Originaire de Châteaudun, Margaux a fait les Beaux-Arts à Tours, puis un Master de Bande Dessinée à Angoulême. Elle a plusieurs projets sur le feu, mais sa dernière création – le clip événement du duo Ropoporose – la place sous les projecteurs du milieu musical. Nous l’avons rencontrée quelques jours après son retour du Salon de la BD d’Angoulême.
37 degrés : Vous revenez d’Angoulême, vous y étiez pour faire quoi ?
Margaux Chetteau : C’est la première fois que j’avais un stand, avec trois autres illustrateurs. C’était super. On a créé une association de bande dessinée avec des amis de ma promo. On était dans la bulle du «nouveau monde», l’espace réservé à l’édition indépendante. On vient d’éditer des petits livres thématiques qui seront en vente à Bédélire prochainement.
37 degrés : Quel est le profil type des gens qui font ce Master à Angoulême ?
Margaux Chetteau : Il n’y en a pas. La sélection se fait sur dossier, mais on n’a pas besoin d’avoir fait les Beaux-Arts avant. J’avais des amis qui avaient fait des choses très variées : médecine, audiovisuel, histoire…
37 degrés : Vos trois ans aux Beaux-Arts de Tours vous ont apporté quoi ?
Margaux Chetteau : Je dessinais depuis longtemps quand je suis arrivée aux Beaux-Arts et finalement j’ai très peu dessiné là-bas. J’ai passé mon DNAP (Diplôme National des Arts Plastiques) puis je suis partie car je ne m’y retrouvais pas vraiment. J’y ai quand même appris beaucoup de choses, comme la photographie, l’animation pâte à modeler et l’organisation d’un travail artistique et d’expositions. J’ai aussi fait pas mal de cours de modèles vivants, avec de multiples techniques, c’était chouette, ça permettait de découvrir plein de choses.
37 degrés : Y a-t-il de l’animation dans le Master que vous avez passé ?
Margaux Chetteau : Pas vraiment, mais comme le Master est lié à l’Ecole des Beaux-Arts d’Angoulême, il y a des possibilités de participer à des workshops à côté, ce que j’ai fait.
37 degrés : Ce clip de Ropoporose, c’est votre première animation ?
Margaux Chetteau : La première vraiment aboutie, oui. Sinon j’ai des petites choses dans mes tiroirs. Cela a été un gros travail, j’y ai passé des dizaines d’heures entre octobre et janvier.
37 degrés : Comment s’est fait la rencontre entre la musique et votre travail ?
Margaux Chetteau : J’aime beaucoup la musique, je dessine toujours en musique, et comme c’est un sentiment très fort, j’ai des images qui me viennent sur certaines musiques. Cela faisait un moment que j’avais envie de faire de l’animation et de l’animation sur de la musique parce que souvent ce qui me manque dans le résultat final de mes BDs, c’est la bande-son qui va avec. D’ailleurs, au Salon d’Angoulême, il y a des concerts dessinés, où des gens dessinent en direct pendant des concerts et leurs dessins sont projetés sur grand écran et s’intègrent à la prestation des groupes. Je trouve ça chouette, même si je ne me sens pas encore prête à franchir le pas.
37 degrés : Et pourquoi Ropoporose ?
Margaux Chetteau : J’ai découvert le groupe il y a un an à peu près, dans un programme du Temps Machine, je suis allé écouter sur bandcamp, j’ai acheté leur EP et je leur ai envoyé un petit mail, un peu au culot, pour leur dire que j’aimais leur univers et que je me tenais à leur disposition s’ils avaient besoin d’une illustratrice. Romain m’a répondu très vite que mon univers lui plaisait aussi. On s’est rencontré à Tours en octobre 2014 pour faire connaissance, Romain m’a fait écouter des morceaux de l’album auxquels il pensait pour une collaboration. Il avait mis «Consolation» en priorité et très vite c’est celle-là qu’on a gardée, elle semblait évidente.
37 degrés : On sent dans votre travail une influence des contes traditionnels, est-ce récent ?
Margaux Chetteau : Oui, au départ j’étais plutôt influencée au lycée et aux Beaux-Arts par des choses expressionnistes, par Tim Burton, Edward Gorey… Puis j’ai découvert l’univers de Kerascoët, j’ai fait mon mémoire sur la trilogie «Beauté» et c’est par ce biais que j’ai été sensibilisée au conte je pense.
37 degrés : Il y a une forte présence de l’arbre dans cette animation, l’arbre protecteur où on aime venir se réfugier, se blottir… Est-ce votre interprétation du thème de la consolation ?
Margaux Chetteau : Je voulais surtout faire une «balade musicale» à partir d’une ambiance sonore, mais forcément le titre a dû avoir une influence sur l’ensemble. Romain et moi étions dès le départ partants pour une balade nocturne et j’ai tout de suite vu la nature plutôt que la ville, la forêt s’est imposée d’elle-même. L’arbre est à la fois rassurant et effrayant.
37 degrés : Le multiple est un thème important pour vous ?
Margaux Chetteau : Oui, c’est lié au thème de l’identité qui domine mon univers, peut-être un peu trop d’ailleurs (rires). Au départ ça devait être une petite fille, puis j’ai trouvé plus intéressant que mon personnage ait plutôt une douzaine d’années, un âge où on se cherche, où on s’aventure.
37 degrés : Vous êtes contente du résultat ?
Margaux Chetteau : Oui, même si je referais peut-être deux ou trois choses si je pouvais, mais il faut savoir s’arrêter. Je n’ai pas travaillé en 24 images/seconde, mais ce côté un peu baveux et bancal correspond tout à fait à ce que nous voulions faire avec le groupe, ça va avec l’esprit de Ropoporose.
37 degrés : Vous travaillez sur quoi en ce moment ?
Margaux Chetteau : Je prépare une nouvelle publication avec un collectif, qui sortira en avril j’espère. Nous nous sommes imposé un thème, toujours dans le genre fantastique, là c’est le château. Chaque dessinateur participant avait une partie du château à développer, comme les escaliers ou les tours… Moi j’ai pris les cuisines !
Propos recueillis à Tours le 4 février 2015.
Crédits : photos : Laurent Geneix / dessins : Margaux Chetteau
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