Surtout connu pour sa gestion de l’électricité, le Syndicat Intercommunal d’Energie d’Indre-et-Loire (SIEIL) – qui vient de fêter ses 80 ans – peut aussi gérer le gaz des communes du département depuis 1998. Un vingtième anniversaire qui est l’occasion de faire le point sur les 105 communes qui ont déjà délégué cette compétence au SIEIL dans le 37, alors que le gaz naturel devrait jouer un rôle majeur dans la transition énergétique.
Certes le gaz naturel est une énergie fossile et la transition énergétique consiste principalement à les éliminer peu à peu, tout en réduisant par ailleurs l’énergie nucléaire. Pour autant, il a la cote par rapport à son cousin le charbon et son bilan CO2 catastrophique et, dans une moindre mesure, par rapport au nucléaire et ses risques, ses déchets et le coût faramineux du démantèlement et de la construction des centrales.
C’est pour cette raison que le développement de son utilisation, notamment dans des zones rurales et semi-urbaines est en train de devenir un enjeu bien plus considérable qu’il n’y paraît. Enjeu que le SIEIL a bien su prendre en compte dans sa stratégie de développement, notamment en s’associant avec d’autres syndicats d’énergie voisins (Indre et Eure-et-Loir pour le moment) : un groupement d’achat qui a permis de réduire la facture pour les communes de 19% entre 2015 et 2017 !
De plus, le développement du biogaz obtenu par méthanisation incite encore davantage à la création de réseaux ou à l’agrandissement de réseaux déjà existants : même si ce n’est pas encore le cas à ce jour en Indre-et-Loire, il peut être intégré aux circuits de gaz naturel, ce qui signifie que les investissements structurels d’aujourd’hui pourront servir à véhiculer l’énergie de demain !
Petites et grandes unités de méthanisation : l’avenir du gaz
Bien qu’encore peu nombreuses aujourd’hui dans la Région Centre Val de Loire avec 5 % de la production nationale pour 12 GAWh/an (d’autres régions françaises sont plus en avance : le quintet Hauts-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Ile de France et Auvergne-Rhône-Alpes représente près de 75 % de la production française à lui seul), les unités de méthanisation de petite et moyenne tailles sont en plein essor.
Actuellement 6 projets sont construits et 15 sont en construction en Indre-et-Loire, le plus souvent en cogénération (production simultanée de chaleur et d’électricité), la plupart suivies de très près, voire initiées par EnerSieil (qui deviendra bientôt «EnerCentre») la filiale énergies renouvelables du SIEIL. Depuis 2014, deux initiatives hors Sieil sont à noter : une ferme de Pernay qui fournit du gaz à la commune en valorisant environ 12.000 tonnes de déchets par an et la laiterie de Verneuil, qui possède elle aussi sa propre unité de méthanisation. Des modèles qui fonctionnent et sont donc observés de près.
Actuellement, la principale limite est la quantité de déchets recyclables : il en faut un minimum pour que l’unité de méthanisation fonctionne et soit rentable. L’avenir de cette filière pourrait aller de pair avec celui des agriculteurs, qui deviennent potentiellement des «énergiculteurs», c’est-à-dire des producteurs d’énergie – d’abord pour eux-même, mais aussi pour les logements et bâtiments collectifs qui les entourent -, même s’il reste du chemin à parcourir pour les accompagner dans cette démarche.
Le rôle du SIEIL
Une délégation par la commune de la compétence gaz au Syndicat d’Energie, c’est le moyen de confier à un expert les problématiques liées à l’entretien et/ou à l’installation d’un réseau dans une commune. Le Sieil fait le lien entre les fournisseurs de gaz naturel (l’ouverture à la concurrence date de 2015), les bailleurs sociaux, les élus, les techniciens… Cette adhésion coûte à la commune 1000 euros + 10 euros/habitant par an. L’autre avantage très important du Sieil c’est qu’il a pour vocation d’investir d’importantes sommes d’argent et de monter des dossiers de financement sur des projets non rentables au départ. Ainsi à Châtillon-sur-Indre par exemple, un projet d’hôpital à trois ans justifie l’installation dès aujourd’hui d’un réseau de gaz. «Nous prenons régulièrement des risques financiers, mais jusqu’à maintenant, nous avons toujours gagné nos paris !» s’enthousiasment en chœur Gérard Martellière, Vice-président au gaz et Antoine Trystram, Vice-président en charge de la prospective et maire de Semblançay.
Un degré en plus
> Le SIEIL c’est aussi l’électromobilité et les réseaux locaux d’électricité.
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