2022 : annus horribilis pour la vie politique en Indre-et-Loire

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Entre les difficultés de gestion dans certaines communes comme Amboise ou Saint-Pierre-des-Corps et les différentes affaires judiciaires touchant des élus de la République en Indre-et-Loire, l’année 2022 ne donne pas une image reluisante de la vie politique locale…

Rarement la politique locale n’aura autant défrayé les chroniques judiciaires qu’en cette année 2022. De Wilfried Schwartz, ancien président de Tours Métropole et maire de La Riche (pour violence envers un collaborateur), à Cathy Münsch-Masset, ancienne première adjointe de Tours (associée de détournement de fonds), en passant par Richard Chatellier, ancien maire de Nazelles-Négron (mis en examen pour viol et agressions sexuelles sur mineurs) ou Olivier Viémont, maire de Monnaie (conflit d’intérêt) … tous sont passés cette année par la case tribunal. Certes les affaires ne sont absolument pas comparables, mais mises bout à bout, elles laissent derrière elles, une image peu reluisante de la vie politique tourangelle… Dramatique pour une démocratie qui n’en avait déjà pas besoin pour tousser…

Wilfried Schwartz : 

En juillet 2021, celui qui est alors président de Tours Métropole est accusé d’avoir giflé dans son bureau son directeur de cabinet. Condamné en première instance et en appel, Wilfried Schwartz se voit infliger une peine de 6 mois d’inéligibilité. La peine est néanmoins suspendue pour le moment, l’élu ayant décidé de se pourvoir en cassation. D’ici là il a annoncé démissionner de son poste de maire de La Riche, mais qu’il continuerait à y siéger comme conseiller municipal. Il a précisé également qu’il ne démissionnait pas de son poste de vice-président aux transports au sein de Tours Métropole.

Relire : Wilfried Schwartz quitte ses fonctions de maire de La Riche

Cathy Münsch-Masset : 

En 2021, son mari Guillaume Masset est accusé d’avoir détourné sur ses comptes personnels et familiaux près de 350 000 euros à l’association l’Apajh qu’il dirigeait. Cathy Münsch-Masset est alors accusée de complicité. Bien que niant avoir été au courant, le tribunal de Tours la condamne en première instance en mars dernier à 18 mois de prison avec sursis et 5 ans d’inéligibilité.

Lors du procès en appel de l’élue qui s’est tenu à Orléans cette semaine, l’avocate générale a demandé une peine alourdie avec 8 mois de prison ferme (10 mois avec sursis et toujours 5 ans d’inéligibilité). Le jugement sera rendu le 15 novembre.

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Richard Chatellier : 

En avril dernier, alors maire de Nazelles-Négron, Richard Chatellier est placé en détention provisoire. Ce dernier est visé par 5 plaintes de jeunes filles (4 seront retenues) qui l’accusent de plusieurs viols et agressions sur des mineures entre 2013 et 2021. Mis en examen en juillet dernier, il nie les faits. Il a démissionné de son poste de maire sous la pression des élus de sa majorité.

Olivier Viémont : 

Le maire de Monnaie est poursuivi pour avoir attribué la sous-traitance d’un marché public de sa commune à sa propre entreprise. Bien que plaidant l’erreur de bonne foi, l’élu a été reconnu coupable ce jeudi 29 septembre de prise illégale d’intérêts par le tribunal correctionnel de Tours. Le tribunal l’a condamné à 7.500 euros d’amende et un an d’inéligibilité. Il a huit jours pour faire appel.

L’exemplarité des élus en question

Sans revenir sur le fond de ces affaires – et en gardant en tête que les procédures sont encore en cours et que la présomption d’innocence prévaut jusqu’à leurs issues – on peut légitimement s’interroger sur leurs répercussions démocratiques.

Derrière les affaires en elles-mêmes, toutes ces histoires jettent le discrédit sur la classe politique et renforcent un peu plus la défiance envers les élus et les représentants de la République et donc du peuple. A chaque élection, les taux d’abstention établissent des records. On voit des élus et représentants politiques appeler au changement et au réveil démocratique mais, sans généraliser, ces affaires et leur importante médiatisation font qu’il est compréhensible que l’argument ait du mal à passer.

Clairement, le devoir d’exemplarité des élus est au cœur du débat. Que Cathy Münsch-Masset continue de percevoir ses indemnités d’élue à la ville, à la Métropole et à la Région, alors qu’elle n’y siège plus  est choquant même si elles sont minorées de 50%. Que la Métropole doive payer les frais d’avocats (estimés à 25 000 euros) de Wilfried Schwartz au titre de la protection fonctionnelle que la collectivité a accordé à son ancien président l’est tout autant, et cela fait réagir à juste titre. Que Richard Chatellier ne démissionne qu’après un ultimatum lancé par sa propre majorité, alors qu’il ne peut depuis plusieurs mois assumer ses fonctions est un problème tout aussi grave.

L’intérêt général paraît bien loin dans ces cas, renforçant un peu plus la petite ritournelle du « tous pourris », annihilant par la même occasion tout le travail effectué par la grande majorité des élus, dont les missions relèvent vraiment parfois du sacerdoce, il faut le rappeler également.

Ces affaires ne sont pas sans conséquence non plus sur la gestion des collectivités. Le départ d’une première adjointe à Tours, c’est une gouvernance à réorganiser seulement un an et demi après l’entrée en place de l’équipe municipale d’Emmanuel Denis. A La Riche, l’affaire Wilfried Schwartz, a des conséquences sur la gestion interne, avec l’arrivée d’un nouveau maire et le risque d’une perte d’influence au sein de Tours Métropole, avec un potentiel nouveau maire novice à ce niveau de responsabilité dans une période pourtant cruciale pour la ville avec le projet de la deuxième ligne de tramway attendue. 

A Monnaie, un nouveau maire, non prévu au départ pour cette fonction, devrait succéder à Olivier Viémont, si ce dernier ne fait pas appel de la décision du tribunal, ce qui va entraîner forcément un temps d’adaptation. Idem à Nazelles-Négron, on l’a vu au début de l’été, la nouvelle gouvernance et son nouveau maire Cyrille Martin, souffre d’une crise de légitimité pour l’opposition… 

La difficile gestion de Saint-Pierre-des-Corps et Amboise 

Outre les affaires judiciaires, et sans communes mesures, il y a aussi les cas des villes d’Amboise et de Saint-Pierre-des-Corps, empêtrées également dans des blocages politiques, non sans certaines similitudes. 

Dans ces deux villes, les maires en place sont arrivés aux affaires en 2020 sur des listes de renouveau. Elus à la faveur de triangulaire ou quadrangulaire, sans majorité franche dans les urnes, et avec une abstention record, leurs débuts de mandat se révèlent compliqués, avec de fortes dissonances aux conseils municipaux, avec les oppositions mais aussi au sein de leurs propres majorités. 

Leur volonté de bousculer les choses dans leurs communes se heurte à un exercice du pouvoir jugé comme trop autocratique, voire même comme anachronique. En effet, si l’image du maire, fort, décisionnaire, passait il y a encore quelques années, il y a aujourd’hui des appétences de la population pour plus de transparence et d’horizontalité dans les prises de décision. Au final on se retrouve d’un côté avec un maire d’Amboise dont l’équipe de fidèles est en minorité au conseil municipal, et de l’autre un maire de Saint-Pierre-des-Corps qui a dû faire face à plusieurs départs dans son équipe et se retrouve avec une majorité friable. Dans les deux cas, les oppositions sont frontales et parfois de principe, fragilisant de facto la gestion et l’avenir des villes en question… Là encore, pour les habitants, l’image renvoyée est catastrophique. 

Relire : Amboise : le maire mis en minorité, le Conseil Municipal à l’arrêt

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