Les petits secrets du tram de Tours…

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Avec plus de 16 millions de voyages comptabilisés par an, le tram de Tours est vite devenu essentiel pour les déplacements dans l’agglo. Ce vendredi 31 août il fête ses 5 ans, et pour qu’il reste toujours aussi rutilant des dizaines de personnes le bichonnent tous les jours. Reportage en coulisses, au centre de maintenance de Tours Nord, près du terminus de Vaucanson.

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Gérer une ligne de tram, c’est une lourde organisation : plannings ficelés à la minute pour les agents de conduite, magasin avec plus de 5 000 références de pièces pour la maintenance, machine à laver géante pour nettoyer les rames… Tout ça on le trouve au centre technique de Vaucanson ouvert en 2012. Bien plus qu’un parking de rails ou qu’un garage, c’est une usine, un bâtiment à 25 millions d’euros par ailleurs présenté comme « basse consommation » qui a des panneaux solaires partout sur le toit et où l’on récupère l’eau de pluie pour laver les trams (une grande partie est ensuite recyclée).

Là-bas, il y a pratiquement de l’activité 24h/24. Tous les jours du lundi au vendredi, 2 rames sur 21 sont gardées au chaud pour contrôler l’usure des bogies (l’équivalent des roues) ou les pantographes (qui permettent de capter l’électricité). Il y a même en permanence une troisième rame dite « de réserve » qui ne sort pas du dépôt et peut partir à la dernière minute, en cas de panne ou d’accident.

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Ce centre est géré par Keolis, la filiale de la SNCF qui gère le réseau de transport Fil Bleu. C’est le camp de base des 135 conductrices et conducteurs (un peu moins de 20% de femmes) et des équipes chargées de l’entretien technique (11 personnes pour les tramways, une douzaine d’autres pour les distributeurs automatiques de billets, les écrans qui affichent les horaires en temps réel ou les installations électriques).

A l’étage le PCC (grande salle de gestion centrale du réseau avec mur d’écrans) est lui occupé de 4h15 à 1h30 avec une voire deux personnes en veille au moindre grain de sable. Au cœur de la nuit un gardien peut par ailleurs couper l’alimentation électrique à tout moment grâce à un bouton d’urgence et un « téléphone rouge ». Celui-ci est relié aux services des pompiers habilités à donner un tel ordre en cas d’intervention spécifique. C’est aussi dans cette salle que sont stockées les images des 139 caméras de surveillance des 29 stations de l’agglo, souvent demandées par la police pour les enquêtes. « Quand nos agents les regardent avec les forces de l’ordre l’efficacité de la recherche augmente de 40% » explique Séverine Lopes, qui chapeaute ce service.

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Florent, conducteur de tram depuis 6 mois : le jeune homme est aussi bien habilité à conduire les rames de la ligne A que les bus sur les autres lignes. Il travaille en alternance le matin, ou l’après-midi avec 6h-6h30 de conduite sur une journée de travail de 7h. En semaine, ou le week-end. Sa prise de service peut se faire au dépôt de Vaucanson mais aussi aux terminus ou à la gare de Tours.

En cas de départ du centre de maintenance, il prend 20 minutes pour vérifier la rame (propreté, problèmes techniques éventuels, fonctionnement des lumières…) et remplit un document, sorte de carnet de correspondance dans lequel il peut signaler d’éventuelles interventions à mener aux équipes compétentes.

60 mois après son inauguration, le tram de Tours parait presque aussi neuf qu’au premier jour : « il est relativement préservé » reconnait-on chez Fil Bleu. Des tags, des vitres brisées ou des sièges brûlés sont parfois recensés mais on nous affirme que c’est assez peu fréquent et, surtout, que dans la mesure du possible une rame n’est pas renvoyée en service tant qu’elle n’a pas été complètement remise à neuf et nettoyée pour conserver cette impression d’entretien impeccable. Le budget annuel dédié aux réparations des actes de vandalisme est de 500 000€.

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Le saviez-vous ?

Sur la ligne tourangelle, la journée commence toujours de la même manière : la première rame qui s’élance de Vaucanson vers Jean Monnet avant 5h du matin ne peut pas dépasser les 30km/h. A son bord, le conducteur doit en effet contrôler l’état de la ligne sur ses deux voies, et signaler par exemple des obstacles ou des problèmes techniques. Les aiguillages ou les câbles d’alimentation électriques sont également vérifiés.

