Animalisme, anti-spécisme, véganisme … ces termes ne vous disent peut-être pas grand chose. Pourtant, ces sujets sont de plus en plus ancrés dans les débats, notamment avec la montée du mouvement écologiste. Pour beaucoup, ce genre de mouvement peut vite s’affilier à des pensées extrémistes, où les militants use du “choquant” pour exprimer leur lutte. Mais qu’en est-il vraiment ? Quelles sont les véritables valeurs de la pensée animaliste ? Pour le savoir, nous sommes allés à la rencontre de Emilien Cousin Hamelal, coordinateur de l’association Educ Pop Animaliste mais aussi candidat aux élections européennes pour le Parti Animaliste.
Par définition, l’animalisme se caractérise par un mouvement défendant les animaux en tant qu’êtres sensibles. En clair, un animaliste considère que les animaux ne doivent pas être exploités par l’Homme. Ces militants se retrouvent également dans l’antispécisme, estimant que les animaux doivent être totalement égaux face aux êtres humains, notamment en termes de droit. Ils expliquent leurs propos en démontrant, à l’aide d’études scientifiques, que les animaux sauvages comme les cochons ou les poissons, sont aussi vifs d’esprit que les êtres humains.
Les militants animalistes partagent de nombreux principes portés par l’écologie. Pour eux, l’exploitation des animaux est un facteur majeur du dérèglement écologique (exploitation intensive, pesticides utilisés pour la nourriture des animaux, …) et doit donc être limitée pour garantir la survie de notre planète. Une pensée partagée par de plus en plus de Français : selon une étude de janvier 2024 de l’IFOP, 84% des Français se disent favorables à l’interdiction de l’élevage intensif.
En ce sens, les militants déterminent le véganisme comme une solution pour réduire l’empreinte carbone de notre société. Pour rappel, être vegan signifie ne consommer aucun aliment provenant d’un animal (œuf, lait, …). “Ce qui est le plus simple à mettre en place et ce qui a le plus d’impact, c’est l’alimentation”, explique Emilien Cousin Hamelal, militant animaliste, “aujourd’hui on peut très facilement se passer de viande.”
En effet, la nourriture vegan est de plus en plus présente dans nos rayons de supermarchés. De nombreuses marques et enseignes de magasin tentent progressivement de varier leur sélection de produits en proposant des steaks végétaux et autres substituts imitant quasi à l’identique le goût et l’apparence de la viande.
Un militantisme pacifique
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos apparaissent chaque jour, montrant (sans censure) des animaux tués en abattoir, des cadavres de veaux dans des usines, etc … Pour de nombreuses personnes, ces vidéos sont choquantes et surtout violentes. De la même manière, des manifestations sont organisées dans la rue avec, par exemple, des corps de poulets morts disposés sur des plateaux. Toutes ces actions viennent d’associations militantes telle que L214. Ces actes ont pour but de heurter la sensibilité du plus grand monde, ce qui peut donner une mauvaise image des militants, considérés comme violents.
Pour autant, Emilien Cousin Hamelal, qui a plusieurs fois participé à ce genre de happenings, dément totalement ce préjugé : “Ce n’est pas nous qui sommes violents, ce sont les abattoirs sur les vidéos qui le sont. Nous sommes totalement pacifistes. Par exemple, on a fait une manifestation statique devant le Parc des Expos pour lutter contre l’installation d’un cirque. Finalement, ce sont les circassiens qui sont venus nous insulter et nous menacer !”
Devenu vegan et animaliste à l’annonce de sa paternité en 2015, Emilien coordonne, depuis 2018, Educ Pop Animaliste, une association organisant différents évènements autour de la cause animale. “Le but de l’association c’est vraiment de montrer un message positif des militants animalistes, explique-t-il, parce que la cause animale ça parle à pas mal de gens mais dès qu’on parle de militantisme les gens ont tendance à avoir peur.”
Animaliste jusque dans les urnes
Depuis les élections législatives de 2022, Emilien est également partisan du Parti Animaliste. Ce parti politique, fondé en 2016, a pendant longtemps utilisé les périodes électorales pour sensibiliser à la cause animale. Aujourd’hui, il ambitionne à véritablement se faire une place au Parlement Européen en juin prochain.
54e candidat sur les 81 de la liste du parti, Emilien se dit confiant quant aux résultats du prochain scrutin : “On est un petit parti donc je sais que, personnellement, je n’ai aucune chance d’être élu. Mais, on espère au moins voir notre tête de liste, Hélène Thouy, gagner un siège pour essayer de changer les choses à l’échelle de l’Europe.”
Atteignant les 2,2% aux dernières élections européennes sans réel budget consacré à la communication, le Parti Animaliste a, cette année, mis toutes les chances de son côté pour atteindre les 5%, notamment en distribuant des professions de foi dans les boîtes aux lettres des électeurs.
Côté stratégie, le parti compte sur les électeurs hésitants et les abstentionnistes pour gagner des voix : “Si les gens aiment les animaux, et qu’ils ne savent pas pour qui voter, on les invite à voter pour nous plutôt que de voter blanc ou de s’abstenir”, déclare Emilien.
Concernant son programme, plusieurs sujets sont abordés. On retrouve, par exemple, la reconversion des exploitations de grands élevages industriels vers des cultures végétales, l’interdiction d’importations et d’exportations d’animaux sauvages ou encore un financement pour la création de centres de soins et de sanctuaires pour les animaux sauvages.
Selon un sondage réalisé en mai 2024 et publié par Les Echos, le Parti Animaliste compte, pour l’instant,1% des intentions de vote aux élections européennes.