On sait qu’en Touraine il y a pas mal de petites maisons d’édition de livres. Mais aussi plusieurs éditeurs de jeux de société. Le département est joueur, comme le prouve la présence de plusieurs boutiques spécialisées ou de bars qui proposent des animations spécifiques. De quoi encourager l’émergence de talents. Dernier né dans ce domaine : Lutra Games, de Rudy Delaplace.
Son plateau de jeu est exposé sous la verrière de Mame, lors de l’excellent marché de Noël organisé par l’association Germinal. Rudy Delaplace est venu présenter Otterwood au grand public, son premier jeu de société et le premier projet de la maison d’édition Lutra Games qu’il a créée pour l’occasion. « J’ai une grande affinité au jeu depuis longtemps, ça fait plusieurs années que j’en suis l’actualité et ça m’a donné envie d’essayer d’imaginer un jeu » nous explique ce doctorant en mathématiques qui a voulu se reconvertir après des difficultés relationnelles dans son précédent métier.
Originaire de Monts, Rudy Delaplace a mis 4 ans pour développer son projet. « C’est long car la création prend du temps mais il y a aussi la partie création d’entreprise pour la maison d’édition et la recherche de fonds » nous explique-t-il. Il avait notamment lancé une campagne de financement participatif via le site Ulule. Plus de 10 500€ avaient été rassemblés alors que l’objectif initial était de 6 000€. 171 personnes ont participé au projet. Les premières ventes sont également encourageantes, notamment sur les événements spécialisés (chaque boîte coûte environ 45€).
Le concept d’Otterwood est parti d’un constat : il y a beaucoup de jeux de société qui parlent du cinéma mais la plupart se concentrent sur la culture autour du 7e art (des quiz, par exemple). Là, l’idée est d’explorer l’industrie derrière les films, ce qui n’avait encore jamais été fait au moment ou Rudy Delaplace a commencé à travailler sur cet univers.
Son ambition a été de développer un concept simple, facilement industrialisable. « C’est pour ça que pour l’essentiel on utilise des cartes. Il fallait que ce soit simple à modifier s’il y avait besoin… et il y a eu besoin » glisse l’auteur-éditeur qui s’est entouré d’un graphiste blésois pour réaliser le design des cartes, du plateau ou de l’univers.
Les règles : « On va incarner un producteur ou une productrice dont le but est de laisser son nom dans l’histoire de l’industrie, via la sortie de films qui rapportent un maximum de points en fin de partie. Pour ça, il va falloir s’entourer de scénaristes, d’acteurs/actrices qui ont leur niveau, leur talent… Il faut composer avec eux pour marquer des points. » En gros, un jeu de stratégie et de gestion de cartes. On peut être entre 2 et 6 autour de la table, à partir de 10 ans (mais plutôt 14 ans pour en profiter au maximum. Il existe aussi un mode de jeu en solo.
Jouer à Otterwood nécessite-t-il une grande connaissance du milieu du cinéma ? Pas tant. « Quelqu’un qui n’a jamais vu de film de sa vie peut jouer » assure Rudy Delaplace qui précise que l’on peut apprendre des choses en chemin « car le jeu s’inspire du fonctionnement de l’industrie ». Cependant ce n’est pas le but premier. Quant aux cinéphiles, ils et elles y trouveront leur compte via les personnages : des animaux dont les noms parodient ceux des stars et figures du monde des salles obscures.

« J’ai dû voir plein de films que je ne connaissais pas pour les créer » nous glisse le créateur du jeu qui s’est un temps rêvé auteur de scénarios. « J’avais une bonne connaissance du milieu dont la mécanique s’est faite assez vite mais il m’a quand même fallu pas mal de recherches » ajoute-t-il, avec déjà l’envie de lancer un nouveau projet baptisé Cosmos, dont la sortie est espérée à l’été 2025. « Le concept est de former des galaxies à partir de trous noirs et de capter tous les astres environnants. Ça se joue avec les cartes qu’on a en main… et celles de l’adversaire » détaille Rudy Delaplace.
Sa société Lutra Games pourrait également éditer des jeux créés par d’autres. Elle sera en tout cas représentée au festival cannois du jeu de société fin février-début mars.