Ce vendredi 24 juin cela fera 4 mois que la guerre a commencé en Ukraine. 4 mois que le pays d’Europe de l’Est est pilonné par des Russes, l’armée de Vladimir Poutine étant accusée de nombreux crimes de guerre. Si les militaires de Moscou ont reculé, se concentrant désormais sur leur objectif de conquérir l’Est le Sud du territoire ukrainien, les combats continuent de faire rage et les bombardements sont quotidiens. Le bilan serait de plusieurs dizaines de milliers de morts, et plus de 14 millions de personnes ont fui leur habitat d’origine sur un Etat de 37 millions d’habitants.
Parti sur place dès le mois de mars pour aider la population de l’Ouest et ramener des réfugiés en Touraine, Baptiste Dubanchet est reparti en Ukraine en ce mois de juin. Cette fois le Tourangeau est à l’Est, à hauteur de la ville de Zaporijia. Il explique s’être rendu là-bas pour soutenir les soldats ukrainiens qui résistent face aux Russes, se donnant notamment pour objectif de leur fournir des gilets pare-balles. Face aux difficultés quotidiennes des populations locales, il appelle également aux dons. Une collecte est d’ailleurs organisée ce vendredi 24 et ce samedi 25 juin au centre commercial La Petite Arche de Tours-Nord via l’association Touraine Ukraine et Anna, une Ukrainienne qui vit en Touraine (tous les dons sont acceptés et des bénévoles recherchés).
« Zaporijia c’est une très grande ville, pratiquement la taille de Tours Métropole » nous raconte Baptiste par Messenger. Pour rejoindre sa destination, il dit avoir eu moins de difficultés que son deuxième séjour qui remontait au mois d’avril :
« Depuis que les Russes se sont retirés de Kiev et du Nord, les routes du centre de l’Ukraine sont moins surveillées. En revanche quand on arrive vers Zaporizhzhia (orthographe en ukrainien) les barrages et contrôles s’intensifient. La ville est toujours barricadée, les combats aux alentours se sont multipliés et intensifiés. »
Au quotidien, Baptise Dubanchet décrit une ville « plutôt calme » mais à l’ambiance « très dure » : « Les habitants redoutent les bombes, ou ont fui une ville prise par l’envahisseur. Chacun ici a un frère, un père, un oncle, un ami ou amant qui est mort ou se bat pour que la ville ne soit pas prise. » Le Tourangeau est hébergé par un volontaire nommé Igor, « un ancien élagueur. Mais que des arbres tombent sur les routes ou les maisons ne semble plus préoccuper les gens » commente-t-il avec une sombre ironie. Au quotidien, Baptiste Dubanchet fait des allers-retours avec le front, ou auprès de civils en difficulté. Il nous décrit ses journées :
« On mange, on nage et on fait un peu de sport le matin. Il y a un grand fleuve à côté de la ville. Ça me rappelle la Loire où je vis (sur un terrain juste au bord du fleuve). Ensuite on transporte de la nourriture chez les gens (âgés, handicapés, réfugiés sans revenu etc) et parfois on va sur le front faire la même chose pour les militaires. On leur apporte des plats chauds. Et quand c’est possible des munitions, des chargeurs de l’essence etc. Ce week-end on a apporté des gilets pare-balles à un service de la police. On les a doublés pour augmenter leur résistance (des gilets donnés par la ville de Tours, en provenance de sa police municipale, ndlr). »
« On parle aussi pas mal. Les gens profitent de la vie quand même. Ils ont décidé de ne pas avoir peur des bombes. Juste au moment où elles tombent, tout s’arrête. Et puis la vie reprend… Un peu comme les attentats en France n’avaient pas dissuadé les gens d’aller dans les cafés » poursuit le volontaire. Pour illustrer son propos, il raconte ses parties de Backgammon avec Igor où les fleurs qui jaillissent au milieu des ruines, tout un symbole dans un pays qui les adore.
« Il n’y a plus d’école et beaucoup d’activités ont été suspendues avec la guerre, mais d’autres continuent » poursuit Baptiste Dubanchet. « il y a encore quelques marchés, des magasins, de l’alimentation principalement. Mais aussi quelques loisirs, des salles de sports, gymnases etc. La vie continue et les gens disent qu’ils veulent en profiter, ils ne savent pas ce qui se passera demain… » commente-t-il relevant juste après la régularité de la chute des bombes et le déclenchement encore plus fréquent de l’alarme pour alerter de l’imminence d’un bombardement.
En dépit des risques, le Tourangeau se rend donc fréquemment au plus près des soldats :
« Ils nous ont emmenés voir le champ de bataille, leurs lieux de vie, et ça devient une ville qui se retrouve au cœur des combats. Personne ne parle anglais mais un soldat m’a dit « bonjour » en français. Il m’a expliqué qu’il était régisseur avant la guerre, enfin c’est ce que j’ai compris. Il connaissait quelques mots en français dont celui de régisseur. Les autres n’étaient pas moins sympathiques mais la connexion était forte avec lui. »
Baptiste Dubanchet compte rester encore plusieurs mois en Ukraine. Pour aider mais aussi pour témoigner. Il a réactivé une page Facebook utilisée lors de ses précédentes missions militantes pour la lutte contre le trop-plein de déchets et envisage de travailler pour des médias depuis l’est-ukrainien.