Charpentier, codirecteur d’une compagnie de théâtre mais surtout ancien co-gérant du bar Le Grand Cagibi sur l’île Aucard, Pascal Guilbert peut, à l’âge de soixante ans, témoigner d’une vie bien mouvementée. Tout jeune propriétaire d’une boutique de dépôt-vente, de brocante et d’antiquités (reprenant le nom de son bar mythique), l’amoureux des arts nous raconte son histoire bercée par le théâtre et la musique.
“Je n’étais pas un vrai scolaire” avoue Pascal Guilbert. Avant de connaître un parcours guidé par sa fibre artistique, le propriétaire de la boutique Le Grand Cagibi (Rue du Grand Marché dans le Vieux-Tours) a d’abord commencé sa vie active en tant que charpentier. Malgré une période de compagnonnage et l’obtention de son CAP, ce dernier n’a pas été franchement conquis par le monde ouvrier.
Après une succession de “petits boulots”, c’est grâce à un cours de cirque et au contact d’artistes que Pascal découvre sa passion pour le spectacle vivant : “Je suis venu avec un copain par curiosité et je n’en suis jamais ressorti !”. C’était dans l’ancienne salle 3 des cinémas Studio (maintenant devenue Le Bateau Ivre), Rue Edouard Vaillant.
Le début d’une aventure artistique
A partir de là, tout s’est enchaîné. En 1986, Pascal Guilbert rejoint, la Compagnie Off, une compagnie de théâtre tourangelle spécialisée dans le spectacle de rue, fondée par Philippe Freslon, et faisant partie de nombreux projets partout à travers le monde. Elle est aujourd’hui basée au Point Haut, à Saint-Pierre-des-Corps.
Malgré la naissance de ses deux enfants et l’occupation d’un poste d’enseignant au sein de l’Institut Français du Goût, le théâtre n’a jamais quitté l’esprit de notre passionné. “Le spectacle m’a rattrapé”, avoue Pascal. Ainsi, ce dernier a retrouvé les planches pour une nouvelle collaboration avec la Compagnie Off notamment pour l’ouverture et la gestion d’une école de cirque à Vouvray pendant cinq ans.
Avec les bénéfices de l’école, une autre compagnie de théâtre est née : la Compagnie Casse-Pipe. Cette aventure a néanmoins pris fin à la suite de la tempête de 1999 qui a provoqué des dommages sur le chapiteau de l’école.
Malgré ce coup dur, notre amoureux du théâtre ne s’est pas avoué vaincu. Pendant neuf ans, Pascal s’est engagé dans l’association Projet 244 qui réunissait une quinzaine de compagnies mutualisant des moyens et des savoir-faire près du quartier des Rives du Cher. Un lieu alliant différents arts du spectacle comme le théâtre, la musique, le cirque ou la danse.
Les incendies des locaux survenus en 2015 ont été un réel tournant concernant la place des associations artistiques à Tours : “Grâce à cet incendie, la ville s’est rendue compte que les collectifs culturels étaient installés dans des endroits complètement insalubres, pleins d’amiante” explique Pascal Guilbert. C’est à la suite de ces évènements que la municipalité a apporté son aide pour la création de ce qu’on appelle aujourd’hui le 37e parallèle situé à Tours-Nord, à la frontière entre le quartier des Douets et Mettray.
De la guinguette de Tours jusqu’au Grand Cagibi
En plus de sa carrière artistique, Pascal Guilbert s’est consacré de nombreuses années à la vie nocturne. Ce dernier a été co-gérant de la guinguette de Tours pendant trois ans mais a fini par se lasser du projet : “J’avais l’impression d’être devenu un simple marchand de boissons” dit-il.
C’est donc en quête de nouvelles sensations que le passionné des arts a cherché à monter un lieu de rassemblement convivial et festif. Selon lui, “il manquait de bar où on pouvait assister à des concerts.” C’est d’abord rue de la Scellerie que Pascal a voulu poser ses valises. Sans succès : son projet de bar fut entravé par des acteurs extérieurs le poussant à livrer bataille en procès pendant deux ans. “Même si on a gagné, on a décidé de ne pas ouvrir parce que ça ressemblait vraiment à un panier de crabe cette affaire”, explique-t il sans vouloir rentrer dans les détails.
A la suite d’une période de deux ans en tant que gérant d’une boîte de sous traitance pour une marque internationale de monte-escaliers, le bar mythique de l’Île Aucard Le Grand Cagibi a vu le jour (après un an de travaux). Réunissant les fêtards de toute la ville de Tours, le bar accueillait différents artistes (musiciens et comédiens) sur scène. Avec une moyenne de quatre-vingts concerts par an, Le Grand Cagibi offrait une atmosphère chaleureuse avec une décoration vintage.
Retour à une vie plus tranquille
“Je serais bien resté si j’avais trouvé un associé, ça faisait trop de boulot et puis la vie nocturne c’est sport. Tu bosses douze heures par jour. Arrivé à soixante balais, t’es fatigué !”
Suite à cinq ans de bons et loyaux services, Pascal Guilbert a donc décidé de laisser le monde de la nuit en vendant les locaux du Grand Cagibi.. qu’il rouvre aujourd’hui sous une toute autre forme..
“J’ai toujours aimé les jolies choses”, explique le commerçant. Aujourd’hui propriétaire de sa boutique de dépôt-vente, de brocante et d’antiquité, c’est dans cette logique que Pascal est ravi de pouvoir faire de sa passion pour le chinage un moyen de gagner sa vie.
Néanmoins, notre féru des arts du spectacle reste nostalgique de ses années festives et artistiques : “Les projets me manquent, les échanges avec les artistes, organiser des choses… Ça a été mon boulot pendant vingt ans. J’ai joué un peu mais je préférais faire jouer les autres (qui étaient bien meilleurs que moi) et monter des spectacles.”
Pour en savoir plus sur la boutique Le Grand Cagibi et ses projets, rendez vous sur Info Tours.