[De la Touraine à l’Espagne 4/4] Une année Erasmus en Andalousie

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Cet automne, 37° a franchi la frontière pour explorer une partie de l’Espagne. De Barcelone à Séville en passant par Cervelló et Grenade, nous avons échangé avec des Tourangelles et des Tourangeaux installés de l’autre côté des Pyrénées mais aussi rencontré celles et ceux qui ont tissé des liens d’amitié forts avec notre région. De retour, il est temps de vous raconter leurs histoires et leurs aventures…

Près de trois mois après son installation dans la luxuriante et passionnante ville de Cordoue (sa mosquée-cathédrale est un bijou et les patios des ruelles sont tous plus beaux les uns que les autres), l’une des principales préoccupations de Michèle est d’apprendre la version espagnole d’une expression bien française : « tu te fous de moi. » Objectif futile mais qui illustre bien la situation de la jeune femme qui s’apprête à fêter ses 20 ans en décembre : aujourd’hui elle est pleinement intégrée dans la ville où elle est venue vivre pour un an, le temps d’une année Erasmus.

Pourtant, les débuts ont été difficiles… « Le premier mois je me suis demandé ce que je faisais là. J’avais le mal du pays, je me sentais abandonnée… » Au rayon des anecdotes, Michèle se souvient aussi d’avoir été déstabilisée en arrivant au supermarché, en constatant que la carafe d’eau n’existait pas dans les restaurants et que les boutiques étaient souvent fermées de 14h à 17h, à l’heure de l’indispensable sieste : « il faut le temps de se dire que l’on est dans un autre pays. Que ce n’est pas lui qui va s’adapter à toi mais que tu dois t’adapter à lui. »

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Michèle à Cordoue

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La Mezquita de Cordoue

Des découvertes permanentes

Maintenant, que c’est fait, « je me sens super bien ici. La ville est hyper agréable… Je vis dans un appartement toute seule et mon copain peut venir me voir régulièrement. Fin octobre-début novembre je me disais qu’il n’y avait plus grand chose à faire mais on découvre toujours une place ou une chapelle à la décoration chargée, dorée… Ou un petit palais sur lequel je suis tombé par hasard. En plus il y a forcément un créneau dans la semaine où les visites sont gratuites. Il y a aussi beaucoup de choses pour les étudiants : des voyages organisés et des événements tous les soirs ce qui manque un peu à Tours. Par exemple on a fait une visite théâtralisée de la ville pour Halloween. »

Actuellement, Michèle est en 3ème année de LLCER, une licence similaire à la plus célèbre LEA (Langues Étrangères Appliquées). La jeune femme envisage de poursuivre sur un master avant de se lancer dans le professorat. Dans ce cursus, l’année à l’étranger n’est pas obligatoire mais ils sont tout de même nombreux à être partis (elles sont 3 Tourangelles par exemple à Cordoue). Et si Michèle est aujourd’hui une passionnée de l’Espagne, ça n’a pas toujours été le cas :

Retrouvez les trois premiers épisodes de notre série avec Claire à Barcelone, la ville jumelle de St-Martin-le-Beau et Marie qui vit à Séville.

« J’avais un gros différent avec l’espagnol au collège mais au lycée à Châteauroux j’ai rencontré une prof qui m’en a fait tomber amoureuse. Elle a su me parler à cette époque de ma crise d’adolescence. Mais pour ma mère, c’était évident depuis beaucoup plus tôt : petite, je me déguisais avec des robes de flamenco et j’adorais les rythmes de guitare. Elle assure que j’avais ça en moi. Je ne m’en souviens pas, mais c’est vrai que c’est une culture qui m’a toujours intéressée. »

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Un pays où il est difficile de se régaler avec des légumes

Ayant beaucoup hésité avec Grenade ou Malaga avant de débarquer sur Cordoue (Cordoba en espagnol), Michèle est aujourd’hui dans son cocon, au point d’avoir envie de proposer des cours de français à des enfants espagnols : « j’ai créé plus vite des liens ou affinités ici qu’en France. Je sens que j’ai déjà changé, je ne suis plus la même personne. » Autre avantage : « même dans l’administration ils se prennent moins la tête. » Elle a même appris à aimer les célèbres aubergines au miel, un des seuls plats typiques du coin incluant des légumes avec le salmonrejo (une sorte de gaspaccho avec du jambon et des œufs de cailles).

Le manque de légumes (plus le fait qu’ils manquent de goût), Audrey en parle aussi beaucoup… A 21 ans, cette autre Tourangelle est également en Erasmus, mais à Grenade, au pied des splendides montagnes de la Sierra Nevada. Parmi les choses qui lui manquent : ne plus pouvoir faire le marché des Halles, de Velpeau ou de Coty : « ici les fruits et légumes sont locaux mais ils sont sans saveur, cultivés sous serre. Je suis allée à Malaga et sur la route je les ai vues : on dit que c’est une forêt de plastique… » Alors elle tente tant bien que mal de trouver du bio pour manger un tant soit peut équilibré (ça existe, il faut juste bien chercher).

