Il y a du changement sur les bords de Loire à Tours. L’architecte de Bâtiments de France impose en effet de profonds changements, premiers concernés : La guinguette de Tours et l’association de bateliers Boutavant.
Si du côté de la guinguette de Tours cela fourmille ces derniers jours pour installer les infrastructures en vue de l’ouverture de la saison 2016 qui se déroulera vendredi prochain, pour l’association Le Petit Monde et la société Kwanti gérantes de Tours sur Loire depuis 11 ans maintenant, l’ambiance n’est pas tout à fait celle des années précédentes.
Une guinguette scindée en trois pôles et des ouvertures décalées
En cause, les directives de l’architecte des Bâtiments de France demandant de ne plus occuper les trois niveaux des bords de Loire, mais de se contenter du simple niveau supérieur. Et comme l’architecte des Bâtiments de France a toujours raison, Le Petit Monde et la mairie de Tours doivent s’exécuter. Fini donc la guinguette chaleureuse et resserrée sur les différents niveaux avec sa scène surélevée, son espace barbecue et bar à vins en bas. “Nous aurons cette année trois espaces différents : le bar-scène ira au pied de la bibliothèque, l’espace principal reste où il était avec à côté l’espace enfants et enfin un troisième espace sera près de la descente au pied de la fac des Tanneurs” explique Jonathan Odet du Petit Monde. Trois espaces qui auront trois ambiances différentes : “Au pied de la bibliothèque il n’y aura pas de gros concerts comme pour l’espace principal mais ce sera plus jazzy par exemple”.
Sur la guinguette version 2016 on retrouvera ainsi l’espace central qui ne changera pas ou peu, l’espace au pied de la bibliothèque qui sera sur une esthétique vintage, pré-années 80, nous dit-on et le troisième espace nommé “Le Foudre” sur une esthétique verte et sans musique. “L’ouverture des différents lieux se fera en décalé : L’espace central ouvrira le 13 mai, celui au pied de la bibliothèque 15 jours plus tard et Le Foudre aux alentours du 10 juin” précise Jonathan Odet.
L’association délégataire de l’animation des bords de Loire a du en effet repenser complètement son projet : “Cela va nous permettre de créer trois identités différentes, pour différents types de publics, mais je regrette que cela se fasse sur notre dernière année de la délégation de service public par exemple pour nous cela engendre des coûts supplémentaires, non prévus dans le projet de départ” poursuit Jonathan Odet qui évoque des difficultés pour amortir les frais nouveaux engagés sur une dernière année de délégation. Ce dernier regrette aussi “un manque de concertation et de vision sur le long terme, ainsi qu’une vision qui se base uniquement sur des contraintes architecturales et qui ne prennent pas en compte les projets conçus et en cours”.
Boutavant priée de déménager
Dégager la vue et libérer le lit de la Loire des infrastructures, y compris semi-pérennes comme la guinguette, voici les directives de Franck Charnasse, nouvel architecte des bâtiments de France, en poste depuis quelques mois. De nouvelles directives qui touchent également l’association de bateliers Boutavant qui organise des promenades sur la Loire chaque été et qui depuis 1999 avait son atelier de stockage en contrebas de la faculté des Tanneurs : “On nous demande de déménager notre atelier parce que nous sommes dans le lit de la Loire” explique Luc Paco, salarié de l’association, “Cela devait au départ se faire avant l’été, mais nous avons finalement un délai et nous déménagerons que dans quelques mois”. Un déménagement qui pose des problèmes à l’association nous explique-t-on, “nous avons besoin d’un atelier à proximité des promenades pour des raisons logistiques. Cela va compliquer nos activités”. Pour le moment, l’association Boutavant ne sait pas encore où elle pourra déménager son atelier, même si le dossier est suivi par la mairie de Tours en la personne de Christophe Bouchet, adjoint au rayonnement : “Nous sommes en lien étroit avec la mairie qui nous épaule fortement et qui nous propose un emplacement sur l’ancien camping de Sainte-Radegonde, mais pour l’instant on est encore dans le flou en raison d’un manque de viabilité du lieu”.
Un projet à long terme pour les bords de Loire en 2017
Des propos confirmés par Christophe Bouchet : “Il y a de nombreuses contraintes sur les bords de Loire, celles imposées par l’architecte des bâtiments de France, le classement à l’Unesco, à Natura 2000… Pour Boutavant nous réfléchissons en effet à Sainte-Radegonde, mais avec le PPRI c’est normalement non constructible, même pour des installations semi-pérennes” explique l’adjoint au rayonnement de la ville de Tours. Pour ce dernier, hors de question de laisser tomber Boutavant : “Ils sont très importants dans le développement de la marine de Loire, la quasi-totalité de leur bateaux appartiennent à la ville de Tours et nous envisageons d’ailleurs ensemble la construction d’un nouveau bateau, une toue-cabanée pour des activités hors-été”. Christophe Bouchet l’affirme, la position de l’architecte des Bâtiments de France sur les bords de Loire est argumentée : “Ils ne veulent plus que les trois niveaux comme par le passé parce que leur idée est de respecter le lit de la Loire sans en empêcher les usages par la population”. Pour celui qui s’apprête à piloter un concours international sur l’avenir des bords de Loire à Tours, concours devant donner une vision à long terme de cet endroit symbolique et primordial pour la ville, “il faut se réapproprier les bords de Loire, sans en brutaliser les usages mais en respectant son histoire, ce dernier point est le rôle de l’architecte des bâtiments de France”. Un concours international qui sera lancé début 2017 pour des résultats attendus à la fin de cette même année avec l’espérance pour l’adjoint au rayonnement de nouvelles ambitions pour les bords de Loire : “on envisage par exemple à l’avenir d’ouvrir un espace encadré de baignade dans le fleuve”.
Cette question des usages est différemment interprétée justement par nos interlocuteurs, si pour Christophe Bouchet et Jonathan Odet, cela “créera forcément de nouveaux usages pour la population” ce dernier regrette “l’absence de la prise en compte des usages de la population des lieux”. Des usages qui changeront forcément donc dès cette année, entre l’éclatement de Tours-sur-Loire et la perte des saules abattus au printemps pour cause de dangerosité (un des quatre saules étant tombé de lui-même lors d’une tempête), les Tourangeaux vont découvrir en effet un espace qui ne ressemblera plus à ce qu’ils ont connu les années précédentes. Reste à savoir s’ils s’approprieront ces nouveaux espaces… rendez-vous dès vendredi 13 et samedi 14 mai pour l’ouverture de Tours-sur-Loire et des promenades fluviales de l’association Boutavant pour le savoir.