37° MAG

Politique, mobilités, aéroport… Le grand entretien du maire de Tours à l’occasion de la mi-mandat [Partie ½]

Facebook
Twitter
Email

Cela fait désormais trois ans, soit un demi-mandat qu’Emmanuel Denis a été élu maire de Tours. Une première pour un écologiste à la tête de la plus grande ville de la région Centre-Val de Loire, qui entrainait forcément beaucoup de curiosité, tant la promesse d’un renouveau était annoncée. Trois ans après, il a accepté de répondre à nos questions dans nos bureaux de la Rédaction de 37 degrés et Info Tours. L’occasion de dresser un bilan de son action à l’aube de la deuxième partie de son mandat… Première partie consacrée à la politique, les mobilités, l’aéroport… :

Lire également la deuxième partie concernant les projets urbains, la culture, le sport, le social… ici

Quel bilan général faites-vous de votre début de mandat ? Il y a notamment eu des critiques sur le fait que les gros projets peinaient à sortir de terre…

Emmanuel Denis : « Les gros projets comme vous dites mettent du temps c’est normal. De plus, on a eu un début de mandat un peu difficile avec les crises que nous avons eu et que nous avons du appréhender. Notre état d’esprit c’est avant tout beaucoup d’humilité et un esprit de responsabilité. Nous ne voulions pas faire n’importe quoi, ni avoir une politique uniquement centrée sur ces gros projets urbains. Pour moi les gros projets c’est le plan « écoles en transition », l’action face au dérèglement climatique, notre politique sociale… 

Après, oui il y a eu des critiques, mais c’est parce qu’il y a de l’attente. On se sent observés car on est la seule grande ville écologiste de la région. On est persuadés que non seulement il faut changer les paradigmes mais qu’on peut y arriver également. Nous sommes très déterminés avec des convictions chevillées au corps. On veut aller vers une ville plus accueillante notamment, contre les discriminations de toutes parts. Nous agissons au quotidien sur ces questions. »

On a l’impression qu’à Tours, les choses n’avancent pas aussi vite qu’ailleurs. Par exemple dans la région qu’Orléans est plus dynamique que nous.  

Emmanuel Denis : « Je ne pense pas, regardez les deux dernières grosses annonces faites sur la deuxième ligne de tramway qui est un projet à 500 millions d’euros d’investissements pour notre territoire ou encore le projet important du nouveau CHRU. Ce sont des projets forts.  

On mène également une politique d’urbanisme écologique importante comme en témoigne la future école Jean de la Fontaine avec sa structure en bois-paille. C’est de l’investissement pour l’avenir et le quotidien de nos habitants. »

Si on prend l’événementiel on a tout de même l’impression de prendre du retard face à nos villes voisines.

Emmanuel Denis : « L’événementiel a énormément souffert de la crise Covid mais cela repart et nous avons toujours beaucoup d’atouts comme le Palais des Congrès ou le Parc des Expositions. Nous engageons actuellement une refonte ambitieuse de Tours Evénements avec l’intégration de Tours Métropole dans la future SPL (Société Publique Locale) mais aussi une réflexion sur nos bâtiments. Je ne pense pas que le Parc des Expositions ait besoin par exemple d’une rénovation de plusieurs dizaines de millions d’euros. En revanche nous travaillons pour y intégrer des événements sportifs à l’avenir.

D’une manière globale, que ce soit pour la culture, le sport et l’événementiel nous devons aborder la transition écologique de ces secteurs. Cela passe par de la rénovation énergétique, la production d’énergies renouvelables comme l’installation d’ombrières et de photovoltaïques sur le parking du Parc des Expositions, ou encore la réflexion pour organiser des événements moins carbonés. Si je prends l’exemple du Grand Théâtre, la réflexion actuelle est de voir à être moins énergivores dans la construction des décors, réfléchir à des passerelles avec d’autres salles… »

Vous évoquiez la Métropole, sans refaire l’histoire, quelle est votre vision sur celle-ci ?

Emmanuel Denis : «Je suis concentré sur ma vice-présidence aux mobilité et Martin Cohen (ndlr : membre de la majorité municipale d’Emmanuel Denis et vice-président métropolitain également) sur la sienne qui concerne les déchets et la transition énergétique.On essaye de faire avancer nos sujets. De manière plus générale je suis pour un consensus sur le territoire. On souhaitait retrouver une place dans l’exécutif métropolitain car la métropole ne peut pas fonctionner contre sa ville centre, je suis satisfait que nous ayons trouvé un accord avec Frédéric Augis, le président de l’intercommunalité. Après il ne faut pas oublier que la Métropole reste jeune puisqu’elle date de 2017, il faut donc que le territoire digère cette métropolisation et les nouvelles compétences. C’est en bonne voie avec notamment une nouvelle génération d’élus qui est arrivée en 2020 et qui a envie d’aller de l’avant. »

L’affaire Frédéric Augis-Cédric de Oliveira peut-elle laisser des traces ?

