?

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La Cité de la Gastronomie a-t-elle du plomb dans l’aile ? C’est la question que l’on peut se poser suite aux mouvements en coulisses autour de l’association porteuse du label « Tours, Cité Internationale de la Gastronomie ». Dernier exemple en date, le passage du festival « Tours et ses Franco-Gourmandes » dans le giron de Tours Evénements.

Tours, Cité Internationale de la Gastronomie : une association au service d’un label.

La ville de Tours a été sélectionnée en 2013 par le Ministère de l’agriculture, en compagnie de Paris-Rungis, Dijon et Lyon pour faire partie du réseau des cités internationales de la gastronomie. Un réseau créé pour valoriser l’inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco du « repas gastronomique à la française ». Pour Tours, cette labellisation était une récompense et une suite logique, cette inscription à l’Unesco ayant été initiée par l’IEHCA (L’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation) basé à Tours.

Depuis cette labellisation, le projet de Tours a connu néanmoins plusieurs péripéties. Piloté par l’ancienne Municipalité et par Jean Germain en personne, le projet original était conçu autour d’un nouveau bâtiment « totem » qui devait être construit sur les bords de Loire, à proximité de la faculté des Tanneurs. Un bâtiment qui aurait été relié à l’île Simon par une passerelle piétonne. L’île étant alors repensée autour de ce projet ambitieux, estimé à 35 millions d’euros.

Elu en 2014, Serge Babary décide de se donner le temps de la réflexion pour repenser le projet à moindre coût. Un nouveau projet est alors confié à une nouvelle association créée en mars 2015. C’est cette association qui porte aujourd’hui le projet pour le compte de la ville de Tours, seule détentrice du label en question.

Une association qui peine à convaincre

Sur le papier l’histoire était entendue, l’association « Tours, Cité Internationale de la Gastronomie en Val de Loire » devait porter le label sur le plan culturel et touristique. Labellisée sur un thème précis,  « la gastronomie, un art de vivre à la française », Tours, contrairement aux autres cités, s’affranchissait alors d’un projet autour d’un lieu totem pour développer « du contenu plus que du contenant ». Dans les faits, le projet tourangeau se concentre dès lors sur quatre domaines : la formation et la recherche, la culture et le tourisme, les liens avec les producteurs locaux et les produits du terroir, et enfin l’éducation à la santé et au bien-être, mais peine à être visible et lisible à l’extérieur de son propre milieu.

Pourtant tout est loin d’être négatif, l’association ayant réussi à être fédératrice en regroupant notamment 150 acteurs du territoire autour du projet. « Ce n’est pas parce que ce n’est pas visible que cela veut dire que cela ne bouge pas. Le travail sur le terrain est fait » raconte ainsi un acteur du projet.

A son bilan on retrouve également plus de 70 manifestations en 2017, de tailles variables. Des manifestations à la fois organisées à la Villa Rabelais (une soixantaine de conférences, rencontres, débats, expositions…) où l’association, l’IEHCA et le Pôle Alimentation de l’Université ont trouvé refuge depuis janvier 2017, mais aussi des événements déjà existants et labellisés depuis du tampon de la cité de la gastronomie.

Relire sur Info Tours : Cité de la Gastronomie : La Villa Rabelais comme vitrine

Mais si en 3 ans, le projet a bel et bien avancé, il a néanmoins peiné à convaincre et notamment les collectivités, principaux financeurs de l’association et du projet (en 2017, sur un budget global de l’association de 500 000 euros, la moitié venait des collectivités). « Je suis un peu dubitatif sur la manière de faire sur certaines choses » commente ainsi Christophe Bouchet le maire de Tours quand nous l’interrogeons sur l’avenir du projet. Du côté de la Région, autre partenaire de la Cité, on sent également une gêne quand on fait de même et qu’on interroge sur un récent appel à projets lancé pour des  « manifestations et salons de la gastronomie » et on nous renvoie à début mai pour une prise de position officielle à ce sujet. Il y a deux mois, Jérôme Tebaldi nous confiait également qu’il fallait certainement revoir certains points avec la Cité de la Gastronomie (article à retrouver sur Info Tours ici).

Des critiques entendues par certains acteurs de la Cité de la Gastronomie mais pour qui « il faut du temps pour installer de tels projets dans un territoire et ce temps ne correspond pas au temps politique qui est plus bref et immédiat ».

La partie événementielle de la Cité de la Gastronomie transférée à Tours Evénements.

En février dernier, lors de son Assemblée Générale, l’association se voulait positive sur son avenir et dressait même un bilan élogieux de ses actions à commencer par Le Grand Repas et la 1ere édition du festival « Tours et ses Franco Gourmandes ». Emmanuel Hervé, le président de la Cité de la Gastronomie, en profitait même pour annoncer officiellement la tenue d’une 2e édition sous son égide du 14 au 16 septembre 2018. Les observateurs présents avaient remarqué à cette occasion l’arrivée de Tours Evénements dans les nouveaux partenaires du projet. De quoi conforter une rumeur de reprise en main de certaines activités par ces derniers. Une rumeur qui n’en est plus une, La Cité de la Gastronomie ayant annoncé ce mercredi 11 avril sur sa page Facebook que le festival « Tours et ses Franco Gourmandes » passait bel et bien dans le giron de Tours Evénements.

Oui mais derrière l’organisation de ce festival, c’est toute celle de la Cité de la Gastronomie en réalité qui est en train d’être revue. « Il nous parait aujourd’hui logique et naturel que la partie événementielle de la Cité de la Gastronomie passe à Tours Evénements qui est le bras séculier de la ville dans ce domaine et qui a une expertise que ne peut avoir une association thématique qui n’est pas équipée pour cela » explique ainsi Christophe Bouchet qui confirme ici sa volonté d’un meilleur contrôle de la ville sur les projets portés en son nom.

Un transfert de compétences qui devrait s’accompagner d’un second, selon le souhait du maire de Tours : le passage de la gestion du volet académique (le plus important) du projet de Tours Cité de la Gastronomie à l’IEHCA.

Quid dès lors de l’association en elle-même ? « Elle continue aujourd’hui de fonctionner et nous allons regarder comment elle le fera plus précisément dans un futur proche » poursuit Christophe Bouchet. Il n’en reste pas moins que dépourvue de ces deux volets, l’association qui peinait déjà à exister dans le débat public et à être visible va forcément s’en retrouver affaiblie.

NDLR : Nous avons tenté de joindre la communication de l’association « Tours, Cité Internationale de la Gastronomie en Val de Loire » sans réussite.

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