Tours Métropole, désormais dirigé par le maire de La Riche, Wilfried Schwartz, est entré dans un nouveau chapitre de son histoire. Le choix des vice-présidences venant conforter cette impression.
Depuis vendredi dernier, Tours Métropole a officiellement un nouveau président, Wilfried Schwartz ayant été élu par ses pairs lors du conseil d’installation de l’intercommunalité de l’agglomération tourangelle. Ce n’est pas le seul changement pour la Métropole puisque le nombre de conseillers est désormais de 87, avec une représentativité au prorata du nombre d’habitants par commune. Tours passe ainsi d’un poids de 20% des élus, un arrangement qui remontait à la création de Tour(s) Plus, la communauté d’agglomération, ancêtre de la métropole, en 2001, à 40%. Avec 38 élus, la ville centre va de facto peser plus, ce qui n’est pas sans craindre à un bousculement des équilibres établis préalablement pour les petites communes de l’intercommunalité. Les choix des vice-présidences en est déjà un exemple.
Le rôle des « grosses communes » renforcé
Désignées lors de ce même conseil d’installation, elles seront au nombre de 20, dont la moitié revenant aux deux plus grandes villes : 8 pour la seule ville de Tours et 2 pour Joué-lès-Tours, la deuxième ville du département. A l’inverse, Berthenay, Saint-Genouph ou encore Druye, n’en auront pas. Un signe du changement de gouvernance qui s’est fait lors des dernières élections municipales, qui rappelons-le, permettaient également de voter pour les conseillers intercommunaux.
Bien sûr, on pourra rétorquer que le bureau exécutif, instance clé de l’institution, est composé de 9 membres additionnels (les maires des communes n’ayant pas de vice-présidence) ou encore que La Membrolle-sur-Choisille (via son maire Sébastien Marais, vice-président en charge des moyens généraux, des crématoriums et de la fourrière animale), Savonnières (via sa maire Nathalie Savaton, en charge du développement touristique) ou Villandry (via sa maire Maria Lépine, en charge de la transformation numérique) récupèrent de leur côté une vice-présidence chacune, ce qu’elles n’avaient pas jusque-là. Reste l’impression d’un recentrage des postes clés pour les plus grandes communes, si on excepte Saint-Pierre-des-Corps dont le maire Emmanuel François s’est vu retirer la vice-présidence qui lui était dédiée pour s’être porté candidat à la présidence face à Wilfried Schwartz au dernier moment. Vice-présidence qui est finalement revenue à Maria Lépine, la maire de Villandry. Sans cela la représentation des petites communes aurait été encore moins importante.
Le maire de Joué-lès-Tours, Fréderic Augis a laissé symboliquement la 2e vice-présidence à Philippe Briand (en charge des relations institutionnelles et rayonnement international), mais aura en charge notamment les parcs économiques (ainsi que des espaces publics et de la propreté urbaine), rôle clé pour l’économie et l’emploi sur le territoire. Fréderic Augis travaillera en lien avec Thierry Chailloux, le nouveau maire de Ballan-Miré (divers gauche) puisque ce dernier aura dans sa délégation l’autre volet économique : économie sociale et économie numérique avec Mame.
Les Finances restent confiées à Christian Gatard le maire de Chambray-lès-Tours et la gestion de l’eau à Bertrand Ritouret (maire de Luynes). Parmi les élus qui changent de compétences, notons que Cédric de Oliveira, le maire de Fondettes, sera désormais en charge de l’égalité des territoires, des pôles de proximité et du contrat régional de solidarité territorial. Une compétence compatible avec son rôle de président de l’association des maires du département. Laurent Raymond (maire de Saint-Avertin), gérera lui les équipements sportifs. Le maire de Mettray, Philippe Clémot devient vice-président à la gestion des risques naturels et la prévention des inondations. L’élue jocondienne Aude Goblet récupère de son côté le portefeuille de la politique du logement et de l’habitat.
