Ils font renaître la culture tourangelle du Cresson

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Portrait de deux agriculteurs bio lancés dans une aventure ambitieuse à Courçay.

Ce dimanche, Isabelle Giorgi et son compagnon Alain tenaient pour la première fois un stand sur le grand marché Convergences Bio de la guinguette de Tours. 2h avant la fin, leur étal était presque vide. « Je suis venue avec 90 bottes de cresson ce matin et tout est parti » lance l’agricultrice de 53 ans, le sourire aux lèvres. A 2€70 l’unité, ses bottes ont donc eu du succès : « le cresson a beaucoup de propriétés reconnues comme des vertus anti-cancer. C’est aussi très bon pour la santé des yeux. » Et si les jeunes boudent encore cette plante aquatique, les anciens sont ravis de pouvoir en retrouver sur les étals. Voilà sans doute de quoi expliquer l’attrait pour cette nouvelle exploitation…

L’histoire d’Isabelle et d’Alain est intéressante à dérouler. Elle fait partie de ces reconversions réussies, de celles qu’on aime raconter parce qu’elles montrent qu’on peut changer de vie et réaliser ses rêves en même temps.

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Originaire de Paris, Isabelle Giorgi y travaillait en tant qu’assistante de direction dans de très grandes entreprises. Elle a également eu à une époque son bureau au sein des directions des ressources humaines. Ce boulot administratif à la capitale, elle l’a gardé longtemps. Même après son déménagement en Touraine, en 2003. Puis, usée par les allers-retours quotidiens en TGV (départ 7h, retour 20h), elle a fini par tenter une nouvelle aventure professionnelle…

Une envie de produire sa propre alimentation

Le déclic : ses 40 ans. Mais aussi son intérêt grandissant pour les thérapies alternatives. Isabelle se forme et devient kinésiologue en 2009, en ouvrant un cabinet à Joué-lès-Tours (la kinésiologie est une technique utilisant le test musculaire pour identifier des soucis dans le corps, qu’ils soient physiques ou émotionnels). En parallèle, elle modifie petit à petit son alimentation : moins de repas cuits, presque plus de viande (un peu de volaille, mais crue), du bio, du sans gluten… Plus de lait de vache, non plus. « J’ai remarqué que la nourriture influait sur l’état des gens, je suis donc revenue à des repas très basiques. »

Et puis avec le temps, Isabelle Giorgi a eu envie de devenir autonome, en produisant au maximum les ingrédients de ses repas. Mais pour cela, elle avait besoin d’espace. Elle commence donc à chercher et s’intéresse de près au cresson… « C’est là qu’Alain m’a dit qu’il savait où en trouver. » En février 2016, direction Courçay, entre Cormery et Reignac. Alors que la Touraine comptait à une époque plusieurs exploitations où l’on produisait du cresson (à Truyes ou Esvres, par exemple), seule celle de Courçay a résisté aux maladies. Car pour que le cresson pousse bien et qu’il soit bon à manger, l’eau dans laquelle il se développe doit être d’excellente qualité.

5 000m² de bassins exploitables

Arrivé sur place, le couple apprend que l’actuel locataire de la cressonnière de Courçay compte quitter les lieux. Il retrouve donc le propriétaire et négocie un rachat du terrain. L’affaire s’est conclue il y a un peu plus d’un an, et voilà donc comment la production de cresson a officiellement été relancée en Indre-et-Loire (on en trouve aussi en Beauce ou en région parisienne). Bonne nouvelle pour Isabelle et Alain : situés près d’une source, les bassins sont sains avec une eau à 12° toute l’année qui protège en partie du gel. Pour l’instant, ils exploitent 1 500m² sur 5 000m² disponibles mais prévoient de faire des travaux pour augmenter la production. Le site étant resté en friche pendant plus de 15 ans, ils ont également eu le droit d’utiliser le label Bio immédiatement, au lieu d’attendre 3 ans.

Kinésiologue à mi-temps à Villandry, Isabelle Giorgo s’implique donc pleinement dans son nouveau projet agricole (elle a notamment fait une formation à Fondettes pour apprendre à gérer correctement son exploitation). La première récolte du printemps a été balbutiante mais cet été le cresson a bien donné et la nouvelle s’est vite répandue dans les environs, explique l’agricultrice qui va pouvoir ramasser les plantes jusqu’en décembre, avant la pause hivernale :

« Aujourd’hui je vends sur place et via les AMAP, je pense aussi faire le marché bio de Beaujardin à Tours et fournir des restaurateurs » 

En soupe, en salade ou en jus : plein de recettes possibles

L’aventure étant lancée, il faut maintenant restaurer la confiance des consommateurs et communiquer sur les bons points du cresson. Isabelle Giorgi explique : « avec une botte, on peut faire environ 1l de soupe avec une base de pommes de terre ou de courgettes. Je conseille de faire cuire ses légumes avant, de laisser refroidir, puis d’ajouter le cresson juste avant de mixer. Ainsi, il conservera toutes ses propriétés. » On peut également consommer le cresson en jus ou alors en salade, seul ou accompagné (d’autres salades ou de crudités, en fonction des goûts). « Le cresson a un goût fort, très poivré. On peut aussi l’utiliser pour faire du pesto ou des tartes au saumon par exemple. »

A vous d’être créatifs !

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