Que recherchent les électeurs du Front National ?

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Malgré une profession de foi parlant peu des enjeux régionaux de ces élections, malgré un programme dévoilé trois jours avant le premier tour en catimini, le Front National est donc arrivé largement en tête en région Centre Val de Loire. Un score historique pour le parti d’extrême droite qui séduit un électorat toujours plus large.

Dans la rue, pas évident de trouver des passants qui veulent parler de leur vote de la veille. « J’ai pas envie de parler de politique, on nous saoule déjà assez avec ça » nous dira une dame en continuant son chemin. Loin de l’image d’une pensée qui s’affirme, d’une parole qui se libère, c’est finalement encore moins évident de trouver des électeurs frontistes qui acceptent de nous répondre. Si certains reconnaissent avoir voté FN, peu souhaitent nous donner les raisons de leurs votes. Jérôme, 24 ans, étudiant en droit à Tours, a accepté lui de nous parler quelques minutes en attendant le tramway. Faisant partie de ces 30% d’électeurs qui ont voté pour la liste Philippe Loiseau dimanche dernier, de cette jeunesse tentée par le FN, Jérôme évoque les problèmes liés à l’immigration, le laxisme de la justice, l’incapacité de la France de faire respecter sa parole dans une Union Européenne source à ses yeux de beaucoup de maux de notre société. Des paroles éloignées des réalités régionales mais pour cet électeur qui se dit « frontiste convaincu » : « Voter FN aux Régionales c’est préparer l’avenir », comprendre l’élection Présidentielle de 2017 et la victoire espérée de Marine Le Pen.

« C’est à la fois un vote de rejet et une tentation ».

Autre profil d’électeur, Nina, la quarantaine, employée commerciale et femme d’artisan précise-t-elle, a voté Front National « parce que les autres partis nous ont trop déçus, ils ne se parlent qu’entre eux ». Celle qui dit avoir toujours voté socialiste jusqu’en 2012, a franchi le pas lors des élections municipales de 2014 : « Quand je vois ce que fait Hollande depuis son élection je suis écœurée, j’ai l’impression d’avoir été trahie ». Derrière l’énumération des griefs de Nina à l’encontre de la majorité gouvernementale, se cache un sentiment d’abandon à l’écouter : « Tout le monde se moque de ce que nous vivons. Mon mari est noyé par les charges, moi je galère avec des heures pas possibles pour gagner une misère. Il y a quelques temps on aurait pu dire qu’on faisait partie de la classe moyenne, aujourd’hui ce n’est même plus le cas, alors qu’on a deux boulots. Au bout d’un moment on s’est dit finalement, puisque la gauche nous a abandonné, pourquoi pas le FN. Ce sont les seuls qui parlent encore aux classes populaires. C’est à la fois un vote de rejet et une tentation en fait ».

Une impression d’abandon des autres partis, plus encore que les thématiques sécuritaires, voilà la raison principale invoquée à leurs votes parmi la demi douzaine d’électeurs frontistes croisés en ce lundi à Tours. Des électeurs, qui hormis Jérôme, l’étudiant en droit, ne se considéraient par comme frontistes convaincus, mais électeurs déçus. Et même si certains reconnaissaient le côté « un peu démagogique des discours du FN », tous avançaient également le fait de ne plus croire aux promesses électorales « de l’UMPS ». Des termes issus directement de la communication et de la rhétorique frontiste, signe que celles-ci ont bel et bien pénétré l’opinion publique.

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