Météo capricieuse et mesures de Trump : inquiétudes sans panique pour les vins de Chinon

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Samedi 26 avril, le Syndicat des Vins de Chinon va investir la Promenade des Dr Mattrais pour la 16e édition des Vignerons dans la Ville, manifestation annuelle pour faire découvrir ses millésimes auprès du grand public. « Pas une opération business » mais un rendez-vous promotionnel important alors que le marché est chahuté par un enchaînement de récoltes médiocres et les frasques du président des Etats-Unis sur les droits de douanes.

Le vignoble de Chinon c’est 163 exploitations, dont 94% dédiés à la culture du cabernet franc pour les vins rouges et seulement 5% de chenin pour les vins blancs (le reste c’est du cabernet sauvignon). En 2024, les 2 500ha de vignes ont plutôt souffert, « un cumul du gel de 2021, de la canicule de 2022 et des maladies de 2023 » résume la viticultrice Clothilde Pain, installée à Panzoult. « Il a plu tout le temps, soit 900mm d’eau » ajoute le président du syndicat Jean-Martin Dutour (alors qu’on était à 650mm en 2023.

Le résultat c’est une campagne de vendanges sans éclat, autour de 35 hectolitres à l’hectare. « Notre dernière récolte abondante date de 2018 et la dernière normale de 2020 » déplore le responsable du domaine Baudry-Dutour, également établi à Panzoult. Et qui dit millésime peu quantitatif dit surtout hausse des prix : « Nos coûts de production sont fixes pour la culture, il faut donc aussi faire payer la bouteille que l’on n’a pas produite. » Tout cela alors même que le monde viticole fait face à la contraction des ventes ces dernières années, « en particulier pour les vins rouges. »

Ajoutez à cela les déclarations tonitruantes du président américain Donald Trump annonçant une hausse des droits de douanes pour les pays de l’Union Européenne et vous avez un sacré tableau quand on sait qu’en moyenne 5% des bouteilles de Chinon finissent aux Etats-Unis. « J’ai un importateur qui avait commandé plus de volume fin 2024 en prévision » pointe Sébastien du Petit Thouars, autre administrateur du syndicat chinonais. La pause de surtaxe de 90 jours annoncée début avril a un peu calmé le jeu mais actuellement chaque entrée sur le sol américain est tout de même impactée à hauteur de 10% de son prix.

« Concrètement, on a des palettes qui sont bloquées et des importateurs qui attendent » résume Jean-Martin Dutour alors que les flux vers les Etats-Unis sont continus au fil de l’année (en ce moment au printemps on envoie les vins qui seront consommés à l’été, puis rapidement ceux destinés aux fêtes de fin d’année). Il y a tout de même des éléments rassurants : « Contrairement au 1er mandat de Donald Trump où seuls les vins français étaient visés, cette fois ce sont tous les vins européens. Nous resterons donc compétitifs et qualitatifs vis-à-vis des Espagnols ou des Italiens » pointe le président du Syndicat.

Il vaut mieux car la faiblesse du dollar et la baisse des capacités financières du peuple américain sont d’autres facteurs qui peuvent impacter la consommation dans le 1er pays consommateur de vin au monde. Face à tous ces écueils, la stratégie est claire : accentuer la communication sur les atouts de l’AOC.

Avec 90% de sa surface labellisée en bio ou en Haute Valeur Environnementale, des prix accessibles et des vins « dans la tendance » (c’est-à-dire plutôt fruités, pas trop végétaux) le vignoble chinonais compte donc tirer son épingle du jeu. Un argumentaire qui fonctionne : « La production de Chinon se vend et se valorise… juste pas assez fort et pas assez vite » dixit Jean-Martin Dutour.

En clair, la situation est fragile mais en capacité de s’améliorer en cas de bonnes récoltes. S’il est bien trop tôt pour présager de ce que donnera 2025, la météo est pour l’instant assez rassurante (pas de menace de gel, du soleil pour que la vigne démarre, et de l’eau régulièrement pour ne pas trop assécher les sols). Seulement, les dernières années ont fatigué les plantes, notamment impactées par les maladies de 2024, « souvent en dormance » et qui menacent donc de ressurgir à tout moment.

Cependant, Jean-Martin Dutour se veut optimiste : « En général, les années en 5 c’est bien. » De plus, le 13 juillet, l’appellation Chinon bénéficiera d’un coup de projecteur lors de l’étape du Tour de France reliant la cité de Rabelais à Châteauroux. Elle prépare actuellement une surprise pour la télévision. Le genre de publicité qui ne fait jamais de mal, d’autant plus que l’autre coup de projecteur annuel – le festival des Nourritures Elémentaires – est lui suspendu pour raisons d’économies budgétaires (il nécessitait 25 000€ de budget). Son retour est tout de même envisagé dès 2026.

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