En février dernier on apprenait que la ville de Paris voulait réguler la pose de fleurs artificielles sur les façades de commerces. Vue comme un atout pour faire venir la clientèle, cette technique de décoration est aussi très contestée pour son impact écologique. Une tendance qui commence malheureusement à gagner Tours.
La devanture d’une société de consulting, une galerie d’art, une enseigne de donuts, un institut de beauté… Depuis quelques mois, plusieurs commerces de Tours commencent à installer des fausses fleurs sur leur façade. Pour l’instant on est loin de l’épidémie mais ce type de décor est sur la pente ascendante. Il y en aux Halles, Place Jean Jaurès, Rue Léon Boyer et même dans la plus discrète Rue de la Scellerie.
Il faut l’avouer, ça attire l’œil. C’est le but d’ailleurs : se démarquer dans des rues commerçantes où les enseignes ont parfois tendance à être anonymes, surtout quand de plus en plus de passants marchent la tête baissée sur l’écran de leur smartphone.
A Paris, ce type d’aménagement est en plein boom, en particulier sur les devantures de bars et de restaurants du centre. Quand on les interroge, les responsables assurent que ça booste la fréquentation par rapport aux confrères qui n’ont pas investi. Cela leur garantit par exemple de bons retours sur les réseaux sociaux visuels comme Instagram et TikTok.
Le problème c’est que c’est moche. Un attrape-touriste qui ne présage en rien de la qualité de l’établissement, voire parfois qui sert à masquer un service médiocre. On paye le décor plus que le produit. Une tendance détestable qui se voit aussi en salle (cf. la surenchère financière des dernières années pour l’aménagement intérieur des brasseries de la Place Jean Jaurès, parfois entre 1 et 2 millions d’€).
On l’a dit, les fausses fleurs, c’est moche. Enfin, nous, on trouve ça moche. D’autres aiment. Et en vérité peu importe. Le débat est plutôt sur l’aspect éthique de cet équipement. L’écologie, d’abord.
Pour que ça tienne bien en extérieur, il faut utiliser des produits dérivés du plastique. Et qui dit plastique dit pollution. Dans la capitale, les élus avaient même mis en avant le risque que les fausses fleurs accélèrent la propagation d’un incendie. Le conseil de Paris avait alors voté à l’unanimité pour l’édification d’une charte destinée à dissuader les entreprises de recourir à ce type de stratagème de communication.
A Tours, on a recensé pour l’instant moins d’une dizaine de commerces ayant cédé à la tendance. Loin des plus de 300 pas de porte artificiellement fleuris dans les différents arrondissements parisiens. Et très peu rapport aux centaines de magasins du centre-ville. La mairie a d’ailleurs ignoré notre demande de prise de position sur le sujet. En off, on nous fait comprendre que ce n’est pas un sujet vu que c’est encore peu répandu.
Ce qu’on déduit, c’est que la municipalité est déjà tellement occupée à calmer l’agacement des commerçants face au nouveau plan de circulation qu’elle voudrait éviter d’en rajouter en créant une nouvelle réglementation. Mais peut-être faudrait-il quand même y penser : n’était-ce pas le principe d’une ville écologiste que d’éviter la débauche de moyens consuméristes pour attirer le public ? Plus philosophiquement, pourquoi a-t-on besoin de tels artifices pour attirer du monde chez soi ? Comment se fait-il que le paraître suffise à se créer une bonne réputation ?
A l’heure où Internet grappille sans cesse des parts de marché ou que la crise a tendance à vider les bars-restaurants hors des week-ends, on comprend que les entrepreneurs réfléchissent à de nouvelles méthodes pour sortir du lot et se faire remarquer. Mais on a tendance à penser/espérer qu’il y a d’autres moyens plus écoresponsables et plus esthétiques d’y parvenir.