Vente du château du Plessis à la ville de La Riche, cession par bail d’un site aux 2 Lions pour le projet Green Tech Campus, il aura suffi de deux délibérations mardi 08 juillet en Conseil Municipal pour que les débats s’animent puis dérapent avec comme finalité le départ des 4 groupes d’opposition de la séance du soir.
Si le départ des groupes d’opposition a de facto accéléré la fin du conseil municipal du mardi 08 juillet, il aura aussi illustré l’incapacité qu’ont les élus à avoir un débat mesuré. Le fonds du clash aura été donc la question des cessions de patrimoine de la ville de Tours. Un sujet déjà épineux entre majorité et opposition qui ont clairement deux visions politiques différentes, comme nous vous l’expliquions il y a quelques semaines dans un article :
(Re)lire notre article à ce sujet : [Face à face] La ville de Tours brade-t-elle son patrimoine immobilier ?
Que ce soit pour le Plessis ou le projet de Green Tech Campus, les critiques des élus de l’opposition municipale sont les mêmes : manque de transparence, décision prise en catimini, annonces faites dans les médias avant la présentation des projets en conseil municipal… « Nous n’avons pas eu les documents qui nous permettent de juger et de prendre des décisions » dénonce ainsi l’élue LR Marion Cabanne, tandis que le centriste Pierre Commandeur dénonce la manière de gérer la ville, loin selon lui de la concertation louée et vantée par la majorité municipale depuis son arrivée : « Vous décidez seuls dans votre coin, après vous faites des réunions d’information et après vous nous parlez constamment de concertation. »
L’élu de droite Thibaut Coulon s’est montré le plus virulent, dénonçant des problèmes de déontologie et la promotion par la ville d’un projet privé porté par Bouygues en ce qui concerne le Green Tech Campus.
Réponses du même acabit de la majorité qui dénonce à son tour un système opaque lors de la précédente mandature ou l’opacité des décisions à la Métropole (en réponse à Thibaut Coulon, vice-président de l’intercommunalité en charge des questions économiques).
Un petit jeu de « c’est pas moi, c’est toi » à l’air de déjà vu que nous avions déjà évoqué lors de sujets précédents. C’est d’autant plus dommage que derrière les attaques personnelles le fonds du débat portait intérêt. Comment la ville doit-elle gérer son patrimoine ? Faut-il et dans ce cas comment intégrer les élus d’opposition aux choix de la majorité, élue pour 6 ans, pour mener sa politique de la ville ?
Quel rôle doit avoir l’opposition ?
Au-delà des querelles verbales, tout cela mérite en effet de s’interroger sur le fonctionnement même de l’instance municipale. Pour bien comprendre tout cela, il faut revenir au système politique issu des élections.
Le système de scrutin majoritaire donne en effet les pleins pouvoirs ou presque à la majorité du maire en place. Les élus d’opposition étant souvent réduits à un rôle d’interrogation, de questionnement, de critique… mais sans pouvoir de décision. Du moins au premier abord et c’est ce qui ressort des séances publiques que sont les conseils municipaux. Mais une autre facette moins connue est le travail réalisé en commissions. Chaque collectivité en a plusieurs, souvent thématiques (culture, sport, vie économique…) où les élus sont partagés. La majorité et les groupes d’opposition désignent ainsi leurs représentants pour chaque commission, tandis qu’une séance plénière nommée commission générale peut être également convoquée pour des sujets d’importance.
C’est d’ailleurs souvent dans ce travail de commissions que le gros du travail des élus est réalisé. De l’avis de tous, ces réunions étant à huis-clos permettent de travailler réellement sur les sujets et de débattre de manière plus raisonnée. En clair, le travail en commissions prépare normalement les sujets à l’ordre du jour du conseil municipal, dont le rôle principal est d’enregistrer les décisions.
Or c’est justement, l’absence d’informations reçues en commissions qui agace l’opposition municipale. Rien de nouveau là encore, les critiques étaient exactement les mêmes dans le mandat précédent où la droite était majoritaire et la gauche minoritaire. Seulement, en se faisant élire sur la promesse de rénover la vie politique locale et en promettant une gestion transparente, la majorité d’Emmanuel Denis avait annoncé du changement. Et c’est justement sur ce point précis que l’opposition actuelle amplifie ses critiques. Et alors que le mandat entame son dernier tiers, nul doute qu’elles devraient revenir régulièrement…