L’Île-de-France casse les prix des billets de train. Qu’est-ce qu’on attend pour l’imiter en Centre-Val de Loire ?

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Un billet de train Tours-Langeais : 16 minutes, 6€40, soit 40 centimes la minute. Ou 25 centimes le kilomètre pour ce trajet qui en fait 25. En face, avec la voiture, on met plus de temps mais il n’y a pas de péage. Cette dichotomie pourrait être de nature à rendre le train peu attractif comparé à la route alors qu’il est moins polluant. Ailleurs, sur Tours-Loches et Tours-Chinon, les billets de train coûtent 9€60 quand des bus qui font le même trajet sont à 3€20. Une distorsion également pénalisante pour le mode de transport le plus écologique.

Alors comment rendre le train plus populaire ? La région Centre-Val de Loire a bien essayé récemment de faire des travaux pour améliorer la ponctualité et la rapidité des TER sur Tours-Loches et Tours-Chinon. Elle en a profité pour augmenter un peu le nombre de rotations sur ces lignes, afin d’accueillir un peu plus de voyageurs. Des premiers pas indéniables qui ont nécessité des millions d’euros d’investissements mais ça ne suffit pas pour faire vraiment baisser la part modale de la voiture.

A long terme, le projet de RER métropolitain pourrait changer la donne avec des trajets plus fréquents, y compris en dehors des heures de pointe. Ce nouveau service sera-t-il assez attractif si les tarifs restent élevés ? Voilà une question qui mérite d’être posée.

Le débat est éternel. En cet été 2024, la décision de Tours Métropole de rendre le réseau de transport Fil Bleu gratuit en dessous de 11 ans a été assez unanimement saluée. En parallèle, l’augmentation de 4€ du pass tout public (utilisé par une minorité d’usagers, et souvent financée à 50% par leur employeur) a été décriée, sous prétexte qu’elle n’encourageait pas à prendre les transports en commun. On a alors vu des appels à rendre le réseau totalement gratuit pour les locaux comme le fait Montpellier, ou comme l’ont tenté Bourges et Châteauroux (avec un certain succès).

Après tout, pourquoi pas ? A chaque fois la mesure garantit des hausses de fréquentation, mais pas forcément le même nombre de voitures en moins. On observe aussi que des personnes qui marchaient se mettent aux transports. Pareil pour d’autres qui prenaient jusqu’ici leur vélo. Et puis surtout, rendre un réseau de transports gratuit signifie qu’il faut financer son coût autrement, soit par des impôts, soit en rognant sur d’autres budgets.

Ce constat effectué, pourquoi ne pas employer la méthode de l’Île-de-France ? Sa présidente – de droite – Valérie Pécresse vient d’annoncer qu’un ticket unitaire à 2€50 serait prochainement mis en vente et qu’il permettrait de se déplacer partout dans la région. C’est-à-dire qu’on paiera le même prix pour aller de la Tour Eiffel à Notre-Dame que du centre de Pais à Melun, aux confins de la Seine-et-Marne. 2€50.

Ce n’est pas la première fois que la région la plus peuplée de France casse les prix de ses transports. Il y a quelques années, le ticket de RER ou de Transilien avait déjà été plafonné à 5€, alors qu’il fallait parfois débourser 8 à 10€ pour se rendre en grande banlieue. Cette fois, il y aura certes une hausse du ticket de métro unitaire (de 2€15 à 2€50) mais avec un seul petit paiement on pourra faire bien plus de kilomètres, sans se soucier de problèmes de correspondances.

En Touraine, l’idée d’un abonnement unique pour les transports a déjà été évoquée dans la bouche de certains élus. Mais on peut aussi se demander légitimement si mener une politique semblable à l’Île-de-France ne serait pas une bonne solution. Harmoniser le prix des cars et des trains Rémi, par exemple, au moins à l’échelle d’un département, quitte à payer un surplus pour faire Tours-Blois ou Tours-Orléans, par exemple.

Le tarif réduit plutôt que la gratuité pour populariser les transports. Jusqu’ici, le Centre-Val de Loire a plutôt choisi la seconde option, avec les transports scolaires à 0€ qu’elle a été la première à mettre en place (incluant les voyages en train) mais aussi la gratuité le week-end pour les jeunes (là-encore avec un certain succès). En parallèle, elle propose régulièrement des opérations promotionnelles pour des événements comme les Journées du Patrimoine, les portes ouvertes d’universités ou le festival Terres du Son (les billets pour s’y rendre sont à 4€).

Le reste du temps, la tarification à la distance peut vite pénaliser les usagers occasionnels (plus de 20€ pour aller à Orléans ou Angers) allant jusqu’à créer une concurrence entre trains puisque des OuiGo, TGV ou Intercités se retrouvent parfois moins chers que les Rémi. On sait que même avec ces tarifs élevés, les voyageurs sont encore loin de payer le coût réel de leur transport (incluant les salaires des équipes SNCF, l’achat des trains, leur maintenance et l’entretien du réseau) mais quand on voit qu’il semble possible de faire de jolis coups en faveur d’un transport moins carboné au quotidien, on se dit qu’il y a peut-être une réflexion plus poussée à mener sur le sujet.

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