Coup de froid sur la viticulture en Touraine

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Le gel qui a touché la Touraine cette semaine a décimé le vignoble tourangeau. De Chinon à Bourgueil en passant par Montlouis, les dégâts sont importants avec par endroit plus de 80% de la récolte 2016 perdue.

P1140073(c) Mathieu Giua – Image d’archive

Depuis le phénomène de gelée qui a touché le vignoble tourangeau dans la nuit de mardi à mercredi, les vignerons font grise mine. Sur l’appelation Touraine-Noble Joué, c’est près de 85 % de la récolte qui est estimée perdue. Près de 70% sur Bourgueil, Montlouis ou Saint-Nicolas, près de 50 % encore à Chinon. Une catastrophe rappelant celles de 1991 ou près de 90% du vignoble tourangeau avait été décimé et de 1994 qui avait touché plus de 50% de la production. C’est d’ailleurs de cette dernière que la gelée de cette semaine se rapproche. “Les viticulteurs sont habitués aux gels de Printemps, il y en a régulièrement, mais face à une gelée comme celle-ci nous sommes impuissants” témoigne l’un deux.

Quels moyens pour lutter contre le gel ?

Pour prévenir ces phénomènes, il existe bien des moyens de prévention, mais très coûteux nous fait-on savoir.
Ces derniers sont au nombre de quatre : Les fils chauffants, mais qui n’existent pas en Touraine ; le principe d’aspertion c’est à dire le fait d’asperger les vignes d’eau pour créer un cocon protecteur de glace protégeant les bourgeons car ne descendant qu’aux environs de zéro degré ; les bougies, mises à intervalle réguliers le long des rangées de vigne pour réchauffer l’air ambiant et enfin les tours anti-gels comprenant des brûleurs et des ellipses pour diffuser la chaleur. “Partout où l’aspertion a été utilisée cela a marché, les tours anti-gels, il n’y en a qu’une vingtaine en Touraine, elles coûtent 35 000 euros l’unité pour une protection de 3 hectares or nous avons 10 000 hectares de vignes en Touraine”. Les viticulteurs l’affirment, ils étaient bien en alerte mais se sont retrouvés dépassés par la nature. Oui car le phénomène de gel reste un phénomène naturel et comme bien souvent quand l’homme et la nature s’affrontent, cette dernière finit bien souvent par l’emporter.

Conséquence de ces dégâts, la Touraine qui produit habituellement 450 000 hectolitres de vin en moyenne par an, verra ses cuvées 2016 réduites comme peau de chagrin avec à la clé des pertes économiques énormes pour les viticulteurs. “Nous estimons aujourd’hui les pertes à 200 millions d’euros” nous explique Guillaume Lapaque, responsable communication des vins de Bourgueil. Des pertes qui se feront ressentir en 2017 au moment de la commercialisation de la cuvée 2016. “La grosse différence avec la catastrophe de 1991 c’est qu’à l’époque les trésoreries étaient bien remplies, ce n’est pas le cas aujourd’hui” poursuit le responsable communication des vins de Bourgueil. Outre la perte financière estimée, ce qui inquiète les vignerons, c’est la perte des marchés : “Les vins qui ne pourront pas se vendre l’an prochain seront remplacés dans les rayons par des concurrents et on sait très bien qu’une fois qu’on perd une place, c’est très difficile de la reconquérir derrière” poursuit G.Lapaque.

La venue des élus pas toujours bien vue

Face à cette crise qui touche le monde viticole, les élus, président de la Région, du Département, député (Laurent Baumel) ainsi que le sous-préfet se sont déplacés hier dans les vignes pour constater les dégâts. Coup de communication pour certains vignerons agacés de voir les élus débarquer avec les médias pour “faire leur com’ sur notre misère”. L’initiative du département de lever également un fond de soutien exceptionnel de 200 000 euros n’est pas toujours comprise et parfois jugée inadaptée : “Cela représente moins de 500 euros par vigneron et de plus c’est l’an prochain que nous aurons des difficultés pas cette année. Ce que nous voulons c’est avoir un dialogue avec les services de l’Etat sur des aménagements financiers” témoigne ainsi ce vigneron. Ces aménagements financiers souhaités c’est l’étalement des dettes avec une prise en charge des intérêts d’emprunt ou encore le report des annuités d’emprunt nous explique-t-on. Pour Guillaume Lapaque, “Sans cela aujourd’hui nous allons vers des drames humains, parce que la situation des vignerons est déjà compliquée, il y a un vrai risque de voir des activités arrêtées avec les conséquences humaines qui vont avec”.
Du côté de Chinon, même si cela n’aidera pas pour faire face à ce coup dur, certains se satisfaisaient néanmoins de l’annonce de François Bonneau d’aider à l’investissement en matériel d’aspertion via les contrats régionaux : « On verra comment cela va être mis en place mais c’est là-dessus qu’on a besoin d’aide. C’est juste dommage de devoir avoir de tels dégâts pour être enfin aidés »

La viticulture est par ailleurs un secteur primordial pour l’économie tourangelle, la première conséquence de cette catastrophe en 2016 est la chute drastique à prévoir des emplois saisonniers dans ce domaine au moment des vendanges. Avant l’arrivée d’autres conséquences encore plus importantes l’an prochain.

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