My Serious Game joue dans la cour des grands

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Cette semaine, Frédéric Kuntzmann prend la direction de Lisbonne. Le co-fondateur tourangeau de My Serious Game s’attaque au marché international au Web Summit, un grand salon européen dédié aux nouvelles technologies. Une première étape, un entraînement grandeur nature, avant d’être reçu au temple de l’innovation : le CES de Las Vegas où il installera son stand en janvier. Rencontre avec un chef d’entreprise qui compte 25 salariés, veut doubler ses effectifs en 2018, mais souhaite garder l’esprit d’une startup.

« Mon métier change tous les 6 mois. Je ne peux plus faire de la production, de la facturation ou le ménage dans l’entreprise. Il faut des prestataires, ouvrir des postes de manager, communiquer en interne… On réinvente en permanence notre organisation » : dans un monde où créer son entreprise est devenu fréquent mais où les vraies réussites sont rares, Frédéric Kuntzmann fait partie de ceux qu’il faut suivre avec attention. Installé à quelques dizaines de mètres de la Rue Nationale de Tours, il a commencé à travailler au troisième étage, sous les toits. Puis il a déménagé au 1er, avant de reprendre des bureaux au 3ème pour réussir à loger tous ses collaborateurs. Bientôt, ce sera sans doute à nouveau trop petit. Aujourd’hui,  l’entreprise compte 25 salariés, 5 postes sont à pourvoir et, selon les prévisions, l’équipe devrait attendre les 50 personnes en 2018.

« C’était l’objectif. C’est ce que l’on ambitionnait car on savait que ce marché était porteur » explique aujourd’hui Frédéric Kuntzmann avec satisfaction mais en reconnaissant des difficultés : « j’ai sous-estimé la complexité de passer d’une startup avec 2-3 copains à une entreprise qui gère sa croissance. » Entre les deux, 3 ans se sont écoulés.

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Une vingtaine de groupes du CAC40 dans le fichier clients

Retour en arrière… Pendant dix ans, Frédéric Kuntzmann a travaillé dans différents groupes dans le domaine du conseil en formation. Se disant « passionné par l’humain parce que c’est ce qui fait la force de l’entreprise », il s’est mis à chercher des méthodes pour jouer sur la motivation et l’implication des salariés et le mode digital s’est imposé à lui. Avec son associée Aurélie Duclos, ils ont donc fait le pari de monter une boîte dans le but de créer des jeux vidéo à revendre aux entreprises afin de former leurs équipes d’une manière plus ludique qu’avec des PDF et des Power Point. La carotte, c’est de passer par le jeu. « Il faut jouer avec le savoir pour se l’approprier » explique d’ailleurs Frédéric Kuntzmann dans une phrase qui sonne comme un slogan.

Très vite, un premier client mord à l’hameçon : un grand groupe immobilier avec qui Frédéric Kuntzmann travaillait déjà. Désormais, My Serious Game revendique notamment une vingtaine de clients parmi les grands groupes du CAC40 + des organismes de formation : « on sort à peu près deux programmes par semaine. Les premières années, tout s’est fait par le bouche-à-oreille, on n’avait pas de structure commerciale et on rayonnait dans les groupes. Un DRH qui changeait de poste nous emmenait avec lui et on continuait aussi à travailler pour l’ancien groupe, par exemple. »

Des programmes pour former des milliers de salariés d’un seul coup

My Serious Game ne produit pas des jeux vidéo comme on pourrait se les imaginer : « l’idée ce n’est pas tant de tirer sur des canards mais d’installer un processus de progression. L’interface peut rester sobre mais l’intrigue et le suspens vont vraiment amener la personne jusqu’au bout avec des challenges comme le fait de répondre à un quiz dans une durée limitée. » L’idée : permettre aux collaborateurs de retenir des données complexes en un temps réduit. Frédéric Kuntzmann s’explique :

« Prenons l’exemple d’une nouvelle réglementation dans le secteur bancaire… Il faut former 10 000 collaborateurs à ce nouveau décret très rapidement mais sur quelque chose qui n’est pas forcément très sexy. On va donc utiliser un modèle de gamification pour rendre cela ludique, interactif et intéressant. Grâce à un système d’intelligence artificielle, le jeu va mesurer les compétences de la personne de manière à ne lui donner que ce qui lui manque, juste ce dont elle a besoin. Un peu comme un formateur qui s’adapte à l’assistance qui se trouve en face de lui. »

L’équivalent d’une journée de formation en moins d’une heure sur son écran

Ces modules sont courts : « ce sont des épisodes de 5-10 minutes que l’on peut suivre sur plusieurs jours et qui s’intègrent dans le planning des collaborateurs. En moyenne nos programmes font 40 minutes mais cela peut être l’équivalent d’une journée de formation. C’est court mais direct : on va à l’essentiel et cela rend les choses plus efficaces. » Développés sur mesure pour les clients, parfois avec des enquêtes préalables pour déterminer en amont les besoins des salariés, les jeux de My Serious Game deviennent ensuite la propriété exclusive des entreprises qui les achètent. Elles peuvent ainsi les utiliser lors de nouvelles arrivées, par exemple.

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Alors est-ce la fin de l’humain pour la formation ? Le chef d’entreprise tourangeau affirme que non :

« on a besoin de l’humain, des formateurs, des experts métiers. En digitalisant, on arrive simplement à déployer les processus à grande ampleur et de manière très qualitative car la technologie est capable de s’adapter à l’apprenant. »

De quoi motiver des travailleurs lassés par les formations proposées jusqu’ici : « les statistiques nationales montrent un taux de mobilisation de 20% sur les modules de e learning. Il y a donc un vrai défi pour donner un sens à tout cela. » Ainsi, 50% du temps de création d’un jeu est consacré à penser la formation (les infos essentielles, l’écriture…). Le reste est consacré au développement, en utilisant parfois des moteurs créés par des partenaires.

De nouveaux produits en 2018

My Serious Game ne compte pas s’arrêter là. En 2018, l’entreprise va développer un concept de jeu en réseau afin de créer « des aventures à plusieurs, parce qu’il est souvent plus facile d’aider quelqu’un que de résoudre sa propre difficulté. »

Ce produit, la société le présentera en janvier aux Etats-Unis, au célèbre salon CES de Las Vegas. Cette fourmilière hi-tech, le directeur l’a déjà parcourue. Pour la première fois, il aura son stand, comme 600 autres startups sélectionnées sur dossier. Objectif : séduire les grands groupes et les 80 000 organismes de formation français « qui doivent repenser leur modèle. » Ce sera aussi l’occasion d’aller chercher des clients internationaux, notamment européens. « On a déjà des rendez-vous » explique le Tourangeau qui planche aussi sur un concept de film pour former des collaborateurs à la sécurité au travail. Des projets à la pelle donc pour cet homme qui a « quasiment une nouvelle idée par jour » et qui espère grandir en gardant l’esprit d’une startup.

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