Terres du Son 2016 – The Shoes in the Woods : l’interview exclusive 37 degrés ! #tds2016

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Jusqu’au bout cette édition de Terres du Son aura été folle : alors que nous avions perdu notre chemin dans les fougères et sous les chênes depuis trois bonnes heures, nous voilà dans une clairière nez à nez avec The Shoes et leur chien Pepsi Max. Ni une, ni deux, nous prenons notre micro et nous les interviewons.

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37 degrés : On vous avait rencontrés au Printemps de Bourges en 2011 alors que vous jouiez sur la petite scène du 22 devant 200 ou 300 personnes. Cinq ans plus tard, si on faisait un point ?

The Shoes : Ouah ! On se souvient, c’était l’un de nos premiers concerts dans un festival important. Je crois qu’on avait joué juste avant ou juste après The Do (qui jouaient au Phénix à la Rock’N’Beat Party – ndlr). Depuis, on est toujours les mêmes personnes bien sûr, mais on a beaucoup avancé sur le plan scénique : à l’époque, notre show était très naïf, ça tenait avec deux bouts de ficelles, on n’avait pas d’éclairagiste, il y avait des choses installées sur une table de camping… Même si c’est toujours un peu le bordel, on a quand même étoffé tout ça.

37 degrés : En 2011 vous aviez déjà travaillé sur pas mal de projets et vous aviez eu pas mal de groupes ensemble. Aujourd’hui cela s’est stabilisé. Quelle place prend The Shoes dans vos vies ?

The Shoes : Entre-temps on a aussi vraiment appris le métier de producteur, avec notamment l’album et la tournée de Woodkid en 2013. On continue toujours cet autre métier, on a besoin des deux. Mais une chose est sûre, on ne va pas encore attendre quatre ans avant de sortir notre prochain album.

«Dès que tu essaies
de coller à la mode,
t’es ringard.»

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37 degrés : Vous voulez dire que le 3e est en route, vous avez déjà enregistré des choses ?

The Shoes : Eh oh, minute papillon ! (rires). En route, pas vraiment, mais l’envie est là et on va se dégager du temps très bientôt pour composer et lancer la machine. Les idées sont là aussi. Pendant quatre ans avant «Chemicals», on n’avait plus d’idées. Par contre on avait donné beaucoup d’idées à pas mal de gens… On était carrément paumés, il faut bien le dire. D’ailleurs, il faut se paumer pour mieux avancer. On composait chacun de notre côté, mais on avait plutôt des choses qui étaient dans l’air du temps, or dès que tu essaies de coller à la mode, t’es ringard. Donc autant ne rien sortir. Mais cette fois-ci pour le 3e, on a pris la décision d’enchaîner parce qu’on a plein d’idées qui nous paraissent intéressantes, et parce qu’on a une vraie envie aussi. Et parce que quatre ans, c’est trop long.

37 degrés : Pourquoi c’est trop long ?

The Shoes : On est un petit groupe, des gens nous ont oubliés. Quand tu t’appelles David Bowie, tu peux te permettre de ne sortir qu’un album tous les 4 ou 5 ans. Nous, personne ne nous attend, tout le monde s’en branle ! (Pas nous ! ndlr). Quand on a sorti «Chemicals» on avait peur que les gens nous aient oubliés, que personne ne nous suivent plus… Parce qu’on vit quand même à une époque où tout va très vite.

«Time to Dance», au départ,
on ne devait même pas
le mettre sur l’album.
On aurait fait une belle connerie, non ? (rires).

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37 degrés : On a quand même eu l’impression que «Crack the bones» n’en a jamais fini de sortir, qu’il a été découvert par vagues successives, parfois sur le tard, par plein de gens…

The Shoes : Oui, il a eu plusieurs vies, tout a été relancé notamment avec notre apparition au Grand Journal et avec la sortie du clip de «Time to dance», environ un an après la sortie de l’album. Ce single au départ, on ne devait même pas le mettre sur l’album. On aurait fait une belle connerie, non ? (rires). Et puis on n’a jamais vraiment disparu des écrans radar avec toutes les collaborations qu’on faisait (Julien Doré, Lilly Wood & the Prick, Yuksek, Philippe Katerine… ndlr), notre nom revenait régulièrement dans le milieu et dans la presse musicale. Quand «Crack the bones» est sorti, ç’a surtout été un succès d’estime au départ, c’est resté très confidentiel et nous, ça nous allait très bien. Beaucoup de gens ont découvert l’album quand «Time to Dance» a bien marché.

