Ce lundi en Conseil Municipal, les 55 élus de la ville de Tours vont débattre puis voter le premier budget du mandat de la majorité du maire écologiste Emmanuel Denis. Nul doute que les débats seront une nouvelle fois âpres au sein de l’assemblée municipale entre majorité et oppositions.
Du côté du maire de Tours, ce budget est jugé « offensif sur les politiques sociales » et se veut comme « un budget de relance de l’investissement. » Les deux axes qu’il a souhaité mettre en avant.
Les questions sociales comme priorité première
« La première orientation de ce budget est d’être une réponse à la crise sociale » affirme ainsi Emmanuel Denis. « Au cours du mandat nous augmenterons le budget du CCAS (Centre Communal d’Action Sociale), de 2,5 millions d’euros, dont 400 000 euros cette année. » Ça c’est pour la présentation succincte. Pas convaincante pour l’opposition de droite, à commencer par l’ancienne première adjointe Marion Nicolay Cabanne : « C’est une bonne chose, en revanche, l’augmentation n’est pas de 400 000 euros puisque nous avions déjà augmenté de 200 000 euros le budget du CCAS après le premier confinement. »
Au-delà du chiffre et du volume de l’augmentation (selon si on compare de budget primitif à budget primitif ou non), pour Emmanuel Denis et sa première adjointe Cathy Munsch-Masset : « Il y a une double lecture avec à la fois une réponse à la crise mais aussi la mise en place de réponses structurantes pour le territoire. »
Pour l’élue en charge des questions sociales, « il y a la volonté de faire de Tours une ville d’accueil et de solidarité, en veillant à ne pas opposer les pauvretés, les situations et les populations. » Cathy Munsch Masset entend ainsi agir dans la lutte contre les précarités : alimentaires, d’hygiène, de santé… Citons par exemple la Maison de Santé pluridisciplinaire prévue aux Rives du Cher, le travail avec l’Université et la mise à disposition de locaux pour l’épicerie sociale et solidaire pour les étudiants…
« Le premier volet sur lequel il faut agir c’est le logement » analyse l’élue également, en évoquant « de nouvelles réponses à apporter », en prenant en exemple l’intégration de la ville au Plan Logement d’Abord (Relire notre article à ce sujet). Autre projet qui tient à cœur de la majorité, la création d’une Maison de l’Hospitalité, actuellement à l’étude. (Lire notre article sur Info Tours à ce sujet) et qui favoriserait « l’intégration de toutes les personnes dans le besoin sans discrimination » nous dit-on.
Près de 36 millions d’euros d’investissements prévus
Sur le deuxième point, la majorité prévoit des investissements à hauteur de 35,8 millions d’euros, soit peu ou prou ce que l’ancienne majorité avait prévu en janvier 2020 lors de l’élaboration de son budget annuel (36,2 millions d’euros). Oui mais la crise sanitaire n’était pas encore là et le budget précédent se trouvait en fin de mandat, un moment toujours plus propice aux annonces d’investissements conséquents, alors que généralement le début de mandat est marqué à l’inverse par des prévisions moins conséquentes. En revenant un peu plus en arrière, la précédente majorité avait ainsi réalisé 19,5 millions d’euros d’investissements en 2017, 23,8 millions d’euros en 2018 et 27,1 millions en 2019. Reste à savoir combien de la somme prévue la majorité d’Emmanuel Denis réalisera. En 2020, seuls 23,6 millions d’euros avaient pu être finalement investis à cause notamment de la crise du Covid-19.
« La ville connaît un sous-investissement chronique depuis de nombreuses années, il faut réamorcer la pompe. Nous avons la volonté d’accélérer afin de remettre à niveau les équipements publics » explique Emmanuel Denis en présentant les grandes lignes de ce budget. « La ville de Tours investit 30% moins en moyenne que les villes de même strate » poursuit de son côté l’adjoint aux finances Frédéric Miniou. En clair, à l’avenir la ville pourrait investir encore plus chaque année.
Pour 2021, parmi les dépenses significatives on retrouve celles pour les écoles qui bénéficieront de 3,3 millions d’euros d’investissements avec notamment le début des rénovations des écoles Claude Bernard et Jean de la Fontaine mais aussi un programme de végétalisation des cours d’école, de sécurisation des abords des écoles et la poursuite du plan numérique éducatif.
Les projets liés à la rénovation du Sanitas dans le cadre du NPRU (Nouveau Programme de Rénovation Urbaine) sont à noter, à commencer par le début des travaux sur le secteur du Hallebardier (1,3 millions d’euros pour l’extension du gymnase), de Marie Curie et les travaux préparatoires pour un nouveau projet à la Rotonde.
Au total, la ville prévoit 4,2 millions d’euros d’investissements pour les installations sportives. Outre le gymnase du Hallebardier, le stade de la Chambrerie (en vue de la Coupe du Monde de Rugby 2023) et le complexe de la Vallée du Cher vont connaître aussi des rénovations.
Côté culture, 1,4 millions d’euros seront dépensés dans le cadre du chantier du nouveau CCNT (Centre Chorégraphique National de Tours), 400 000 euros pour le Musée des Beaux-Arts et du Compagnonnage, enfin 1,1 millions d’euros pour la réhabilitation du Conservatoire.
Enfin, 1,1 millions d’euros seront consacrés à la rénovation énergétique des bâtiments publics.
L’opposition peu convaincue et inquiète sur la dette
Ce dernier montant est jugé « faible » par l’ancien maire, désormais élu d’opposition, Christophe Bouchet qui ne décèle par ailleurs « aucune ligne de force dans ce budget » et s’inquiète avec ses collègues de son groupe « Tours Nous Rassemble » d’une éventuelle hausse de la dette pour la ville. « Nous voyons qu’ils prévoient 12 millions d’euros d’emprunts nouveaux cette année, avec des investissements finalement faibles, ce n’est pas un bon signal » juge ainsi Marion Nicolay Cabanne.
Pour les élus de « Tours Nous Rassemble », l’exemple de cette mauvaise orientation c’est la cuisine centrale et l’abandon du projet commun avec le CHU de Tours pour un projet 100% municipal : « Cela va coûter cher à la ville, 10 à 12 millions d’euros » note Christophe Bouchet qui parle même « d’un véritable scandale » (Lire à ce sujet notre article sur Info Tours).
La dette, un point essentiel de la politique budgétaire de la ville de Tours. Une dette conséquente, encore 201 millions d’euros à la fin de l’exercice 2020, même si elle a baissé de plus de 9 millions d’euros entre fin 2019 et fin 2020. La capacité de désendettement de la ville (c’est-à-dire le nombre d’années qu’il faudrait pour la rembourser) s’élève à l’inverse à 9,2 années, contre 8,7 années fin 2019 et une prévision à 11,1 années fin 2021 pour arriver à 198 millions d’euros.
C’est tout le problème des élus de la ville de Tours depuis de nombreuses années : devoir composer avec une dette historique, importante et maintenir des investissements pour l’avenir. Un défi de taille, auquel la majorité d’Emmanuel Denis fait désormais face.
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