A Tours, les délégations clés pour appliquer le programme électoral d’Emmanuel Denis
Si dans l’ordre protocolaire, beaucoup de vice-présidences de Tours ont été placées à la fin, par soucis de ne pas laisser craindre une volonté d’hégémonie de la ville-centre, cela n’enlève rien au réel poids qu’auront les membres issus de la majorité du maire Emmanuel Denis. En effet, outre le fait que la 1ere vice-présidence, un poste toujours symbolique, soit revenue à Cathy Savourey, membre du quatuor qui menait la liste « Pour Demain, Tours 2020 » aux Municipales, l’attribution des délégations tourangelles montre qu’Emmanuel Denis a réussi à obtenir les délégations clés qui devraient lui permettre d’appliquer son programme électoral.
Le maire de Tours qui récupère même la gestion de l’aéroport dans les attributions de sa délégation puisqu’il devient vice-président en charge de la transition écologique, de la politique aéroportuaire et du contrat de plan Etat-Région. On pourrait y voir une étrangeté pour un élu écologiste, mais cela montre au contraire la volonté de contrôler ce dossier sur lequel les écologistes ont toujours eu des positions tranchées et notamment sur la question des subventions aux vols passagers qu’ils souhaitent arrêter.
Si l’aéroport est exfiltré de la compétence mobilités pour être géré directement par le maire de Tours, les mobilités seront aussi dans le giron écologiste puisque c’est l’élu de Tours membre d’EELV Christophe Boulanger qui récupère la compétence avec en toile de fond la question de la deuxième ligne de tramway, du développement des voies cyclables et inversement la réduction de celle de la voiture (et donc l’adieu au prolongement du périphérique voulu par Philippe Briand lors du précédent mandat certainement).
La gestion des déchets est confiée de son côté à Martin Cohen, également adjoint à Tours aux moyens généraux et infrastructures. Là encore, tout sauf anodin quand on sait que les écologistes s’étaient opposés au projet de centre de méthanisation porté par Jean-Luc Galliot, lors du précédent mandat. Emanuel Denis avait notamment eu des positions fortes en conseil, en incitant à aller plutôt vers une politique de réduction des déchets que vers la construction d’un tel équipement. Reste qu’aujourd’hui Tours Métropole enfouit toujours ses déchets non recyclables et à ce titre devra trouver une solution avant 2025 sous peine d’être sanctionnée, de voir sa taxe sur les déchets s’envoler et donc prendre le risque que les impôts des contribuables fassent de même.
Autre domaine clé de la politique souhaitée par Emmanuel Denis : la politique alimentaire sera gérée par Alice Wanneroy, déjà en charge en tant qu’adjointe de cette question à la ville de Tours.
Pour les autres vice-présidences tourangelles, la 1ere vice-présidente Cathy Savourey aura en charge la prospective territoriale, l’aménagement urbanistique et le schéma de cohérence territoriale, soit une délégation allant avec celle qu’elle a à la ville (Urbanisme) et permettant à la majorité d’Emmanuel Denis de contrôler la question de l’urbanisme et de pouvoir agir directement dans la volonté d’aller vers « une ville plus douce ».
Jean-Patrick Gille lui récupère à l’issue d’un vote serré (relire notre article), une large délégation comprenant la culture, l’enseignement supérieur et la recherche. Marie Quinton (adjointe au logement au sein de la ville de Tours) s’occupera de la transition citoyenne, alors même que l’évolution vers des institutions plus transparentes et en lien avec les habitants était un élément clé du programme « Pour Demain, Tours 2020 ».
Enfin, Cathy Munsch-Masset devient vice-présidente en charge de la politique de la ville et de la rénovation urbaine et s’occupera notamment des programmes de rénovation des quartiers du Sanitas, de la Rabière et de la Rabaterie. Une désignation qui n’a pas été sans remarques, cette dernière étant déjà par ailleurs vice-présidente à la Région et 1ere adjointe à la ville de Tours, soit 3 postes clés dans des exécutifs. Loin de l’esprit de « non-cumul » pourtant d’ordinaire largement prôné à gauche.
Quoiqu’il en soit, avec 8 vice-présidences, la ville de Tours aura un véritable rôle à jouer dans le futur de Tours Métropole. Nul doute que les élus de la ville centre orienteront de leurs volontés politiques, le projet de territoire qui doit voir le jour, mais la recherche d’équilibre avec les autres communes sera également indispensable, sous peine de voir l’intercommunalité se scléroser. C’est ce difficile équilibre que devra réaliser Wilfried Schwartz, désormais garant du bon fonctionnement général pour les six prochaines années.
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