La Touraine se rêve en terre d’hydrogène

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Depuis quelques années, la Touraine s’intéresse de près à l’hydrogène. Vu comme une solution énergétique d’avenir en matière de transports notamment, l’hydrogène est en plein boom. Jusqu’à présent, la question se cantonnait néanmoins essentiellement à des études, des projets internes ou encore des prototypes, mais depuis un an, les choses bougent et deviennent concrètes, à l’instar de la plateforme hydrogène PowiDian à La Ville aux Dames ou encore l’inauguration de la station de distribution et la mise en circulation de voitures et vélos à hydrogène à Sorigny, le mois dernier.

Relire également notre focus réalisé l’an passé : Quand la Touraine expérimente l’hydrogène

Hy’Touraine  ou la Touraine hydrogène

Sorigny ne devrait pas rester longtemps seule à la pointe de l’hydrogène. C’est en tout cas le vœu de plus en plus d’élus. Un signe qui ne trompe pas, cette année on a vu la mise en place d’un comité de pilotage sur la question à l’échelle du (Schéma de Cohésion Territoriale). On y retrouve des membres de la CCTVI, la Communauté de Communes Touraine Vallée de L’Indre, par l’intermédiaire du maire de Sorigny Alain Esnault, de Tours Métropole (le vice-président Jean-Luc Galliot), du département (Dominique Lemoine), de l’Agence d’Urbanisme de Tours (Jérôme Baratier), de la Préfecture (Sylvie Claveau), de la Région (Anne Besnier) et le député Philippe Chalumeau.

Les réflexions qui en sont sorties, ainsi que celles menées ailleurs sur le territoire ont fait émerger l’idée de créer un dossier global nommé « Hy’Touraine », piloté par la CCTVI et le SIEL (le Syndical Interdépartemental d’Energie d’Indre-et-Loire), afin de répondre à l’appel à projets lancé par l’ADEME (l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise d’Energie). « Le but est d’offrir un maillage territorial cohérent » explique Philippe Chalumeau. Pour se faire, Hy’Touraine s’appuie notamment sur deux projets en cours :

  • Hyd’EM qui prône la mise en place d’infrastructures de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau à partir d’énergie photovoltaïque, l’implantation de stations hydrogène ou encore la promotion de véhicules roulant à cette énergie.
  • HySOPARC qui veut développer des installations de productions et de distribution d’hydrogène à l’image de la première station inaugurée à Sorigny.

Pur Philippe Chalumeau, l’hydrogène est à la fois une réponse énergétique avec une estimation de 55 millions de CO2 en moins d’ici 2050 sur le territoire français mais aussi une opportunité économique pour la Touraine également. Pour le député, vice-président du groupe d’études Hydrogène à l’Assemblée Nationale, l’hydrogène pourrait en effet rapporter gros. « A l’horizon 2030, la filière hydrogène pourrait générer 45000 emplois et un chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros » explique-t-il tout en estimant que la revente énergétique permettrait une plus-value financière de 6 millions d’euros.

Si Philippe Chalumeau évoque la date de 2030 c’est que d’ici là, le comité de pilotage territorial prévoit la mise en place de multiples projets recensés sur cette carte de l’ATU :

L’hydrogène au cœur du projet de développement de l’aéroport

On y retrouve de nombreuses possibilités évoquées l’an dernier dans nos colonnes par François Marin du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), une structure qui travaille sur l’hydrogène depuis une quinzaine d’années. Ce dernier évoquait ainsi des opportunités pour les voitures, les vélos ou encore l’aéroport. Autant de choses que l’on retrouve aujourd’hui dans les ambitions affichées. Sont évoqués ainsi des liens avec la société Vinci et Keolis, « intéressés par la mise en place d’un patrouilleur à hydrogène, mais aussi d’un bus à hydrogène intra-urbain sur l’autoroute A10 » ou encore le plan du Syndicat mixte pour l’Aménagement et le Développement de l’Aéroport de Tours (SMADAIT) qui envisage des expérimentations hydrogène dans le domaine aérien : utilitaires et chariots élévateurs à hydrogène / navettes autonome / bornes de ravitaillement en hydrogène.

Des projets envisagés avec la restructuration des terrains cédés par l’Armée de l’Air, qui ne sont pas les seuls pour l’aéroport puisqu’une borne de recharge à hydrogène est aussi envisagée ainsi qu’un projet d’avion hydrogène-électrique de transport régional en partenariat avec la société H3 Dynamics.

 La solution pour les lignes de TER ?

L’hydrogène, un facteur de développement pour l’aéroport donc, mais aussi un outil qui pourrait résoudre le toujours épineux problème des lignes de train TER, à l’instar de la trop célèbre Tours-Loches, pour Philippe Chalumeau : « Je vais organiser dans les prochains mois une réunion avec les ministres Elisabeth Borne et Jean-Baptiste Djebbari et les élus et députés d’Indre-et-Loire afin d’engager une dynamique pour la mise en place de trains à hydrogène à Tours. En particulier sur les lignes Tours-Loches Tours-Chinon ou Tours-Amboise. » Un député de Tours qui souhaite également engager une réflexion sur la mise en place de trains autonomes à hydrogènes pour un autre gros sujet ferroviaire : celui de la navette Tours-Saint-Pierre-des-Corps.

Et Philippe Chalumeau d’imaginer également un développement autour de la Loire à Vélo avec l’installation de bornes sur le parcours.

Quelle faisabilité ?

Autant de projets qui doivent mailler le territoire de la Touraine à l’horizon 2030. Reste la question de la faisabilité. En effet si l’hydrogène est une solution séduisante, jusqu’à présent elle présentait plusieurs inconvénients : la difficulté de stockage, en passe d’être complètement résolue mais aussi ses coûts de production et diffusion élevés.

L’une des autres problématiques reste le maintien de la pression nécessaire pour que l’hydrogène devienne un carburant fiable et pratique. Là encore, le député de Tours de saluer et de croire dans les innovations récentes, à l’instar de celle de la société AAQIUS qui a développé des solutions de recharge à basse pression. « Ce type de solutions permet de répondre à l’enjeu fondamental du dernier kilomètre » explique encore Philippe Chalumeau, qui y voit également une solution efficace « pour les mobilités douces en milieu rural. »

Les projets ne manquent pas donc et en un an de temps, la Touraine a fait un bond en avant sur la question de l’hydrogène avec des projets posés sur une carte et des acteurs travaillant main dans la main. L’étape suivante sera celle des financements. A ce niveau, nul doute qu’il faudra une incitation et des aides de l’Etat, ce à quoi les députés travaillent actuellement avec le déploiement de mesures législatives favorisant le développement de la filière. L’avenir de l’hydrogène s’écrit aujourd’hui et la Touraine, d’ordinaire si frileuse, ne paraît pas décidée à rater la marche.

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