[Municipales 2020] La gauche peut-elle s’unir à Tours ?

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Il suffit de lire notre trombinoscope des Municipales 2020 à Tours pour comprendre la situation : l’échiquier politique est complètement éparpillé avec un embouteillage de projets de listes au centre-droit et un flou artistique à gauche. A 9 mois de l’élection, on a une kyrielle de déclarations d’intentions, souvent avec la même méthode : une figure un peu connue dans le monde politique local qui s’appuie sur une association-relais pour établir un programme, de préférence en mettant en avant le côté participatif. C’est intéressant mais ça ne suffit pas pour gagner. Nous voilà donc aujourd’hui dans la phase 2 : celle des discussions en vue d’alliances. Face aux divisions qui semblent de plus en plus flagrantes à droite, la gauche pourrait avoir une grosse carte à jouer pour marquer le coup. En sera-t-elle capable ?

« On a été patients mais on n’a plus le temps d’attendre » : ces mots sont ceux de Claude Bourdin, cadre de la France Insoumise en Indre-et-Loire, déjà candidat aux législatives de 2017 ou aux municipales de 2014. Principal animateur du collectif C’est au Tour(s) du Peuple, il l’annonce à 37 degrés :

« Nous avons décidé de démarrer la campagne. Dès septembre nous serons dans l’espace public pour présenter nos propositions. »

L’homme emmène avec lui le PCF, Génération.s ou encore le NPA. Un début d’alliance mais pas encore le grand ticket commun des forces de gauche, celui qui inclurait écologistes et socialistes. Aller jusque là semble une tâche particulièrement délicate. Un éternel recommencement ? On se souvient que malgré des essais rien n’avait abouti avant en 2014 : la droite avait su en profiter pour gagner malgré un statut de challenger.

C’est au Tour(s) du Peuple fait donc le pari de l’échappée, quitte à rejoindre le peloton ultérieurement. Difficile de lui donner tort quand les autres commencent aussi à montrer les muscles : les écologistes viennent de présenter les premières pistes de leur programme, le maire sortant Christophe Bouchet est en campagne permanente depuis des mois et le conseiller municipal Nicolas Gautreau a officiellement lancé la sienne mi-juin. Le collectif risquait donc de se faire distancer dans la course à la notoriété, pourtant l’un des principaux atouts quand on veut remporter une mairie. « On travaille sur les projets municipaux depuis 2013 et pour nous la campagne elle a commencé en octobre 2018 lors de nos premiers forums citoyens » nuance néanmoins Claude Bourdin. Il revendique une cinquantaine de participants par réunion et 650 contributions citoyennes recueillies pour établir une base programmatique.

Claude Bourdin obligatoirement candidat ?

On le dit parfois arc-bouté sur le fait d’être en tête de liste mais le militant Insoumis s’en défend : « ce n’est pas impératif. Je suis candidat mais si d’autres personnes ont les valeurs indiquées et sont plus à même de mener cette liste, pourquoi pas. »

FACADE MAIRIE (9)

Une entente sur le programme ?

Ce travail a abouti à une première salve d’idées, ou plutôt « des valeurs » sur lesquelles le militant insoumis se veut intransigeant :

  • Un projet de gratuité des transports publics
  • L’arrêt des privatisations avec la création d’une grande régie publique métropolitaine
  • Une régie publique agricole pour acquérir des terres et faire du bio à la cantine
  • Le remplacement de la 2e ligne de tram par un bus électrique ou à hydrogène
  • La fin des grands projets urbains

« C’est une véritable alternative de gauche sociale et écologique » plaide Claude Bourdin. Des idées que l’on retrouve en partie dans les premières suggestions des Cogitations Citoyennes – le collectif qui sert de rampe de lancement à la campagne des écologistes. CATDP a discuté avec eux… Il a même rallongé la période d’échanges pour la faire durer jusqu’au 20 juin. Verdict : « ils nous disent qu’ils ne sont pas encore prêts. » Ce qui bloque ? Le PS de plus en plus proche des écolos ces derniers temps. Par exemple, la conseillère régionale socialiste Cathy Munsch-Masset n’hésite plus à s’afficher dans leurs réunions. Et ça, ça ne plait pas à Claude Bourdin :

« On doit être clairs vis-à-vis de nos électeurs. On n’est pas prêts à dire qu’on n’est pas de gauche. »

Autrement dit :

« On n’est pas prêts à s’allier au PS dès le 1er tour. »

Il reproche au parti de ne pas s’engager pour l’arrêt des privatisations ou le ralentissement des projets immobiliers. Claude Bourdin se dit aussi gêné par les échanges qui ont pu avoir lieu entre les Cogitations Citoyennes et Nicolas Gautreau… « On ne veut pas d’union à n’importe quel prix. Pas question de se dire ‘rassemblons pour rassembler, c’est le seul objectif’. Non. Il faut que ça se fasse sur des valeurs communes et ce n’est pas encore ça. Ce n’est pas impossible mais il faut des clarifications. Que les Cogitations Citoyennes nous disent où ils se placent. »

mairie de tours (1)

Qui a la plus grosse base électorale ?

La question est de savoir qui est en position de force. Là, les analyses divergent. Du côté des écologistes, on se sent pousser des ailes depuis le bon score des élections européennes (18% à Tours, en 2e position). Le leader local d’EELV Emmanuel Denis apparait partout avec une confiance parée à toute épreuve mais chez la France Insoumise on lui rappelle gentiment que « aux législatives de 2017 on a fait 14,3% quand les écologistes ont fait 5%. Ils ont un socle, mais nous aussi. Et nous aussi nous mettons en avant l’écologie dans notre programme. » Les échanges s’annoncent donc animés. Ils devraient reprendre en septembre après un atelier commun sur les transports dans les prochains jours.

Un degré en plus :

Ce qu’on a peut-être tendance à oublier c’est que cette élection n’est pas seulement municipale mais aussi métropolitaine. Pour faire aboutir de grands projets, avoir la majorité à Tours ne suffira pas. Il faudra convaincre une majorité des élus représentant les 22 communes de l’agglomération. Aujourd’hui c’est plutôt la droite qui domine. Quant aux maires PS élus en 2014, celui de La Riche est non encarté et fier de l’être, celui de Chambray plutôt marcheur, St-Pierre-des-Corps est encore communiste mais à l’avenir incertain… Ça donne une grande toile d’araignée, et donc une vaste inconnue sur la capacité de la gauche à dégager une dynamique métropolitaine. Où seront présents écologistes et Insoumis en dehors de Tours en 2020 ? Pour l’instant on ne sait pas trop. LFI travaille notamment sur St Pierre et Joué.

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