Est-ce que Angers c’est vraiment mieux que Tours ?

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A Tours tout le monde le sait : ici, c’est mieux qu’Orléans. Ce n’est pas toujours très objectif, mais ça rassure. En revanche, on a parfois un sentiment d’infériorité vis-à-vis d’Angers. Avec 150 000 habitants, la capitale du Maine-et-Loire joue à peu près dans la même catégorie que sa voisine ligérienne. Elle a un CHU, une gare TGV, une bonne desserte autoroutière, un vaste tissu économique, culturel et sportif… Et peut-être un dynamisme supérieur ?

Il y a quelques temps, l’ancien maire tourangeau Christophe Bouchet ne tarissait pas d’éloges sur Angers. Il parlait notamment de son Arena, ce qui lui permettait de rappeler que Tours avait été incapable de faire émerger un projet similaire. Comparer les deux villes lui permettait alors de déployer un argumentaire laissant supposer qu’Angers était en pleine ascension économique et d’estime quand la capitale de l’Indre-et-Loire avait plutôt tendance à se tasser, voire à régresser.

Il faut bien reconnaître que la fameuse « douceur angevine » fait des étincelles, permettant régulièrement à la ville d’atteindre les sommets des classements des coins de France où il fait bon vivre. Pour sentir un peu le pouls de ce territoire on a eu envie d’y passer 24h. Forcément trop court pour attester qu’il vaut mieux vivre là-bas qu’ici, mais suffisant pour capter l’ambiance du territoire.

Politiquement, il faut préciser qu’Angers est une ville centriste. Son maire s’appelle Jean-Marc Verchère : il a pris la suite de Christophe Béchu quand celui-ci est devenu ministre. On est donc dans une cité plutôt Macron-compatible. A cheval sur trois circonscriptions, la commune est représentée par 3 députés du bloc central de l’Assemblée Nationale (deux Ensemble et un Horizons). En revanche, aux Européennes de juin c’est la liste de gauche de Raphaël Glucksmann qui était en tête avec 21%, contre 17% pour la majorité présidentielle représentée par Valérie Hayer.

Il ne s’agit là que d’un éclairage. Si les investisseurs peuvent s’orienter vers une ville en fonction de sa couleur politique, c’est plus rarement le cas des personnes qui choisissent d’y vivre. Et encore moins un critère pour les touristes. Ce que ces derniers vont observer, c’est si la cité qu’ils arpentent est – ou non – dans l’air du temps.

Là, pas de doute, Angers marque des points. Son réseau de tramway est très développé avec 3 lignes (une seule à Tours, la 2e étant à peine lancée). Il y a des pistes cyclables partout et un large centre-ville piéton ou à circulation apaisée. A la différence de beaucoup de villes, la sortie de sa gare n’est pas disgracieuse et sur son flanc Est on quitte très vite le béton pour se trouver dans la forêt ou dans les champs. Là-encore, c’est précieux.

Angers est également reconnue pour être une terre d’expérimentation économique. On y dit que la population est un échantillon assez représentatif de la diversité nationale. Ainsi, on a pu observer que certains concepts commerciaux très populaires à Paris ou New York étaient déjà adaptés en Maine-et-Loire (coucou la boutique centrée sur la pâte à cookies ou le fleuriste qui fait aussi café). En revanche, n’en déplaise aux rageux tourangeaux, il y a aussi une vacance commerciale, parfois assez prégnante dans certaines rues. Et globalement le commerce indépendant nous a paru un peu moins développé qu’à Tours.

Au passage, on ajoutera – toujours pour les rageux – que Angers est également une ville remplie de travaux, même en plein centre.

Au rayon des bons points angevins, on peut lui accorder le rayonnement de son équipe de foot, le SCO, actuellement en Ligue 1. Il y a aussi le hockey, en Ligue Magnus. Deux clubs dans l’élite, donc. C’est bon pour le rayonnement tant loué par les politiques et patrons. En matière de tourisme, le château est un atout avec sa vue panoramique sur la ville et la Maine. Tours n’a pas de telle locomotive touristique. En revanche, nos bords de Loire sont beaucoup plus exploités et populaires. Et dans le domaine du rayonnement, des efforts sont faits depuis plusieurs années avec des résultats. Un salon spécial pour attirer des événements professionnels d’ampleur est d’ailleurs prévu le 1er octobre au Vinci.

On pourrait compter les points longtemps comme ça. Se dire par exemple qu’Angers est plus créative en termes de mobilier urbain, ou qu’elle a su attirer des chefs reconnus quand Tours les cantonne en périphérie (le gagnant 2019 de Top Chef a le très bon restaurant Les Petits Prés sur la grande Place du Ralliement et il y a un établissement étoilé en plein centre-ville, sans oublier l’excellent bar à vin Une Fille et des Quilles). En face, on rétorquerait que l’ambiance tourangelle est sûrement moins coincée, étrangement moins parisienne. Que Les Halles, ses parcs urbains remarquables ou sa diversité culturelle sont des domaines où elle excelle.

En fait tout est à faire de priorités : qu’est-ce qu’on attend d’une ville en 2024 ? Avant tout être la locomotive d’un territoire ? Ou plutôt une cité qui soigne le bien-être de ses habitants ? Comment pourrait-on concilier les deux tout en maximisant l’intérêt général ? Il nous semble que sur ce dernier point Angers semble avoir de bonnes idées et de bonnes méthodes dont il pourrait être utile de s’inspirer. Mais il ne faut pas oublier qu’en face Tours et sa Métropole restent contraintes par des finances étriquées, écueil dont nos voisines immédiates souffrent moins (Orléans est également plus à l’aise dans ce domaine).

Il s’agit donc de savoir bien manœuvrer pour avancer de la meilleure des manières. Et s’il est humain de se comparer et de suivre des tendances, il faut aussi savoir cultiver son propre style. Sur ce dernier point Tours tente des choses mais se cherche encore. Un peu trop, sans doute.

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