À une époque où le numérique prend une place prépondérante dans la vie des jeunes Tourangeaux, l’association « De l’or dans les mains » tente de replacer la pratique manuelle au cœur du système éducatif. Elle a emmené des artisans de la région au collège le Réflessoir à Bléré ce jeudi 23 janvier.
“Il n’y avait plus de temps à l’école pour que les élèves fassent des choses avec leurs mains”. C’est à partir de ce constat qu’a été fondée, en 2021, l’association De l’or dans les mains par Gabrielle Légeret. Cette Tourangelle avait précédemment créé une chaîne de podcast du même nom dans le but de mettre en avant des artisans et des producteurs du Centre-Val de Loire.
Depuis la disparition des cours d’EMT (Enseignement Manuel et Technique) dans les programmes scolaires des collégiens, l’association déplore un manque d’occasions pour les élèves de découvrir des métiers manuels.
Pour pallier ce manque, De l’or dans les mains propose gratuitement des ateliers pratiques animés par des artisans locaux dans les établissements scolaires. Intervenant principalement auprès des élèves de 5e, ces ateliers sont conçus pour être en lien avec les programmes des cours, permettant aux élèves de percevoir concrètement l’utilité de leurs apprentissages.
“Par exemple, ils vont faire de la géométrie en faisant des patrons pour coudre un étui à brosse à dents en tissu ou encore faire de la SVT en confectionnant des pièces de fleuristerie”, explique Audrey Legendre, responsable régionale Centre-Val de Loire de l’association.



Avec ce dispositif, chaque élève bénéficie d’un programme de 15 heures d’ateliers par an, soit trois sessions d’ateliers dispersés dans l’année scolaire.
Sérigraphie, céramiste, graveur sur verre,… les collégiens ont de quoi s’occuper pendant ces ateliers. C’est également l’occasion pour eux de se sensibiliser au développement durable, avec des projets de récupération et de recyclage.
Aujourd’hui, De l’or dans les mains intervient dans 6 collèges de Centre-Val de Loire :
- Collège André Bauchant à Château-Renault (37)
- Collège La Rabière à Joué-lès-Tours (37)
- Collège Le Réflessoir à Bléré (37)
- Collège Philippe de Commynes à Tours (37)
- Collège Julien Dumas à Nérondes (18)
- Collège Marcel Pagnol à Vernouillet (28)
Des élèves et des professeurs conquis
“Je trouve ça bien parce qu’on fait nous-même. Et on ne fait pas qu’observer. On peut poser des questions et, surtout, on nous répond.” C’est ce qu’explique une élève du collège le Réflessoir de Bléré à l’issue de l’atelier animé par Colette Dubreuil, fleuriste et Maître Artisan tourangelle.
Cet état d’esprit se retrouve dans une très grande majorité des collégiens participants aux ateliers De l’or dans les mains. Entre sentiment de fierté et émerveillement, certains d’entre eux découvrent même des compétences et des talents insoupçonnés. “J’ai des professeurs qui m’ont rapporté qu’ils n’avaient jamais vu leurs élèves aussi motivés et impliqués”, raconte Audrey Legendre.
Une satisfaction qui semble se refléter dans les chiffres. Selon une étude de satisfaction réalisée par l’association, 87% des enseignants ont constaté un impact positif sur le comportement des élèves suite aux ateliers.


Un impact positif pour les élèves mais aussi pour les artisans
Si, comme on l’a dit, les collégiens voient une opportunité de découvrir des métiers et de développer leurs compétences manuelles, De l’or dans les mains est aussi une aide précieuse pour les artisans volontaires.
En plus d’être une source de revenu supplémentaire (générée par l’association), c’est d’abord un moyen de transmettre leurs savoirs aux jeunes générations et, pourquoi pas, susciter des vocations.
Ce dernier point est aujourd’hui un enjeu crucial pour le monde de l’artisanat français car, selon la Chambre des Métier et de l’Artisanat, près de 300 000 entreprises issues de la pratique artisanale se retrouveront sans repreneur d’ici ces 10 prochaines années, par manque de personnes formées et qualifiées.
C’est aussi l’occasion de mettre en valeur leur métier en montrant aux élèves “l’envers du décor” de la fabrication d’objets du quotidien. C’est ce que fait, par exemple, Guillaume Dugast, fabricant d’articles de papeterie et sérigraphe à Bourges. Celui-ci enseigne la fabrication d’un carnet lors de ses ateliers :
“Je leur montre chaque étape : de l’impression de la couverture avec de la sérigraphie (à la main), à la partie reliure où les élèves vont choisir le fil, utiliser des outils comme des poinçons pour percer les papiers, etc… Et à la fin ils repartent tous avec un cahier !”
Chez De l’or dans les mains, le local prend une grande place dans le choix des ateliers proposés aux collèges. Pour cela, l’association collabore avec des artisans de la région. Le but : montrer aux élèves le potentiel professionnel disponible autour d’eux.
Forte de son succès, l’association est aujourd’hui présente dans six régions à savoir le Centre-Val de Loire, la Bourgogne-Franche-Comté, l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Île-de-France, la Normandie et la Nouvelle-Aquitaine.
Aussi, selon l’organisme, celui-ci compterait plus de 200 collèges en liste d’attente pour accueillir des ateliers. Voyant cette expansion prendre de l’ampleur, l’association travaille aujourd’hui à confier la gestion en présentiel des ateliers de chaque collège au réseau de bénévoles, plutôt qu’aux responsables régionaux (chaque région dispose d’un seul responsable régional).
Le rôle clé des bénévoles
En parlant de bénévoles, ceux-ci sont essentiels au bon fonctionnement des ateliers. Véritable relais entre l’association et les artisans, ils ont pour mission de répondre aux besoins logistiques et organisationnels de ces derniers et contribuent ainsi au bon déroulement des activités en étant directement sur place.
Les bénévoles sont souvent des personnes qui ont un attachement particulier pour les métiers manuels et qui souhaitent les valoriser. C’est par exemple le cas de Yann, militaire à la retraite :
“J’ai toujours eu un attachement très fort aux métiers manuels parce que, moi-même, je viens de ce monde-là. Et une fois jeune retraité, je me suis dit ‘’Je ne peux pas rester sans agir pour que l’on valorise ces métiers’’. Et ça fait bientôt 1 an et c’est toujours une joie de découvrir les collèges, de voir ces enfants. Être avec des jeunes, c’est formidable. Et je continue à émerveiller le jeune enfant que j’étais quand il voyait la matière. Ça me rappelle quelque 40 ans en arrière.”
Pour en apprendre plus sur l’association, rendez-vous sur delordanslesmains.com .