L’agriculture aux portes de la ville : l’exemple des Maraîchers de Cangé à Saint-Avertin

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L’édition 2025 du Salon de l’Agriculture se tient jusqu’au dimanche 2 mars à Paris. Plus de 600 000 personnes sont attendues pour cet événement qui fait office de vitrine du savoir-faire français, et de porte-voix pour une profession qui se définit souvent comme malmenée (en témoignent les deux mouvements de contestation nationaux engagés en 2023 et 2024). Face à ces difficultés, comment encourager de nouvelles installations ? Comment endiguer la baisse du nombre de fermes, et l’inexorable expansion des grands producteurs ? Une partie de la solution pourrait se trouver en milieu urbain.

L’agriculture en ville ressemble à un joli paradoxe. Pourtant, avec l’expansion des zones urbaines et l’augmentation de la population, elle devient une nécessité si l’on veut réussir à produire un maximum chez nous, et limiter les importations qui génèrent de fortes émissions de gaz à effet de serre et risquent de faire venir en France des produits ne répondant pas à nos normes sanitaires ou environnementales.

Plusieurs projets ont déjà vu le jour, notamment Les Jardins Perchés, avec l’aménagement d’une ferme sur le toit d’un immeuble à Tours-Nord. On peut aussi citer les ruchers urbains qui se sont multipliés ces dernières années, plusieurs mairies ou entreprises produisant leur propre miel en faisant appel à des apiculteurs professionnels pour entretenir les ruches.

Autre option : exploiter des terrains publics en friche pour y installer des exploitations agricoles. C’est le pari de Tours Métropole qui a mis à disposition un site naturel situé au bord du Cher, à Saint-Avertin. Une zone jamais exploitée pour la culture (seulement pour faire paître du bétail). Doublée d’une aide logistique, cette mise à disposition de l’agglomération a permis le développement de l’entreprise Les Maraîchers de Cangé gérée par Léo Vetillard et Romain Coltier, 40 ans, et qui a débuté son travail de la terre par le monde de la jardinerie. Nous l’avons rencontré.

D’où vient votre vocation agricole ?

Elle est issue d’inspirations familiales (des liens avec des artisans-boulangers en Ardèche) et d’une sensibilisation politique sur ce que c’est de faire à manger, nourrir les autres. Il m’a néanmoins fallu plusieurs années pour passer le cap. Pour moi l’agriculture c’est venir travailler avec son environnement de la manière la plus douce et la plus intelligente possible ce qui passe pour nous par la production en bio mais aussi à mener une réflexion sur ce qui entoure notre ferme, par exemple comment gérer les ravageurs sans avoir recours à une opposition guerrière. Nous privilégions aussi l’achat de semences plutôt que de plants.

Comment vous vous sentez sur ce terrain ?

Comme un enfant. Je l’aime beaucoup. La terre est très riche et on y découvre de belles choses tous les jours. Après, évidemment, c’est une terre très lourde, à l’inverse des terres sableuses souvent dédiées au maraîchage car plus facile à travailler. Cela nous demande donc beaucoup d’efforts et d’abnégation, pour autant c’est un bel endroit, un des derniers méandres du Cher avant l’arrivée en ville, avec des zones boisées tout autour. C’est donc une zone assez humide avec une nappe phréatique juste en dessous (de quoi limiter les risques de sécheresse, ndlr). On sent qu’il y a une biodiversité très riche : des animaux, des rapaces… Ce qui est étonnant si proche de la ville.

Je trouve ça intéressant car j’ai plutôt un parcours de citadin et cette agriculture qui se rapproche des villes c’est très inspirant et motivant. Cela avait quasiment disparu et qu’il y ait une volonté politique de réimplanter des exploitations agricoles en agglomération ça me plait.

Est-ce que cela a un impact aussi sur les ventes que vous réalisez en direct ?

Les gens qui viennent sont curieux et conscients qu’acheter directement à un producteur c’est déjà un engagement car cela supprime des intermédiaires et pérennise des emplois agricoles. Ils ne viennent pas forcément le point levé à la ferme (rires) mais c’est une façon pour les citoyens de se réapproprier leur alimentation.

D’où viennent-ils ?

Ce sont des personnes à proximité directe, qui ont entendu parler de nous à droite à gauche, ou qui viennent via les AMAP car on propose également des produits d’autres producteurs en plus de nos légumes de saison.

Quel bilan faites-vous de votre début d’activité ?

Malgré les aléas climatiques nous sommes plutôt satisfaits car avec le maraîchage diversifié comme le nôtre, on a la possibilité de se rattraper si une culture rate.

Que vous a apporté le soutien de la Métropole ?

Un soulagement car on s’est installé sur une prairie vierge nécessitant des investissements conséquents en infrastructures. Cela n’empêche pas un endettement conséquent, on ne se paye pas encore, mais sans ça cela aurait très compliqué de s’installer.

Un degré en plus :

L’exemple des Maraîchers de Cangé n’est pas unique, et la Métropole peut soutenir d’autres exploitations avec donc un soutien logistique et un accompagnement personnalisé.

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