A Tours, l’aviron en quête de reconnaissance et de prestige

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Présent aux Jeux Olympiques de Paris, l’aviron n’a pas bénéficié du même coup de boost que la natation ou le tennis de table. A Tours, ses inscriptions sont en progression mais la discipline reste encore assez confidentielle. Par manque de grands succès nationaux, notamment. Mais aussi de connaissances globales autour de ce sport qui fait pourtant partie des disciplines historiques de la ville avec une activité débutée en… 1863. Les choses pourraient changer avec une récente accession en 2e division de l’Aviron Tours Métropole. Un classement historique.

L’aviron ce n’est pas comme le football. Quand un club monte en 2e division, il ne se met pas d’un coup à disputer des courses contre des villes plus fortes. Les compétitions restent les mêmes. En revanche, plus on grimpe dans le classement national, plus on peut aller chercher des partenaires financiers ou attirer des athlètes et coachs de haut niveau. Des outils essentiels pour grapiller de nouvelles places et assurer la pérennité de la structure, de son pôle compétition à sa section loisirs.

Voilà en résumé ce que l’Aviron Tours Métropole espère après son passage en 2e division, grâce à une 40e place historique obtenue à l’issue de la saison 2024. Il s’agit d’une progression de deux positions comparé à 2023. Dans le détail, les catégories jeunes ont gagné 46 positions, les Masters en ont pris 10 et sont désormais 11e au classement national. Quant aux séniors, ils s’adjugent le 22e rang français.

Cette accession au niveau supérieur, « c’était un objectif depuis plusieurs années » explique David Dennevault, un historique du club arrivé en 1991 et devenu coprésident en février 2024, aux côtés de Raphaël Simar. Depuis la transformation du Tours Aviron Club devenu Aviron Tours Métropole en 2018, « on oscillait entre la 45e et la 60e place » résume-t-il. Un classement honorable mais jugé améliorable par l’encadrement qui voulait insuffler une certaine régularité dans les résultats. Cela semble en train de payer : « Notre groupe sénior évolue, et se trouve toujours au minimum finaliste des championnats de France où on a été jusqu’à faire une 3e place. »

Ainsi, quelques figures de l’ATM émergent comme Alistair Gocqueau ou Mayeul Potin qui vient de rejoindre le Pôle France de formation de Nancy, tout en gardant sa licence tourangelle. « Petit à petit, on arrive à fortifier l’enceinte de l’ATM » commente David Dennevault, ravi de constater que 90% des 210 licenciés sont des personnes originaires de Tours et qui ont commencé la discipline ici. « C’est une fierté car nous n’avons pas de fac de sport et pas d’infrastructures de haut niveau dans la région. »En clair, quand l’aviron tourangeau performe, c’est grâce aux talents locaux et à la qualité de l’encadrement.

Pour le coaching, l’Aviron Tours Métropole fait confiance à un duo salarié : Maiwenn Dumont et Raphaël Girault. L’ambition est de les fidéliser, surtout après les derniers résultats. Il vient également de créer un 3e poste dédié au marketing et à la communication. Une nouveauté consécutive au passage en 2e division, avec l’objectif de faire connaître les prouesses du club au-delà du cercle initié et, progressivement, d’aller chercher davantage de soutiens financiers. « Quand on monte en 2e division, on ne voit pas Nike arriver d’un coup. Pour l’instant les partenariats ne représentent rien. Une entreprise ne va pas signer si elle n’a pas de visibilité en retour. Donc il faut d’abord nous faire connaître » nous explique le binôme de présidents.

L’aviron à Tours, c’est un budget annuel d’environ 180 000€ comprenant un soutien financier de la mairie ou du Conseil Régional. C’est aussi des recettes comme le bénéfice de la Descente du Cher, randonnée annuelle ouverte aux clubs de toute la France et proposant, notamment, un passage « carte postale » sous les arches du Château de Chenonceau. « Cela nous coûte 25 000€ mais permet de faire un bénéfice de 10 000€ » souligne Raphaël Simar, et pratiquant d’aviron depuis son entrée à la fac en 2008.