37 degrés : Vous allez continuer avec des featurings pour le 3e album ?

The Shoes : On va commencer par s’enfermer parce que c’est comme ça qu’on aime travailler. Et puis en effet on est tributaire des featurings parce qu’on ne sait pas chanter. On a des gars avec qui on a vraiment envie de travailler, c’est ça aussi qui nous motive. C’est un moteur. En général, on fait comme dans le rap : on fait des musiques d’abord et on en envoie plusieurs à la fois à des chanteurs avec qui on a envie de travailler. Et les mecs choisissent. D’ailleurs des fois on est emmerdés parce qu’ils choisissent les mêmes instrumentaux.

37 degrés : Vous gérez comment dans ces cas-là ?

Benjamin : On enregistre la voix sur un morceau, puis on la met sur un autre morceau !
Guillaume : Sur l’album, en effet il y a deux morceaux où les voix au départ ont été enregistrées sur le même instrumental. Et après pour la seconde, on a reconstruit complètement autre chose à partir du chant…

37 degrés : Et ça, c’est un processus de composition qui vous plaît ?

Guillaume : Oui, beaucoup. Et puis on a la chance de bosser avec des mecs qui n’ont pas un ego à la con, et qui acceptent ça. A partir du moment où ils chantent, ils nous disent «C’est vous les producteurs, vous faites ce que vous voulez avec le truc». Et ils n’interviennent jamais.
Benjamin : Ouais, ça on a du bol.
Guillaume : On a besoin de cette liberté. Et de cet équilibre, pour éviter que le projet The Shoes soit vampirisé par des featurings de chanteurs trop connus aussi.

37 degrés : Vous écoutez toujours autant de choses ?

Guillaume : Oui, énormément. On s’imprègne de beaucoup de styles et parfois de courant musicaux du passé. A un moment Benjamin était dans le krautrock à fond, il a été très loin là-dedans, il a acheté plein de disques et tout.
Benjamin : J’en ai à revendre, d’ailleurs !

Arrête de mettre des poils
dans ma bière, toi !

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37 degrés : Guillaume tu portes d’ailleurs un T-shirt qui ne nous rajeunit pas ! (la pochette de «Houses of the Holy» de Led Zeppelin de 1973 – ndlr)

Guillaume : Oui, ça ne nous rajeunit pas en effet et surtout c’est pas souvent qu’un groupe fait des pochettes comme ça… (Il parle au chien de Benjamin) Arrête de mettre des poils dans ma bière, toi !
Benjamin : Je précise qu’il parle au chien, parce que si c’est pour la radio, on va croire que c’est moi qui met mes poils dans sa bière, ça craint.
Guillaume : En règle générale, je ne parle par trop à Pepsi Max, le chien de Benjamin. Je n’aime pas trop la nature, ni les bêtes. Comme il est souvent avec nous en tournée, je dois faire avec. Mais ça ne m’enchante pas.
Benjamin : Oh arrête, tu fais le costaud, là, mais en fait tu l’aimes bien.
Guillaume : Non, ce n’est pas vrai. Il m’indiffère totalement.

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Un degré en plus

> Le chef d’œuvre de The Shoes, «Drifted», musicalement comme côté vidéo avec le travail fascinant de Dent de Cuir présentant des mèmes issus de la culture web et télé des quarante dernières années : des créations graphiques – principalement basées sur des assemblages de gifs animés – à l’humour dévastateur que l’on retrouve diffusées sur grand écran pendant cette tournée 2016.

> Un peu de nostalgie, le clip de Wastin’ Time. Sublime morceau d’une finesse et d’une douceur infinies, qui oscille entre Lloyd Cole, Woodkid et New Order, habillés par ces fameux chœurs qui seront pillés dans la foulée par une palanquée de groupes qui deviendront pour certains – pour un temps au moins – plus connus que The Shoes. L’occasion de remettre un peu les pendules à l’heure et de rendre à César ce qui appartient à César.

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