400 personnes attendues, toutes adeptes du vélo : ce jeudi 10 et ce vendredi 11 février Tours accueille le congrès de la FUB, la Fédération des Usagers de la Bicyclette, un rassemblement d’associations qui font la promotion de la pratique du vélo partout en France. Un événement important pour une ville qui compte de plus en plus de cyclistes, et où le maire écologiste promet de développer fortement le réseau de voies qui leur sont réservées d’ici la fin de son mandat en 2026. Mais où en est concrètement Tours dans ce domaine ? Pour le savoir, entretien avec David Selin, co-président du Collectif Cycliste 37, première association cycliste du département avec près d’un millier de membres.
La pandémie de coronavirus a débuté depuis deux ans. Et depuis deux ans on entend dire que c’est un événement bénéfique pour la pratique du vélo. Est-ce vrai ?
Oui on constate clairement qu’il y a plus de cyclistes à Tours : les compteurs qui les recensent sont en progression. Je suis un cycliste du quotidien et je vois que les arceaux de stationnement sont de plus en plus remplis. On le remarque aussi par rapport au nombre de gens qui viennent nous voir à l’association. Cela a trait à une prise de conscience citoyenne globale du changement climatique : il y a des gens qui se mettent à aller travailler en vélo, d’autres qui remarquent que faire des courses en centre-ville ce n’est pas si loin et qui prennent leur vélo… C’est une réflexion consciente ou inconsciente qui les encourage naturellement à faire du vélo.
Et de manière durable ?
C’est ce que nous montrent les chiffres : s’il y a de plus en plus de cyclistes c’est qu’ils continuent à faire du vélo. Je pense qu’une fois que le changement est activé on ne revient pas en arrière, sauf si une personne qui fait du vélotaf (= va au travail en vélo, ndlr) change de boulot et passe d’une distance de 5-10km à 50km.
Où est-ce qu’on en est au niveau du développement des pistes cyclables ?
On a bien progressé depuis la crise Covid, par exemple avec la piste bidirectionnelle provisoire du Pont d’Arcole (entre Tours et Saint-Avertin, ndlr). Il y a eu pas mal de bandes cyclables qui ont été faites en centre-ville et évidemment la fermeture du Pont Wilson aux véhicules. Tout ça c’est de l’amélioration mais il reste beaucoup à faire parce que nous ce qu’on demande ce sont des axes et itinéraires sécurisés, séparés du trafic automobile, pas des pistes sur les trottoirs. Si on regarde la situation actuelle à Tours et dans la Métropole on n’y est pas encore. On est en retard par rapport à d’autres agglomérations comme Lyon, Rennes, Lille ou Grenoble. Nos élus ont pris conscience que le vélo c’est important mais on n’a pas encore atteint le niveau d’investissement suffisant pour réaliser tous les objectifs.
Le fait qu’il y ait plus de cyclistes a pu entraîner des conflits d’usage (piétons-vélos ou voitures-vélos). Ils demeurent importants ou ils ont tendance à baisser ?
Le problème de ces conflits c’est qu’ils sont souvent le résultat des faiblesses d’aménagements comme les trottoirs partagés. On trouve aussi qu’il y a trop de voitures en circulation dans les rues, incitant des cyclistes à rouler sur les trottoirs car ils ne se sentent pas en sécurité sur la route. S’il y avait moins de trafic, la pression serait plus faible et certains retourneraient sur la chaussée.
La pandémie a entraîné une ruée sur les vélos neufs. Est-ce que c’est toujours aussi compliqué d’en acheter ?
On a toujours des difficultés car beaucoup de pièces sont fabriquées en Chine : leur acheminement est compliqué donc les délais pour du neuf sont conséquents chez les vélocistes. En revanche on peut se rabattre sur les modèles d’occasion comme ceux qu’on trouve sur Internet où que nous proposons et remis en état par notre technicien Willy. (les locaux de l’association sont situés dans le quartier Beaujardin de Tours, tout près de la Rotonde, ndlr).
Venons-en au congrès de la FUB : concrètement à quoi ça sert ?
La FUB est une association qui représente les cyclistes du quotidien et agit pour faire progresser l’usage du vélo en France. Cet événement va durer deux jours : le jeudi on commence avec l’ouverture d’un salon du vélo puis la présentation du troisième baromètre des villes cyclables, une grande enquête nationale de trois mois auprès des cyclistes afin de connaître leurs conditions de circulation et leur ressenti sur les villes qu’ils pratiquent à vélo. Les résultats sont très importants avec plusieurs palmarès selon les tailles de communes. Enfin le vendredi ce sera plutôt une journée d’études sur le thème « Le vélo, un défi collectif ». Nous organiserons plusieurs ateliers de réflexion avec des citoyens ou des élus.
Qu’est-ce que vous attendez de cet événement au Collectif Cycliste 37 ?
Depuis septembre 2021 on est en réflexion pour un nouveau projet associatif : nous souhaitons faire évoluer l’association, la solidifier. Donc cet événement c’est une façon de montrer à nos décideurs que le vélo c’est bon pour eux, pour les citoyens et donc qu’il faut améliorer le réseau cyclable.
Est-ce que le vélo peut-être un sujet de la campagne présidentielle ?
Faut pas se mentir, on aimerait. Mais plus que le vélo c’est plutôt les alternatives à la voiture en général. Malheureusement on voit qu’en réponse à l’augmentation des prix du carburant on parle surtout d’aides à l’achat de l’énergie alors qu’on devrait se focaliser sur comment on fait pour en dépenser moins. Et le vélo fait partie de la solution.