Sur ses 14,8km, la ligne de tram alterne entre des zones bétonnées et d’autres où les rails sont entourés de gazon. Mais qui s’occupe de couper l’herbe ? « C’est nous à Keolis. Elle ne doit pas dépasser 5cm et elle peut être tondue au maximum toutes les semaines. Les agents interviennent en pleine journée, face au tram afin de les voir arriver et de se mettre sur le côté » nous explique Filipe Ferreira, en charge de la maintenance. Ce gazon peut également être arrosé. Le souci : près de 1 000 bouts de tuyaux sur 3 000 ont été volés l’an dernier… Ils ont donc dû être remplacés. Et le bilan sera sans doute identique pour 2018.

C’est aussi à Vaucanson que l’on stocke les objets trouvés dans le tram, « beaucoup de sacs à dos au moment de la rentrée, des parapluies en hiver, des paniers de courses les jours de marché… Un jour on a même trouvé un ballon de plage sur le toit d’une rame » nous expliquent les agents de Fil Bleu. S’ils ne sont pas réclamés au bout de 3 semaines, les objets de valeur finissent au service objets trouvés de la mairie de Tours, les autres sont donnés à Emmaüs.

Les fils électriques de la ligne aérienne de contact qui permettent au tram de s’alimenter en énergie en dehors du centre-ville ne sont pas droits, pour ne pas creuser le pantographe et donc ralentir l’usure de la machine. L’amplitude de largeur est de 40cm.

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Visite guidée du centre de maintenance…

Situé à quelques centaines de mètres de la station Vaucanson et du futur ciné multiplexe de Tours Nord, ses accès sont très contrôlés avec même un dispositif anti-intrusions qui détecte des présences impromptues. 5 lignes de remisage pouvant chacune accueillir 5 rames sont construites en extérieur, au bas d’un talus. Suffisant pour une seule ligne, ce parking à tramways peut facilement être agrandi pour y stocker 15 rames supplémentaires, sur trois nouvelles lignes de rails.


Avant d’aller se garer le soir, chaque rame passe par le centre de contrôle qui examine son pantographe puis par la machine à laver. Deux options : lavage simple ou renforcé, selon les besoins. Elles font en prime le plein de sable et de graisse pour le freinage et l’entretien des rails. Une société de nettoyage se charge ensuite de l’entretien intérieur.

Enfin il y a le grand hangar technique avec en permanence deux rames en maintenance et de l’activité de 5h15 à 20h (plus des astreintes le soir et le week-end). Les révisions sont régulières : au moins tous les 20 000km, mais il y a aussi d’autres paliers (50 000km et, bientôt, la révision des 600 000km avec plusieurs jours d’immobilisation pour les trams qui ont le plus roulé). Chaque machine est conçue pour rouler au moins 40 ans, « et dans certaines villes australiennes des trams ont 100 ans » assure Filipe Ferreira.

Astuce : pour travailler sur des pièces sans immobiliser un tram, les ouvriers peuvent la faire rentrer dans la matinée, démonter ce qui est nécessaire, y ajouter des pièces prêtes à l’emploi et renvoyer la rame en ville seulement 5h plus tard. Ils travaillent alors juste sur les pièces détachées, « on doit avoir pratiquement un tram entier en pièces détachées » confie Filipe Ferreira… et notamment des cabines de conduite interchangeables en cas de choc avec une voiture.

Astuce, bis : pour échelonner les interventions, les rames n’ont pas toutes le même nombre de kilomètres. Celles qui roulent le plus sont baptisées « lièvre », en référence à la célèbre fable de La Fontaine.

Avec cette organisation, « inspirée du meilleur des retours d’expérience des autres réseaux », Fil Bleu assure être en pointe et innovant au niveau national, au point d’inspirer d’autres villes comme Besançon.

4 chiffres à retenir sur le tram de Tours…

En 5 ans les 21 rames ont parcouru 6,5 millions de km, 17 fois la distance Terre-Lune

La vitesse moyenne en ville est de 18,75km/h

Le taux de ponctualité affiché est de 93%, « notre principal problème n’est pas d’être en retard mais en avance » explique Fil Bleu, qui fait parfois attendre ses véhicules pour réguler la circulation

Chaque année le tram et le centre de maintenance consomment 1,4 million de giga w/h, une facture d’électricité réduite « de 40 000€ » grâce aux panneaux solaires sur le toit du site technique

A LIRE AUSSI : Le bilan complet du tram de Tours et les grands enjeux de la deuxième ligne sur Info Tours

Texte : Olivier Collet / Photos : Mathieu Giua

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