Avec cet argent, l’Aviron Tours Métropole a notamment acheté un nouveau 4 de compétition, un bateau à 39 000€ avec ses équipements. « Nous n’avions pas investi depuis 2013 quand on avait rajouté plusieurs bateaux d’un coup » rappelle David Dennevault. « C’est un signal que l’on envoie au groupe sénior qui va ramer dedans mais aussi à toutes les catégories de jeunes pour leur donner la gnaque » complète Raphaël Simar. Car l’acquisition d’une nouvelle embarcation, c’est le début d’une histoire qui peut s’étendre sur plusieurs décennies. Au Pôle Nautique du Cher, certains bateaux voguent depuis 30 ans, passant des catégories Elite à celles de jeunes avant d’être exploitées par les sections loisirs.

Le lien entre les différentes divisions du club ça fait partie des axes que le duo de direction de l’ATM veut entretenir. Cela passe par des moments conviviaux comme une soirée autour d’Halloween, les randonnées dans différentes régions (parfois jusqu’à Venise) mais, plus globalement, par toute une politique pour la jouer collectif. « L’ATM est riche de ses adhérents qui donnent tout pour ce club. Le taux de réinscription est très fort, autour de 60%, et tous s’engagent en temps que bénévoles. On a tendance à dire que l’on a 210 licenciés et 210 bénévoles. Sans eux on ne ferait rien » indique le binôme présidentiel. Et malgré quelques « trous dans la raquette » l’effectif global est paritaire et multigénérationnel. « Nous avons plus de jeunes garçons mais nous avons une équipe J16 exclusivement féminine avec une demi-douzaine d’adolescentes ou une section femmes depuis 2 ans chez les 18-22 ans » listent les responsables.

Au final, « c’est ce collectif qui nous a permis de progresser » veulent croire Raphaël Simar et David Dennevault. D’ailleurs, ils ne comptent pas s’arrêter là : « Notre but est de conforter ce classement voire de gratter des places. 2025 ça sonne bien pour aller jusqu’au top 25, non ? » Plus sérieusement, « on est en train de mettre des briques sur un mur. On veut grandir. Ça va se faire progressivement » philosophent les deux hommes qui ont un autre gros dossier en vue : la gestion de leur terrain de jeu. Le Cher.

Entre le quartier Rochepinard de Tours et le bourg de Saint-Avertin, la rivière artificiellement élargie dans les années 70 c’est un bassin idéal pour l’aviron (tout comme le canoë kayak du CKCT qui partage le même bâtiment que l’ATM). Sauf que voilà : avec le temps, le lit du Cher s’ensable inexorablement. Selon David Dennevault, « un ilot est en train de se former au niveau de la ligne des 1 000m. A moyen terme, cela pose beaucoup de questions sur la pratique de nos activités. Déjà, nous n’avons plus l’homologation pour des compétitions majeures. Demain, est-ce qu’il faudra déménager pour pratiquer nos activités ? »

On n’en est pas encore là, mais l’ATM préfère prendre les devants. Alerter tout de suite pour ne pas être pris de cours, surtout quand on sait la lenteur avec laquelle les élus locaux traitent les grands dossiers sportifs (on construit plein de piscines mais les grands travaux du Palais des Sports de Tours n’ont toujours pas commencé, la Halle Monconseil de Tours-Nord a un toit fuyant et demeure inadaptée à son affluence tandis que le projet d’Arena ou celui de nouvelle patinoire n’ont jamais été plus loin que des notes d’intention).

« On pose la première pierre d’un vaste projet clairement politique » insiste David Dennevault. « On va construire une équipe chargée de travailler à ce sujet avec la Métropole et la Ville pour essayer de mettre en lumière notre équipement » complète Raphaël Simar qui rêve même de refaire de Tours une place forte des compétitions d’ampleur grâce à son positionnement central évitant de longs déplacements peu écologiques aux équipes participantes.

« On a un superbe équipement mais depuis 30 ans on a manqué d’entretien » poursuit le coprésident qui avance une solution : proposer gratuitement le sable du Cher aux entreprises du BTP si elles viennent l’enlever elles-mêmes. « On ouvre le débat et on va y mettre de l’énergie car on a envie de rester là » conclut-il en espérant bien que ce sera écrit sur 37 degrés puis lu et compris en haut lieu.

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