A Tours, Keolis place ses pions pour conserver la gestion du réseau Fil Bleu

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Avec 41 millions de voyages enregistrés pendant l’année 2023, le réseau Fil Bleu a battu son record de fréquentation. Jamais on n’avait autant utilisé les transports en commun dans les 25 communes couvertes par le Syndicat des Mobilités de Touraine. Un point vu comme positif, alors que les travaux de la 2e ligne de tramway sont envisagés à partir du 1er juillet 2025 entre La Riche et Chambray. Un atout aussi pour l’entreprise Keolis qui prépare sa candidature pour le renouvellement de la délégation de service public en 2026. Un nouveau directeur vient d’être nommé pour mener ce chantier : Eric Patoux.

Ce n’est pas Eric Patoux qui décide de créer une deuxième ligne de bus de nuit, de rajouter un arrêt de bus devant l’église du Christ Roi de Tours-Nord ou d’augmenter la fréquence de la ligne 5 entre le Parc Grandmont et la gare de St-Pierre-des-Corps. Ces décisions sont prises par le Syndicat des Mobilités de Touraine en fonction des besoins estimés de la population. Le directeur de Fil Bleu a « seulement » la charge d’assurer la meilleure qualité de service possible sur le réseau bus-tram. La tâche n’est pas mince : il faut s’assurer que la matériel est bien entretenu, qu’il y a assez de personnel de conduite ou encore que les horaires sont bien calibrés pour éviter les retards.

Au cours de l’entretien qu’il nous accorde, Eric Patoux botte donc souvent en touche. Il n’a officiellement pas d’avis sur un réseau de transports 100% gratuit comme réclamé ces temps-ci par un collectif de gauche. Pas de préférence affichée non plus sur l’utilité d’une deuxième ligne de tram comparé à la mise en place d’un bus à haut niveau de service. « C’est un choix politique, nous sommes là pour le mettre en œuvre » déclare-t-il, notant tout de même que l’exploitation d’un mode de transport dit lourd comme un tram « fera plus de fréquentation. L’attractivité sera plus forte. » L’espoir du SMT est d’atteindre au moins 35 000 voyages par jour de semaine, hors vacances scolaires.

Même s’il n’est en poste que depuis juillet, Eric Patoux est déjà un fervent supporter du tram de Tours, reprenant à son compte l’adage qui veut qu’on ait, ici, « le plus beau tram de France », et se satisfaisant des visites régulières de délégations venues découvrir l’équipement. Un peu moins d’étrangers ces derniers temps, l’engouement étant retombé, mais toujours pas mal de Français. « On aime bien montrer notre tram » résume le directeur de Fil Bleu.

« Tours est un réseau historique de Keolis et une vitrine pour nous » ajoute Eric Patoux, Angevin d’origine et déjà passé à Tours 6 mois lors d’un CDD il y a 30 ans. « C’était déjà un beau réseau et ça le reste » se souvient-il. Passé par Le Mans, le Grand-Est et plus récemment Amiens (agglo sans tram mais avec 4 BHNS pour 180 000 habitants), il revient donc sur les bords de Loire et insiste : « J’ai postulé pour ce poste. »

Le voici donc à la tête d’un collectif de 700 personnes, avec laquelle il dit vouloir s’engager pour une amélioration de la qualité de vie a travail. Discours indispensable car le secteur des transports a du mal à recruter. Ça s’est particulièrement vu il y a quelques mois quand Fil Bleu annulait des services bus en nombre à cause de manque de personnel. « On a eu un turn over et un fort taux d’absentéisme qu’on ne connaissait pas, jusqu’à 12-13%. Ça va mieux, on est retombé à 10% et on a réalisé une campagne de recrutement avec 65 embauches en 2024. On revient à une situation normale » explique Eric Patoux qui espère à terme tomber à 8% d’absentéisme.

Parmi les sujets impactant directement le personnel : la sécurité. Récemment, un conducteur de tram a été agressé au terminus de Vaucanson, rattrapé par un voyageur mécontent qu’une porte se soit fermée devant lui au Sanitas. Des faits peu fréquents mais qui nécessitent de la vigilance, d’où la création récente d’une brigade de police spécialement dédiée à la surveillance des transports en commun de l’agglo (Fil Bleu, mais aussi les gares) ou l’embauche d’agents de sécurité pour les lignes de nuit du jeudi soir au samedi soir.

« On va regarder si des mesures supplémentaires sont nécessaires mais il n’y en a pas d’envisagées pour l’instant » estime le directeur. L’enquête sur l’agression de Vaucanson est toujours en cours. Les vidéos des caméras de surveillance ont été extraites pour examiner la scène en détails.

L’autre sujet sur lequel Keolis s’appuie parfois sur les forces de l’ordre c’est la lutte contre la fraude, avec des opérations coup de poing combinées. L’effet dissuasif semble fonctionné, l’entreprise affirmant que le taux de personnes contrôlées sans titre de transport est en diminution. En parallèle, la gratuité offerte aux enfants de moins de 11 ans a fait bondir le nombre d’abonnements dans la tranche d’âge 5-11 ans. « On avait 4 000 cartes, on doit être autour de 8 000 aujourd’hui » nous annonce Eric Patoux. 2 mois après la mise en place du dispositif, il est néanmoins trop tôt pour savoir quel impact il y a eu sur la fréquentation.

C’est avec toutes ces données que Keolis prépare son dossier pour répondre à l’appel d’offres du Syndicat de Mobilités de Touraine, espérant bien conserver la gestion du réseau Fil Bleu au-delà de 2026. Parmi les enjeux : la poursuite du renouvellement de la flotte. « Nous allons faire des propositions au délégataire » explique Eric Patoux. Poursuite des achats de bus au gaz ? Passage à l’électrique voire à l’hydrogène ? On n’en saura pas plus, secret industriel oblige. Malgré des rampes pour fauteuils roulants déjà en panne ou des dégradations visibles sur certains éléments intérieurs, les véhicules au gaz Scania semblent donner satisfaction à la société : « On gagne 50% de bruit. Quant aux rampes pour personnes handicapées, on rencontre des difficultés avec l’ensemble des marques. C’est pour cela qu’on privilégie des équipements manuels et électriques. »

Un degré en plus :

Alors que les débats font rage au sujet de l’impact du nouveau plan de circulation mis en place progressivement à Tours (avec un ressenti d’augmentation des bouchons), le directeur de Keolis dit ne pas avoir relevé de difficulté particulière. Ainsi, la ponctualité du réseau serait proche des 90% de véhicules arrivant au terminus avec minimum 1 minute d’avance et maximum 3 minutes de retard. Un chiffre qui a néanmoins baissé avec l’impact des travaux de l’A10 en septembre. « On attend la fin avec impatience » glisse Eric Patoux. C’est prévu ce vendredi 18 octobre.

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