Marche pour Charlie : Fallait-il y aller ou pas ? Question épineuse pour certains militants de gauche

Facebook
Twitter
Email

Participer ou pas aux manifestations de ce week-end ? Cette question a hanté une partie des militants de gauche et a jeté le trouble auprès de certains. Rencontre avec Rémi et Julien, deux Tourangeaux, copains de longue date. Julien a décidé de participer à la marche blanche à Tours, tandis que Rémi n’a pas souhaité s’y rendre…

IMG_8632

37° : Bonjour à vous deux, pour commencer pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Julien : Je pense que ce n’est pas important de dire qui nous sommes, cela n’intéresse personne. Personnellement je suis simplement un citoyen humaniste, portant des valeurs de gauche.

Rémi : Comme Julien, à part dire que je m’appelle Rémi, le reste n’a pas d’importance, je suis un salarié comme tant d’autres, je vis dans un appartement à Tours avec ma copine. Après comme Julien, je porte des valeurs humanistes.

37° : Vous achetez régulièrement Charlie Hebdo ?

Rémi : Régulièrement non, de temps en temps je l’achetais ou des potes me le passaient. J’achète différents titres de presse, mais j’aime bien changer, j’achète aussi d’autres titres satiriques, selon les semaines, les Unes.

Julien : J’achetais de moins en moins Charlie Hebdo, parce qu’aussi avec internet aujourd’hui, tu as pleins de médias pertinents, donc j’en avais moins besoin, et puis depuis l’affaire Siné, ça m’avait un peu refroidi. Mais avec Rémi, Charlie Hebdo c’était le journal de nos années lycée, cela a formé nos réflexions, nos pensées.

37° : Venons-en aux raisons de cette conversation, vous m’avez dit tous les deux, ressentir une gène au sujet des rassemblements de ce dimanche.

Julien : En quatre jours, on a l’impression que tout le monde a arrêté de penser, il n’y a aucun recul sur rien. Regarde à Paris, on invite tous les chefs d’Etat, y compris les pires, ceux qui dans leurs pays vont à l’encontre des valeurs de liberté justement et personne ne retrouve rien à y dire. Au contraire, on se gargarise de faire venir Habbas et Netanyahu dans la même manif. Ok c’est bien si ça peut aider le peuple palestinien, mais au fond qui y croit vraiment ? Tout ça c’est de l’image.

Rémi : Pourtant Julien, tu vas quand même manifester à Tours aujourd’hui…

Julien : Oui, mais parce que justement, je ne vois pas en quoi je devrais m’empêcher de rendre hommage à Charlie Hebdo. Je ne veux pas laisser le champ-libre à ceux que Charlie combattait et qui pourtant vont aujourd’hui marcher dans les rues de France en faisant les pleureuses.

37° : Toi Rémi, tu as une autre vision, tu refuses de manifester aujourd’hui.

Rémi : Je vous invite à lire les interviews des rescapés de Charlie, tous condamnent cette récupération, moi je préfère continuer à acheter la presse alternative, satirique comme Charlie Hebdo, Fakir ou Siné Mensuel par exemple. Mon soutien passe par là. Pour le reste, je pense que ce n’est que du folklore. J’ai été au rassemblement de mercredi ça m’a suffit. Voir des gars tous fiers en se prenant en selfie pour dire j’y étais, ça me fout la gerbe.

Sans rire, on en est à se demander si il faut dérouler le tapis rouge au FN, il n’y a pas quelque chose qui cloche non ? Le FN, c’est bien le parti que Charlie Hebdo combattait depuis des années ?

Julien : Oui mais pour autant, on ne peut pas leur laisser place nette dans la rue. Il n’y aura pas une majorité de frontistes dans les manifs. C’est comme pour tous les symboles, on les laisse au FN parce qu’on a peur de passer pour des fachos si on les utilise aussi, c’est pas la bonne solution je pense. Moi je veux manifester pour dire Charlie Hebdo c’était pas pour les fachos, Charlie Hebdo ils sont morts parce qu’ils se battaient justement contre les fascistes.

37° : N’avez vous pas l’impression que la question dépasse largement celle de Charlie Hebdo ?

Rémi : Bien sûr que oui, on en est à sortir la cocarde républicaine, à brandir la défense de la France et de la démocratie et tout le reste. Mais c’est au quotidien qu’il faut défendre tout ça. Ce qui me dégoute c’est que demain chacun repartira chez soi et ne se posera aucune question. La société ne s’améliorera pas au contraire, je crains pour tous les musulmans en France, ils vont être stigmatisés au possible. Sans rire, je n’aimerai pas m’appeler Rachid aujourd’hui.

Julien : Évidemment, on prend conscience qu’en France, n’importe qui peut-être touché par le terrorisme. C’est normal que cela suscite une émotion sans précédent. D’ailleurs, par rapport à Rémi, moi j’y vois un signe d’espoir, voir toutes ces personnes qui se réunissent, mine de rien, ça n’arrive pas tous les jours. Chaque personne qui sera présente dans les manifestations, y sera pour ses propres raisons, mais cela restera un signe de paix fort ces rassemblements. C’est aussi une des raisons qui font que je tiens à y être. Même si il va falloir être vigilants sur la suite, parce que je sais aussi que certains vont se servir de ce drame et jouer avec l’émotion populaire pour avancer leurs billes.

Propos recueillis dimanche matin.

A voir également  les témoignages des participants à la marche blanche hier à Tours

Facebook
Twitter
Email

La météo présentée par

TOURS Météo

Inscription à la newsletter