Emmanuel Denis : « Je ne souhaite pas faire de polémiques à ce sujet et je n’en ai d’ailleurs pas fait tout en apportant mon soutien à Cédric de Oliveira et en condamnant les propos de Frédéric Augis. Pour le reste, la justice a été saisie, donc je n’ai rien à ajouter. »

Les élections sénatoriales approchent et à gauche les discussions sont en cours pour savoir s’il y aura une liste d’union ou non. Cela peut-il influer sur la stabilité de votre majorité municipale ?

Emmanuel Denis : « Tout d’abord, je suis favorable à une liste commune qui représente les nuances de la Nupes. Nous avons vu que l’union fonctionnait en 2020 et aux Législatives aussi. Même si les Sénatoriales sont des élections particulières il faut aller dans ce sens. Il y a des discussions oui aujourd’hui mais on garde une cohésion sur la volonté d’une liste commune, on verra si cela pourra se faire mais cela n’impactera pas notre majorité qui est composée en plus par 50% de personnes non-encartées. »

Venons-en aux Mobilités, ces derniers mois on a presque plus entendu parler du « RER tourangeau » que de la deuxième ligne de tramway, avec l’impression que les annonces sur l’un cachaient les difficultés sur le second…

Emmanuel Denis : « Je ne suis pas d’accord. Le tramway va entrer dans sa phase concrète. Il y a eu un an où on attendait les études de faisabilité c’est tout. Aujourd’hui on est sur les rails et la deuxième ligne de tramway est un projet d’intérêt général qui va permettre de désenclaver des quartiers et c’est aussi un élément structurant majeur pour la révolution des mobilités. En faisant le tronçon La Riche-Chambray on va pouvoir faire un réseau de trois lignes avec par exemple une ligne La Riche-Gare de Tours ou Chambray-Gare de Tours. Cela ouvre de nouvelles possibilités. »  

Il reste des inquiétudes chez les riverains du boulevard Jean Royer, comment pouvez-vous les rassurer ?

Emmanuel Denis : « Je donne déjà rendez-vous aux riverains ce mardi 20 juin puisqu’une réunion publique est organisée sur le sujet. Ensuite l’amélioration technologique du matériel fait qu’il y aura moins de nuisance que pour la première ligne. Nous allons également revoir le plan de circulation pour supprimer le trafic de transit. Ce ne sera pas une avenue Maginot bis. »

La révolution des mobilités que vous prônez passe donc aussi par le « RER Tourangeau ». Est-il vraiment réalisable ?

Emmanuel Denis : « Tout a fait car nous ne partons pas de rien, nous avons des structures existantes grâce à l’étoile ferroviaire. Ce Service Express Régional Métropolitain (SERM) et un projet de plusieurs dizaines de millions d’euros mais qui peut se faire progressivement et par étapes. On peut envisager assez rapidement l’ouverture d’une halte à la gare de Fondettes-Saint-Cyr et à La Ville aux Dames puisque les pré-études sont faites ou encore dans un deuxième temps à Verdun à Tours. Tout ceci devrait s’éclaircir avec le Contrat Plan Etat Région (CPER) mobilités attendu pour l’automne et dans lequel ce projet devrait s’inscrire pour les financements.  

Concernant l’aéroport, le nouveau délégataire sera bientôt connu. Quel est votre souhait personnel ?

Emmanuel Denis : « Je reste sur les positions que j’ai toujours défendues : il ne faut pas de subvention publique pour le transport commercial (ndlr : les vols passagers » et il faut faire sans Ryanair qui est « un patron voyou ».  

L’un des sujets qui risque de devenir brulant c’est celui des ZFE (zones à faibles émissions) qui doivent être instaurées à partir de 2025. Comment gérer ce dossier ?

Emmanuel Denis : « Tout le territoire doit se sentir concerné et pas seulement la ville de Tours. Il faut rappeler également que le sujet initial c’est de baisser la pollution atmosphérique qui fait 50 000 morts par an en France. Nous mettons en place une gouvernance sur le sujet avec des représentants de chaque commune mais aussi les autres intercommunalités du département, les chambres consulaires… car cela va impacter tout le monde. Il faudra qu’on instaure cela de manière progressive, d’abord en 2025 pour les véhicules crit’air 5, puis deux ans plus tard les crit’air 3 et 4.  

Pour finir sur les mobilités, parlons de la politique cyclable. Après avoir installé une première vélorue, rue d’Entraigues, il y en a -t-il d’autres en projet ?

Emmanuel Denis : « Pas dans un premier temps car nous nous concentrons sur le nouveau plan de circulation de la ville de Tours. C’est cela la priorité et c’est un gros sujet. Il y a aussi le schéma cyclable de la Métropole qui ne va pas assez vite car c’est un dossier complexe également. Je vais prochainement présenter les choses aux associations cyclistes. Ce que je peux dire c’est que les gros travaux sur ce schéma cyclable devraient démarrer pour 2024-2025.« 

Lire également la deuxième partie concernant les projets urbains, la culture, le sport, le social… ici

Propos recueillis par Mathieu Giua et Olivier Collet

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter