Quelques jours après l’annonce de la démission de trois membres de son équipe, le maire d’Amboise, Thierry Boutard, savait que le conseil municipal du 22 septembre allait s’annoncer compliqué. Désormais mis en minorité, suite à ces trois nouveaux départs, Thierry Boutard doit faire face à une situation inédite, celle d’un maire qui n’a plus les mains libres pour faire passer sa politique…
Le conseil municipal du 22 septembre s’annonçait électrique, il le fut. Avec 7 départs au sein de l’équipe du maire depuis le début du mandat, ce dernier se retrouvait en effet dans une situation inédite : celle de devoir gérer un conseil municipal désormais composé en majorité par des élus d’opposition (au nombre de 17, contre 16 pour l’équipe du maire). Comment dès lors gouverner une ville ? C’était la question qui se posait avant cette séance. A l’issue de celle-ci, la question se pose toujours.
Deux ans de mandat difficiles pour le maire
Un conseil qui n’est finalement que la suite de deux ans de mandat conflictuels depuis la dernière élection municipale de 2020 qui avait vu la liste de Thierry Boutard (divers droite) l’emporter lors d’une triangulaire face à celles de Brice Ravier (divers gauche) et celle écologiste menée par Sandra Guichard. Depuis, Thierry Boutard vit un début de mandat compliqué, avec son lot de polémiques qui ont fait les gros titres que ce soit sur la question de ses indemnités, de l’achat d’un véhicule de fonction, de travaux jugés trop importants pour son bureau, de sa gouvernance… (sans oublier sa condamnation à titre privé pour des charges de copropriété impayées sur sa résidence) …
Autant d’éléments qui expliquent le départ passé de 4 membres de sa majorité et celui des 3 autres ces derniers jours donc. Au long de ce conseil exceptionnel, les 19 délibérations proposées ont en effet été toutes retoquées, les élus d’opposition, qui bien que regroupés en différents groupes politiques, ayant tous voté d’une seule voix. Pour expliquer par anticipation ces votes, dès le début de la séance, les différents groupes se sont exprimés, dénonçant tour à tour « l’inaction », « la gestion catastrophique », « la chasse aux sorcières au sein du personnel municipal et des association », « le comportement autoritaire » … du maire.
« Cette situation nouvelle va rendre la ville ingouvernable, nous vous demandons de prendre vos responsabilités, vous seul pouvez mettre fin à cette ambiance délétère. Nous vous demandons de ne pas penser à votre situation personnelle, mais de penser aux Amboisiens » a déclaré ainsi l’ancienne tête de liste Brice Ravier en ouverture, demandant ainsi à demi-mots à Thierry Boutard de quitter ses fonctions.
Marie Arnoult, adjointe au maire a réagi pour le groupe du maire : « Il est fondamental de ne pas sous-estimer ce soir ce qui se passe. Je pense très fort aux Amboisiens, je redoute le blocage de notre collectivité. »
Le maire n’a plus la main sur le conseil
« Si le but c’est de voter contre toutes les délibérations, si le but est de bloquer des décisions qui sont importantes pour les Amboisiens, qui ont été traitées dans les commissions, le mieux est de suspendre le conseil. Je ne souhaite pas que la ville soit bloquée par principe. Ce n’est pas à moi que vous nuirez » a réagi Thierry Boutard après le rejet de la première délibération portant sur une mise à disposition de parcelles à l’association des Jardins ouvriers. Fin de non-recevoir des autres groupes politiques si bien que le conseil s’en est suivi, avec à chaque délibération des votes à bulletin secret (sur demande majoritaire des élus d’opposition) et un maire de la ville lisant des « non » majoritaires à chaque fois.
Une situation de blocage donc, amère pour les soutiens du maire, à commencer par la première adjointe Jacqueline Mousset qui a conclu ce conseil avec ces mots : « Votre seul objectif est de prendre le pouvoir que les Amboisiens ne vous ont pas donné en 2020. Pour cette prise de pouvoir, vous êtes capables de refuser des augmentations à ses salariés, une subvention pour des personnes âgées, de refuser à une salariée de maintenir son poste, de refuser des chèques cadeaux pour des bénéficiaires d’association… »
Une séance à l’issue de laquelle les groupes d’opposition ont demandé un nouveau conseil municipal sous 30 jours, pour sortir de la crise. Une façon encore une fois de forcer la main au maire, qui de son côté a réaffirmé son intention de rester à son poste, excluant toute démission : « J’assume ma mission et je continuerai à le faire. »
Une opposition majoritaire donc, unie face au maire, et un coup de force politique qui fera date. On voit mal après ça comment la gestion de la ville va pouvoir avancer à l’avenir.