HistLoire, c’est une chronique régulière sur 37° où nous vous proposerons un petit focus sur un pan d’histoire tourangelle. Ce mois-ci, replongeons nous dans l’histoire centre des congrès, à l’occasion de ses 30 ans.
Appelez le Palais des Congrès. Depuis quelques années, le mot Vinci n’a plus lieu d’être pour le Palais des Congrès de Tours. Un choix de l’ancien directeur de Tours Evénements qui jugeait le nom accolé au bâtiment de Jean Nouvel, pas assez porteur. Pour beaucoup de Tourangeaux, le nom Vinci reste et il est fort à parier qu’il restera encore quelques années dans les têtes et les appellations.
Le bâtiment dessiné par Jean Nouvel fait aujourd’hui partie intégrante du paysage tourangeau et connaît un beau succès, attirant de nombreux événements chaque année, qu’ils soient culturels ou d’affaires. Un équipement qui participe au rayonnement de la ville et à son économie et qui a fait ses preuves, mais qui a connu son lot de critiques également.
L’histoire de Tours et des congrès n’est pas née avec le Vinci. Si l’exemple le plus célèbre reste le Congrès de Tours de 1920, qui conduit à la scission de la SFIO et à la naissance du Parti Communiste Français, c’est après la Seconde Guerre Mondiale que la ville de Tours envisage de se doter d’un véritable centre des congrès. Envisagé dans le cadre de la reconstruction du centre-ville détruit par les bombardements, le centre des congrès est alors imaginé en face de la bibliothèque Municipale. Ce projet, connu sous le nom de plan Patout, est aujourd’hui régulièrement cité par les élus. Christophe Bouchet, s’en est ainsi servi en début d’année pour remettre à plat le projet Porte de Loire, expliquant vouloir ériger un bâtiment parallèle à la bibliothèque afin d’achever le projet de Patout.
Pour en savoir plus sur le plan Patout, lire cet article sur le site Zone Franche
Inachevé pour raisons de priorités (la ville de Tours doit alors faire face à une pénurie de logements), le centre des congrès imaginé par l’architecte Patout n’aura jamais vu le jour en effet. Ce n’est que dans les années 80 que le centre des congrès revient dans les débats. Dans la perspective de l’arrivée du TGV, le maire d’alors Jean Royer, entend profiter du rapprochement de sa ville avec Paris, pour faire de Tours une destination de tourisme d’affaires. Après avoir un temps envisagé la construction d’une nouvelle gare et la transformation de celle de Laloux en Centre des Congrès, finalement, le maire opta pour la construction d’un nouveau bâtiment face à la gare en question.
Le projet débuta avec la destruction de l’hôtel d’Armor en juillet 1989. Un hôtel datant de 1875 et qui appartenait depuis à la famille Bellanger. Une destruction qui souleva de nombreuses contestations, tout comme le projet du Vinci en lui-même, mais sans faire reculer le maire de Tours. Il faudra 30 mois de travaux pour élever ce bâtiment à l’architecture singulière, contenant 26 000 m² de surface exploitable dont trois auditoriums de 2000, 700 et 350 places. Deux-ans-et-demi de chantier et une grosse frayeur sur la fin, quand 200 m² de plafonds intérieurs s’effondrent en avril 1993, faisant deux blessés légers sur le chantier.
Finalement, le Vinci est inauguré en septembre 1993 et 17 000 Tourangeaux viennent découvrir le nouvel équipement le week-end de l’inauguration. Mais si tous, reconnaissent alors la réussite architecturale du projet, le montant de ce dernier, suscite à l’inverse de nombreuses critiques. De 320 millions de francs envisagés au départ, le Vinci aura finalement coûté plus de 710 millions de francs, creusant durablement la dette de la ville et jouant sa part dans la défaite de Jean Royer aux municipales deux ans plus tard. Un coût qui revient d’ailleurs toujours régulièrement dans les débats 30 ans après…
(Re)lire également : Un architecte, un lieu tourangeau : Bertrand Penneron nous parle du Vinci