Installation difficile mais intégration réussie

Arrivée en Andalousie le 2 septembre après une dernière année intense à Tours, Audrey habite à quelques rues des arènes de Grenade, un peu trop à l’écart du centre-ville à son goût, dans une colocation internationale avec 4 Espagnols et une Portugaise. Pas simple tous les jours (surtout au début, loin de ses animaux de compagnie restés chez sa mère, sans les amis, dans un logement pas toujours clean…) mais elle s’est vite entourée, notamment de français :

« Ça ne me pose pas de problèmes car je pratique quand même l’espagnol en permanence. A l’appartement on parle espagnol, à la fac les cours sont en espagnol, dans les soirées on ramène toujours quelqu’un d’autre qui fait qu’on va devoir parler en espagnol… »

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Audrey en Andalousie.

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Grenade.

En 3ème année de licence d’histoire après avoir tenté le droit sans succès, cette jeune femme hyper dynamique et souriante vit son expérience à 200% : « tout va très vite, se faire des relations ici est plus facile. On est un bon petit groupe, on fait des randos, on visite des villes et il y a plein de choses pour les Erasmus. » En résumé, « je me laisse porter » nous dit Audrey, qui a néanmoins eu bien du mal à venir à bout des démarches administratives indispensables : la voiture, la mutuelle, l’inscription à la fac et surtout l’obtention de sa bourse… « Fin juillet, j’étais un peu dévastée… » Finalement tout s’est arrangé, il lui reste juste à s’habituer, entre autres, à la façon de conduire locale : « le code de la route c’est compliqué… Certaines choses ne sont pas très logiques. »

A l’université, ça semble se passer plutôt bien, avec 20h de cours par semaine et des profs « que l’on tutoie et qu’on appelle par leurs prénoms » : « on peut choisir nos cours sur plusieurs niveaux, sachant qu’ici la licence se fait sur 4 ans », et elle apprécie tout particulièrement le cursus sur l’histoire des femmes dans les sociétés contemporaines.

Grenade, ville idéale pour une étudiante en histoire

La Tourangelle profite également du cadre « parfait » de Grenade, ville historique par excellence, contrôlée par les musulmans puis les catholiques. Le plus beau symbole de cette histoire est l’Alhambra, le monument le plus visité d’Espagne (environ 7 000 visiteurs par jour) avec ses Palais Nasrides, ses forteresses, ses jardins prodigieux… et des petits chats partout. L’étudiante tourangelle n’y a pas encore été mais cela ne saurait tarder. En tout cas, elle ne regrette pas du tout d’avoir suivi son instinct vers l’Espagne alors qu’elle étudiait aussi l’option d’une année dans un pays anglophone, pour la météo bien sûr (« seulement 48h de pluie en 3 mois, et ces jours-là il n’y a personne dans les rues ») mais aussi parce qu’elle adore parler, et que l’espagnol est devenu une passion depuis son passage au collège Anatole France, au point de lui faire oublier sa frustration initiale consistant à arrêter l’allemand au profit de la langue ibérique.

Pour la suite ? Audrey fera sans doute un Master, reviendra peut-être à Tours reprendre son poste de surveillante au lycée Descartes où embrayera sur une nouvelle vie ailleurs, s’imagine éventuellement prof de fac, un jour, ou alors dans un lycée… Fougueuse et aventurière, elle semble plus que jamais suivre ses instincts : « Erasmus, si on en a l’opportunité, ça vaut le détour » lâche-t-elle.

 

Un degré en plus :

Nous n’avons pas pu le rencontrer, mais nous avons également échangé avec Malick, en Master 1 langues et commerce international à Tours. Lui est à Huelva, également en Andalousie. Originaire de Dakar, au Sénégal, il a 24 ans et suit un Bachelor business et management, pour une durée de cinq mois (jusqu’en février). Titulaire d’une licence en LEA, il a été sélectionné à l’Université de Huelva après avoir envoyé une lettre de motivation.

« Mon choix n’a pas été fortuit. Au prime abord, j’avais une professeure d’Espagnol au collège qui s’appelait Sra Diangne qui a effectué ses études universitaires à Séville, nous parlant tout le temps de l’Andalousie, de son histoire et de sa culture, différente du reste de l’Espagne. Elle nous faisait lire des textes qui parlaient de la conquête musulmane en Andalousie, Al Andalus en Arabe et de la reprise de cette partie d’Espagne par les catholiques dirigés par le roi Fernando III. Du coup, quand j’ai eu l’occasion d’effectuer un séjour en Espagne, j’ai vite pensé à vouloir découvrir cette partie d’Espagne, riche en histoire et en culture. De plus, j’ai eu des amis qui m’ont conseillé la ville de Huelva parce qu’elle est moins chère et possède un climat doux. Les gens sont très chaleureux et toujours disponibles à aider les étrangers. J’aime les discothèques qui sont ici et la gastronomie. D’ailleurs, Huelva a été nommée ville gastronomique cette année en Espagne. On y voit d’autre part la culture ibérique et j’ai jamais su que c’était à Huelva que Christophe Colomb est parti pour aller à la découverte d’un autre continent. »

Il nous a envoyé quelques photos que vous pouvez découvrir ci-dessous…

Les images de Huelva…

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