Après Paris 2024, l’Indre-et-Loire peut-elle accueillir autant de nouvelles licences sportives ? 

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Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont été un véritable succès, que ce soit en termes d’organisation ou d’infrastructure. Cet été, c’est tout le domaine sportif qui a été mis sous les feux des projecteurs. Aussi, de nouvelles personnalités ont fait l’unanimité pour le public français. Les frères Lebrun, Léon Marchand ou encore Aurélie Aubert ont, grâce à leurs exploits, mis en lumière leur disciple et, surtout, fait naître de nouvelles vocations. En Indre-et-Loire, le nombre de licences sportives a déjà augmenté de plus de 20% depuis la fin des Jeux. Mais le département possède-t-il les moyens pour satisfaire toute cette demande ? Pour le savoir, nous avons rencontré Alain Jahan, président du Comité Départemental Olympique et Sportif 37. Interview. 

Quel est votre bilan des Jeux Olympiques 2024 ? En termes d’organisation, d’infrastructures ?

Ça a été une période exceptionnelle pour nous, représentants du mouvement sportif. On a eu des étoiles plein les yeux avec les Jeux Olympiques des valides; et qui s’est poursuivi avec les Jeux Paralympiques. Ça a été un succès au-delà de nos espérances parce que ces JO ont laissé une trace indélébile dans le monde de l’olympisme.

C’est la première fois que l’on va assister à des inaugurations hors stade et des spectacles extraordinaires. Extraordinaires pour les athlètes parce qu’ils ont pu bénéficier de cadres d’exercices de leur sport absolument magnifiques ; que ce soit à Versailles, au Grand Palais ou encore au Trocadéro. Aussi, nous, français, avons répondu présent au titre des médailles. C’était vraiment un moment juste exceptionnel dans la vie d’un sportif, dans la vie d’un dirigeant, d’un bénévole… Et c’est un peu tout ce que je représente aujourd’hui. 

C’est en quelque sorte votre récompense après presque 10 ans de travail ? 

Oui pour nous, représentant du sport en France, c’est le Graal. On a eu aussi notre médaille d’or. 

Nous, cela fait un peu plus de 7 ans qu’on travaille dessus. En Touraine, on n’avait pas de site sportif. Les sites les plus près qui ont été retenus pour les JO, c’était Châteauroux pour les épreuves de tir. Mais en Touraine, on a fait un autre choix qui a été d’accueillir des délégations. Et on a donc réussi notre pari en accueillant 7 délégations sportives : 5 pour le rugby (à savoir l’Australie hommes, l’Irlande hommes et femmes, l’Uruguay hommes et les Etats-Unis femmes), l’équipe canadienne d’escrime et l’équipe canadienne de Volleyball masculine.

Et maintenant que les Jeux Olympiques et Paralympiques sont terminés. Quel impact cela a eu ou va avoir sur le domaine sportif en Indre-et-Loire ? Y-a-t-il une augmentation du nombre de licences ? 

Je pense que tous les sports vont bénéficier de l’engouement des Jeux, y compris toutes les disciplines qui touchent le handisport. Aujourd’hui, après avoir fait un tour d’horizon des différents comités sportifs, on est aux environs de 20 à 25% de licences en plus par rapport à l’année dernière. Donc l’effet est là, il est indéniable.

Maintenant, il y a un autre sujet qui se fait jour : c’est comment accueillir ces nouveaux licenciés ? Cela commence par les infrastructures. Est ce qu’on a les stades, les gymnases, les salles pour accueillir ces nouveaux licenciés ? Et là, on voit que ça coince. 

L’autre sujet, c’est : est-ce qu’on a suffisamment d’éducateurs ? Et là aussi, on est vite arrivé au maximum de ce que l’on pouvait faire ou accueillir. On a un déficit d’éducateur qui se fait criant et, ça, c’est terrible. 

Pour autant, j’espère que toutes les disciplines sportives qui vont bénéficier de cet engouement sauront s’adapter et proposer soit plus de séances, soit diviser les séances qu’elles faisaient auparavant en plusieurs parties. Par exemple, là où on s’entraînait pendant 2 heures, ça serait peut-être deux fois 1 heure pour accueillir plus de personnes. 

Alors pour pallier ce manque d’éducateurs, est ce qu’il va y avoir des campagnes de recrutement ? 

Malheureusement, c’est un peu tard. Alors pendant très longtemps, on m’a pris pour quelqu’un qui prêchait dans le désert puisque j’ai été président du comité d’athlétisme il y a quelques années. J’avais déjà mis le doigt sur le manque d’éducateur. Sauf que je crois que tout le monde m’a entendu mais très peu m’ont écouté. Et, donc, aujourd’hui, on se retrouve au pied du mur. Je sais qu’il n’y a pas que le sport dans la vie. Mais quand on voit l’impact que ça a sur la santé de tout à chacun, puisqu’on s’en fait aujourd’hui une grande cause nationale, eh bien je trouve que l’on n’en a pas assez fait avant. 

Surtout que, c’est dommage, parce qu’il y a des aides aujourd’hui qui sont proposées pour aider à l’accès au sport comme le PassSport ou encore l’opération Yep’s pour les jeunes. Mais si en face, on n’a pas la possibilité de les accueillir, c’est un coup d’épée dans l’eau. 

Grâce aux Jeux Olympiques et Paralympiques, on a pu découvrir ou redécouvrir des talents sportifs, notamment originaires de l’Indre-et-Loire. Est-ce que le département peut, grâce à cette effervescence du sport, espérer dénicher de nouveaux talents ? 

Alors, les moyens sont connus, ce sont les entraîneurs qui, aujourd’hui accueillent les jeunes pousses, qui peuvent en faire des nouveaux champions.

On a des ambassadeurs. On n’en a pas assez en Touraine parce qu’ils étaient trop peu représentés aux Jeux Olympiques et Paralympiques. Mais on en a eu 5. Ces ambassadeurs-là doivent être des locomotives pour les clubs dans lesquels ils évoluent pour apporter un nouveau souffle et se dire qu’ on a peut-être des champions qui sont là, entre nos mains, qui ont une dizaine d’années. Encore faudra-t-il savoir les détecter et, après, une fois qu’on les aura détectés, il faudra savoir les encadrer et, en plus, peut-être, les faire évoluer à un autre niveau. 

Et quels sont les moyens pour y parvenir ? 

C’est compliqué, parce que, comme je l’ai dit plus tôt, si la structure n’est pas là … On peut prendre l’exemple du tennis de table avec les frères Lebrun. Avec eux, on sait que les licences de tennis de table vont exploser. Mais on ne va pas pouvoir agrandir les salles pour autant. Je dirais que votre question est bonne, mais elle aurait dû être posée il y a 10 ans. Enfin … elle a été posée mais on n’y a jamais répondu. 

Ces Jeux ont également permis de mettre un coup de projecteur sur le handisport. Est-ce que l’Indre-et-Loire va repenser ses infrastructures pour accueillir les sportifs en situation de handicap ? 

C’est vrai que les Jeux Paralympiques ont été un vrai succès parce qu’aujourd’hui on parle beaucoup d’inclusion, même si on a pas attendu les Jeux pour en parler. Et donc je pense qu’il est impératif de surfer sur cette vague. C’est un moment unique qui ne va pas se renouveler donc il ne faut pas attendre. 

Personnellement, je milite pour que les personnes handicapées aient toute leur place avec les valides. Alors, il y a des handicaps qui sont plus difficiles à inclure que d’autres, notamment les handicaps physiques. Mais à bien y réfléchir, très souvent, on peut trouver des solutions. 

Propos recueillis par Audrey Lecomte

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